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Conflits Autour De L'exploitation Halieutique Du Fleuve Comoé Et De Ses Affluents PDF

16 Pages·2017·0.34 MB·French
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European Scientific Journal February 2017 edition vol.13, No.5 ISSN: 1857 – 7881 (Print) e - ISSN 1857- 7431 Conflits Autour De L’exploitation Halieutique Du Fleuve Comoé Et De Ses Affluents Aka Koffi Sosthène Docteur en géographie, Attaché de recherche au Centre de Recherches Océanologiques (C.R.O), Treichville, Abidjan-Côte d’Ivoire doi: 10.19044/esj.2017.v13n5p317URL:http://dx.doi.org/10.19044/esj.2017.v13n5p317 Abstract The purpose of this article is to identify the conflicts arising from the exploitation of the Comoé River. Côte d'Ivoire has a dense hydrography which is distinguished by four main rivers of which the Comoé River (1160 km) is one of them. This river area, which has always been exploited by the various villages bordering it, is perceived by the latter as their property. Thus, they ensure customary management in accordance with marked territories. The immense benefits of this river to village communities sometimes give rise to tensions and conflicts. What are the causes of these different types of conflicts with regards to the Comoé River? In other words, what are the conditions for their gestation? The objective of this study is to reveal the conflicts surrounding the fisheries exploitation of the Comoé River and to propose solutions for a sustainable fishery. This study is based on desk research and land surveys. It appears from the above that the exploitation of the aquatic area of the Comoé River generates sporadic conflicts. These conflicts arise mainly because of a poor implementation of the clauses of the contract between indigenous and non-native fishers, dominated by the monthly fee and the unhealthy practices of the actors. The management of these oppositions of interests is ensured by a traditional regulation, coupled with that of the administration when the situation is of great magnitude. Keywords: Côte d'Ivoire, Comoé river, conflicts, fisheries exploitation Resume L’objet de cet article est d’identifier les conflits issus de l’exploitation du fleuve Comoé. La Côte d’Ivoire dispose d’une hydrographie dense dans laquelle se distinguent quatre principaux fleuves dont le Comoé (1160 km). Cet espace fluvial, exploité depuis toujours par les différents villages qui le bordent est perçu par ceux-ci comme leur 317 European Scientific Journal February 2017 edition vol.13, No.5 ISSN: 1857 – 7881 (Print) e - ISSN 1857- 7431 propriété. Ainsi, ils assurent la gestion coutumière conformément à des territoires marqués. De ce fait, les multiples usages qui en sont faits par les communautés villageoises donnent lieu quelquefois à des tensions et conflits. Quelles sont les causes des différents types de conflits sur le Comoé ? En d’autres termes, quelles sont les conditions de leur gestation ? Cette étude a pour objectif de révéler les conflits autour de l’exploitation halieutique du fleuve Comoé et de proposer des solutions pour une pêche durable. La présente étude s’appuie sur une recherche documentaire et les enquêtes de terrains. Il apparaît au regard de ce qui précède que l’exploitation de l’espace aquatique du Comoé génère des conflits sporadiques. Ils surviennent surtout pour une mauvaise mise en pratique des clauses du contrat entre autochtones et pêcheurs allogènes, dominées par la redevance mensuelle et les pratiques malsaines des acteurs. La gestion de ces oppositions d’intérêts est assurée par une réglementation traditionnelle, couplée toutefois à celle de l’administration lorsque la situation est d’une grande ampleur. Mots-clés : Côte d’Ivoire, fleuve Comoé, conflits, exploitation halieutique Introduction et justification de l’etude Les conflits autour des plans d’eau et des terres font partie aujourd’hui des problématiques géographiques les plus remarquables. Cette situation est favorisée par l’évolution démographique. Le continent africain connaît depuis des décennies des foyers de tensions épars, basés sur des intérêts. Qu’il s’agisse des ressources du sous-sol ou des grands espaces aquatiques, leurs différentes formes d’exploitation sont des sources de divergences. Il peut y avoir à cet effet "des conflits ouverts actuels ou chroniques et être susceptibles de déboucher sur d’autres formes de conflits dans les années à venirʺ (Merlet, 2011, p.10). Les conflits se définissent comme des oppositions d’intérêts, d’opinions entre des États ou des individus. La théorie de Norem (1977) les organise en quatre groupes que sont les conflits relationnels, les conflits structurels, les conflits d’intérêts et les conflits de valeurs. Le type de conflits qui sied à l’étude est celui d’intérêts, car il se produit en cas d’incompatibilité entre les besoins perçus et les besoins réels. Ce type de conflit surgit souvent, suite à une incompréhension entre les gestionnaires des espaces et les utilisateurs. D’emblée, retenons que les droits de gestion des terres et des espaces aquatiques en Afrique sont des droits de transfert pour la plupart (héritage, legs). Á cet égard, les détenteurs sont des individus ou des communautés. Ainsi, "les terres comme les bordures des plans d’eau sont souvent habitées et exploitées depuis des générations, mais les habitants ne disposent pas de 318 European Scientific Journal February 2017 edition vol.13, No.5 ISSN: 1857 – 7881 (Print) e - ISSN 1857- 7431 documents formels attestant leurs droitsʺ (Merlet, 2011, p.27) parce qu’ils sont analphabètes pour la plupart. Et pourtant, il existe des textes sur l’utilisation des bordures des eaux et la navigation. En Côte d’Ivoire, l’espace aquatique et ses ressources font partie du patrimoine de l’État qui en détient le droit de pêche. Les eaux continentales sont souvent régies par des arrêtés interministériels, ministériels, ou encore des circulaires. En la matière, le plus important qui soit en rapport avec les fleuves date de 1984 (Arrêté interministériel n°001 du 8 octobre 1984) et porte sur l’institution d’un permis pour la pêche professionnelle dans les eaux intérieures. En son article 12, il stipule que les préfets et sous-préfets sont chargés de son application. Á travers les eaux intérieures de façon générale, "la pêche continentale offre ainsi la configuration la plus complexe avec une juxtaposition de communautés de pêches autochtones et de communautés de pêches étrangères qui entretiennent trop souvent des relations conflictuelles" (FAO, 2008, p.1.). Le Comoé dispose d’un potentiel halieutique notable. Les différentes espèces de poissons de son bassin versant s’évaluent à 76, constituées en 22 familles dont 11 espèces marines selon les études menées par Yao et al. (2005). L’on note cependant la présence d’une espèce importée (Hétérotis niloticus) et d’une espèce hybride (Tilapia guinéensis et Tilapia zillii). Les autres espèces se caractérisent par la présence de Mormydae et des Mochokidae. De ce fait, ce plan d’eau est soumis à une exploitation accrue par les populations d’origines diverses. L’espace halieutique du Comoé connaît des tensions quoique relatives d’un espace de pêche à un autre, avec divers motifs. Quelles sont les causes des différents types de conflits sur le Comoé ? En d’autres termes, quelles sont les conditions de leur gestation ? Cette étude ayant pour cible le Comoé et ses affluents a pour objectif de révéler les conflits autour de l’exploitation halieutique du fleuve Comoé et de proposer des solutions pour une pêche durable. Elle s’appuie sur une méthodologie de recherche. Methodologie de la recherche L’approche méthodologique utilisée pour atteindre les objectifs repose sur une recherche documentaire et des enquêtes de terrain. Au niveau du premier volet, les publications traitant les différents aspects des problèmes fonciers et les conflits sur les plans d’eau ont été exploitées. Les articles, les documents, les ouvrages de la FAO, les rapports de séminaires, de colloques, ont été d’un apport utile. Les écrits de Merlet (2011) et de Cormier-Salem (2000) abordant respectivement "les aspects liés au foncier et au droit de l’eau" et au mode "d’appropriation des ressources" ont été essentiels pour cerner les contours du sujet. Aussi, se révèle-t-il que cette 319 European Scientific Journal February 2017 edition vol.13, No.5 ISSN: 1857 – 7881 (Print) e - ISSN 1857- 7431 réalité conflictuelle est vécue dans la quasi-totalité des pays africains et aboutit souvent à une équation tridimensionnelle de conflit-prévention- résolution dans des aires géographiques bien définies et qui constituent le support physique, objet d’interprétation. L’enquête de terrain, quant à elle, privilégie le guide d’entretien pour interviewer les acteurs : les autorités administratives et coutumières, les responsables des services de pêche, les pêcheurs des localités visitées. L’appui des responsables départementaux, régionaux de pêche, des préfets et sous-préfets qui ont en charge la gestion des activités halieutiques sur le Comoé a permis de localiser les foyers de tensions. En outre, tous les villages qui le bordent ont été parcourus et les aspects se rapportant aux différents modes de gestion de l’espace aquatique et aux conflits ont été abordés singulièrement. Cette approche a permis de dénombrer les pêcheurs, de cerner les différents systèmes de gestion coutumière de chaque localité et d’identifier les causes des conflits. Par ailleurs, un accent particulier a été mis sur la compréhension des types de relations existant entre l’administration, les acteurs et les autochtones riverains. Des localités cibles de conflits ont donc été identifiées : Moossou, Abrotchi, Nianda, Yakassé-Comoé, Niablé, M’Basso Agni et M’Basso Attié. Les informations recueillies ont été traitées, analysées et révisées de commun accord avec les enquêtés. Aussi, une restitution était-t-elle faite aux différentes parties avant de quitter un espace de tension pour un autre. Cet article s’articule autour de 3 principaux points : ­ Présentation de la zone d’étude et des systèmes de gestion mis en place. ­ Types de conflits, causes et moyens de règlement. ­ Analyse des moyens de réglementation des conflits et esquisse de solutions pour une gestion durable de la pêche sur le Comoé et ses affluents. I/ Presentation de la zone d’etude et des systemes de gestion mis en place L’espace aquatique est par excellence un facteur de progrès économique compte tenu des activités développées et des emplois annexes induits. En effet, la présence d’un lac, d’un cours d’eau dans une région est importante pour le développement de diverses activités dont la pêche. Le Comoé n’échappe pas à l’empreinte des pêcheurs. Comment se présente cet espace aquatique à travers son bassin versant ? Comment les populations autochtones le perçoivent-ils ? Quel est le type de gestion adoptée ? 1-Présentation de la zone d’étude. Le Comoé (1160 km) est le plus long des fleuves de Côte d’Ivoire. Il dispose d’un bassin versant de 75 000km², à cheval sur les pays frontaliers, notamment le Ghana, le Mali, et le Burkina Faso. Il prend sa source au Burkina Faso à partir de deux principaux affluents que sont le Comoé dans la 320 European Scientific Journal February 2017 edition vol.13, No.5 ISSN: 1857 – 7881 (Print) e - ISSN 1857- 7431 région de Banfora et la Léraba à Sindou. Ces deux cours d’eau se combinent à la frontière ivoirienne pour donner naissance au grand fleuve Comoé dont la partie ivoirienne est longue de 900 km. Á l’image de tous les grands fleuves ivoiriens, le Comoé a une capacité renforcée par ses nombreux affluents, indispensables pour la pêche, surtout en période de crue, dont les plus connus au nombre de 9, du nord au sud : Kolonkoko, Bouin, Inrigou, Kongo, Segbono, Baya, Ba, Bêki, Manzan. Les figures 1 et 2 indiquent respectivement sa localisation et son bassin versant. Toutes ces branches concourent à le rendre puissant confirmé par son débit qui subit aussi la variation pluviométrique. Il se jette dans la lagune Ebrié où son embouchure constamment obstruée fait une particularité par rapport aux autres grands fleuves du pays. Figure 1 : Localisation de l’espace d’étude 321 European Scientific Journal February 2017 edition vol.13, No.5 ISSN: 1857 – 7881 (Print) e - ISSN 1857- 7431 Figure 2 : Bassin versant du Comoé 2-Mode de gestion ou d’exploitation du fleuve Comoé Les eaux ivoiriennes sont confrontées souvent à deux types de gestion : la gestion moderne régie par des textes, des lois et la gestion traditionnelle, l’œuvre des populations autochtones riveraines. Le mode de gestion des eaux intérieures selon les textes Le premier texte date du 24 août 1959 (loi n°59-111 du 24 août 1959) et la dernière du 2 décembre 2005 (loi n°2005-556 du 2 décembre 2005). Ces textes s’appliquent certes à toutes les eaux sur le territoire ivoirien, mais en particulier à la lagune et à la mer. Le volet continental est pris en compte de façon superficielle. Seul l’arrêté interministériel n°001 du 8 octobre 1984 porte institution d’un permis pour la pêche professionnelle dans les eaux intérieures. L’article premier souligne que, seuls les titulaires d’un permis auront accès aux eaux. Les articles 4 et 5, quant à eux, indiquent respectivement les pièces à fournir pour son obtention, et la fixation d’une plaque d’immatriculation. Les sous-préfets et préfets sont chargés de son application (article 12). L’arrêté ministériel n°087/HDR/DP du 4 février 1985, quant à lui porte sur la fixation des taxes relatives à l’exercice de la pêche professionnelle sur les eaux intérieures du domaine public ; tandis que 322 European Scientific Journal February 2017 edition vol.13, No.5 ISSN: 1857 – 7881 (Print) e - ISSN 1857- 7431 la décision n°105 Minefor/CAB/DPN-PPC-EP du 2 septembre 1988 se penche sur la qualité des engins, les dimensions des mailles réglementées à 35 mm et plus. La dynamique dans l’application des lois constitue un énorme problème. La réelle difficulté au niveau de la pêche vient des attributions. Les agents des services halieutiques sont des civils et n’arrivent pas à s’imposer sur le terrain. Dans l’ensemble, les eaux continentales n’ont pas connu une réelle politique de pêche, encore moins dans la gestion ; excepté les lacs issus de barrages hydro-électriques et agropastoraux. Sur le fleuve Comoé, le Ministère des Ressources Animales et Halieutiques agit à partir des représentations des services de pêche dont les agents résident dans les chefs-lieux de département. Ne disposant pas de moyens adéquats pour accomplir le travail, leur rôle se limite à la sensibilisation des pêcheurs pour œuvrer dans la légalité. Ils sont souvent appuyés par les préfets et sous- préfets. Malheureusement sur un effectif de 1543 pêcheurs, seuls 54 détiennent des licences (Aka, 2012). L’activité peut être qualifiée de clandestine. Les budgets souvent alloués aux différentes directions régionales et départementales leur parviennent tardivement et rend difficile la tâche à assumer. Une forme de gestion coutumière très animée rime avec cette gestion administrative quasi-ignorée des pêcheurs. 3-Le mode de gestion traditionnelle Le mode de gestion traditionnelle se résume aux conditions d’accès aux espaces aquatiques et d’exercice de l’activité de pêche. Sur le Comoé, chaque village riverain se réclame propriétaire d’un espace fluvial qui correspond à l’étendue de son territoire et y applique ses lois coutumières. Au demeurant, Brunet et al. (1992) définissent la notion de territoire en géographie comme étant "la projection sur un espace donné des structures spécifiques d’un groupe humain, qui influe sur le mode de découpage, d’aménagement et de gestion de cet espaceʺ. Ainsi "les zones de pêche qui prolongent les terroirs fonciers constituent des espaces délimités, appropriés, contrôlés par la communauté et gérés collectivement" (Adam, 2008, p.30). Cependant, en période de décrue au niveau des affluents, il existe des biefs auxquels les populations attribuent des noms en fonction de la proximité des exploitations agricoles, qui deviennent pour la circonstance des propriétés temporaires. Le droit coutumier se renforce. Dans la majorité des villages visités, tout pêcheur étranger à la communauté doit se faire identifier par les autorités villageoises, avoir un tuteur originaire du village pour un suivi de ses populations halieutiques, offrir une boisson forte pour sceller le contrat de pêche, prendre obligatoirement part au sacrifice annuel de mouton. Il lui est également demandé de fournir quelques belles pièces aux gestionnaires de l’eau et participer aux activités du village en cas de réalisation de travaux 323 European Scientific Journal February 2017 edition vol.13, No.5 ISSN: 1857 – 7881 (Print) e - ISSN 1857- 7431 d’utilité publique (écoles, dispensaires,…), d’évènements heureux (accueil d’une autorité) ou malheureux (décès). Á cela s’ajoutent le respect des interdits et le paiement d’une redevance mensuelle, élément fondamental du contrat qui évolue de 1000 F à 5000 FCFA. Tout bien considéré, les chefs de cantons, les chefs de villages et les différentes notabilités associées sont les vrais gestionnaires des espaces aquatiques. Ils imposent des règlementations qui constituent en fait des moyens de pressions. Les principes établis sont respectés, même s’ils sont dans certaines localités à l’origine des conflits. Ils sont suivis car les autorités villageoises sont plus proches des acteurs, dominés par les Maliens (54,74%), Ghanéens (22,16%) contre 19,25% d’ivoiriens (Aka, 2012). Pour les pêcheurs allogènes, le mode d’accès à la terre pour bâtir leur logis ou leur village obéit à des principes. Il faut obtenir au préalable une permission des autorités villageoises, suivie d’une petite libation, courroie de transmission entre les vivants et les morts. Toujours est-il que les locataires du nouveau village sont soumis à la règlementation du village-mère dont ils dépendent, l’enjeu étant important. Ce mode de gestion n’est pas spécifique au fleuve Comoé. Pliya (1985) en fait mention dans ses écrits sur les plans d’eau au Bénin, soulignant l’importance de la règlementation traditionnelle. Ainsi,"l’eau donne une assise et une influence à celui qui la possède" (Anoh, 2006). En somme, le mode de gestion traditionnelle est communément admis sur le Comoé et les riverains y sont attachés. Cependant, il n’exempte pas cet espace de diverses contraintes parmi lesquelles les conflits halieutiques figurent en bonne place. II/ Types de conflits, causes et moyens de leur reglement Les principales causes des conflits proviennent du paiement de la redevance villageoise, liant les autochtones aux allogènes et à un degré moindre aux allochtones. Á ce facteur se greffent les morts par noyade, les pratiques rituelles des pêcheurs maliens et d’autres actes antagoniques. 1-Les conflits dus à la remise en cause de la redevance villageoise. La redevance est fondamentale dans la gestion des activités de pêche. Elle fait partie des clauses de l’installation des pêcheurs non-ivoiriens dans la quasi-totalité des villages riverains du Comoé. C’est une somme d’argent exigée chaque mois, de chacun de ces acteurs par la communauté villageoise qui l’accueille. Le non-respect des clauses établies aboutit inexorablement à des conflits. En 2008, un conflit de ce type a opposé M’basso Agni et M’basso Attié, deux villages séparés par le Comoé et appartenant respectivement aux Sous-préfecture de Zaranou et d’Akoupé. Le conflit est survenu suite à une augmentation du montant de la redevance, passée de 1000 à 4000 Fcfa à 324 European Scientific Journal February 2017 edition vol.13, No.5 ISSN: 1857 – 7881 (Print) e - ISSN 1857- 7431 M’basso Attié. En effet, cette situation a provoqué le déplacement des pêcheurs allogènes installés dans cette localité vers M’basso Agni. Les Attié s’en sont alors pris aux pêcheurs allogènes et aux Agni pour leur avoir donné asile. Cette attaque a occasionné de nombreux dégâts humains et matériels. Au plan humain, 12 blessés graves ont été enregistrés dont 6 pêcheurs de nationalité malienne, 4 ressortissants de M’Basso Attié et 2 de M’Basso Agni. On dénombre également 8 pirogues et des pagaies détruites, des filets endommagés ou emportés. L’apaisement a nécessité l’intervention pendant une semaine des brigades de gendarmerie d’Akoupé et de Zaranou. La résolution de ce conflit a occasionné une rencontre à Zaranou à laquelle étaient conviés, outre les deux sous-préfets ayant la gestion des localités concernées, les chefs traditionnels Agni et Attié, les chefs des pêcheurs et les différents commandants de brigade. Les chefs des deux villages ont été mis en cause et reconnus comme responsables de cet affrontement pour n’avoir pas trouvé une solution préventive. Un compromis a par la suite été trouvé, celui de lever une redevance substantielle de 1500 FCFA/pêcheur/mois dans ces deux villages. Aussi, une prise en charge temporaire des blessés a-t-elle été évoquée. 2-Le conflit issu de mort par noyade. Pendant la période de crue, les morts par noyade sont fréquents chaque année à Bassam et ses environs. Un jeune Abouré de Moossou retrouvé mort dans le filet des Bozo serait à l’origine d’un conflit entre ces deux entités en 2009. Le peuple Abouré les aurait accusés de l’avoir tué pour des pratiques occultes annuelles. Les autorités saisies de l’affaire ont procédé à une autopsie qui a confirmé un assassinat au lieu d’une noyade. Á l’annonce du rapport médical, la réaction des Abouré a été spontanée et a obligé les pêcheurs Bozo à fuir les habitations. Figure 3 : Localisation des zones de conflits sur le bassin versant du Comoé. 325 European Scientific Journal February 2017 edition vol.13, No.5 ISSN: 1857 – 7881 (Print) e - ISSN 1857- 7431 Tous les villages Abouré ont d’un commun accord, par la suite décidé de l’expulsion des Bozo de leurs eaux (fleuve Comoé et Lagune Ebrié) pour des attitudes incommodes. Pour qu’il y ait une accalmie, les autorités administratives ont ordonné aux responsables des pêcheurs Bozo de se retirer des eaux au vu de la tension, afin de leur permettre de trouver une solution définitive. Ce conflit a eu des répercussions jusqu’en pays Attié (Alépé). C’est la raison majeure pour laquelle les Bozo sont absents du Comoé dans l’espace Moossou-Alépé. C’est encore un autre conflit en latence. Ce comportement semble être l’apanage des pêcheurs maliens pour une abondance des captures, car ce sont les mêmes raisons qui ont valu leur expulsion du lac Ayamé en 1998. "Chaque année, à la remontée des eaux, les autochtones meurent par noyade. Cela est l’une des principales sources de conflits entre les populations autochtones riveraines et étrangères sur ce lac" (Vanga, 2001, p.163) qui a d’ailleurs connu un rebondissement pour les mêmes pratiques et fétichismes en janvier 2012 (ONG-PDHRE-CI(1), 2012, p.44). Les espaces de tension sont précisés par la figure 3 ci-dessus. 3-Autres types de conflits. 3-1-Les conflits nés de l’usage de produits toxiques. Le Manzan est l’un des importants affluents de la rive droite du Comoé et marque dans l’espace Niablé, la limite d’État, support frontalier entre la Côte d’Ivoire et le Ghana sur une distance d’environ 10 km. Cet affluent a enregistré un conflit au mois d’août 1998. Du fait de sa localisation géographique, il est impérieux de soulever cet aspect pour permettre aux décideurs de trouver une solution définitive. Les peuples Agni de Niablé en Côte d’Ivoire et Ashante d’Osséikro au Ghana sont des agriculteurs dans cet espace. Cependant, en période de crue de la rivière Manzan, les employés des plantations (manœuvres) s’adonnent à l’activité de pêche. Une équipe de pêcheurs composée de burkinabé résidant au Ghana et quelques Awlan a empoisonné le Manzan à l’aide de produits toxiques agricoles dénommés D 6 (Deltamétrine), un insecticide. Cette pratique a endommagé la faune aquatique (poissons, écrevisses,…) sur un grand espace. Informé, le chef canton de Niablé a fait arrêter et molester certains coupables au nombre de 6. Il a tenu à avertir le Sous-préfet d’alors de Niablé, ainsi que les autorités coutumières et le représentant de l’administration d’Osséikro. Après constat et concertations, les autorités ont laissé la latitude aux chefs coutumiers frontaliers de cet espace dont la sagesse les a conduits à une résolution pacifique et durable. (1) PDHRE-CI = People’s movement for Human Right Education Côte d’Ivoire (Mouvement des Peuples pour l’Education aux Droits Humains de Côte d’Ivoire). 326

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aquatique du Comoé génère des conflits sporadiques. importée (Hétérotis niloticus) et d'une espèce hybride (Tilapia guinéensis et. Tilapia zillii).
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