La place de la grammaire dans l’enseignement/apprentissage du FLE (en particulier en FOS) Natalia Youssef To cite this version: Natalia Youssef. La place de la grammaire dans l’enseignement/apprentissage du FLE (en particulier en FOS). De l’enseignement DU français à l’enseignement EN Français en contexte universitaire, Nov 2010, Damas, Syrie. halshs-00664169 HAL Id: halshs-00664169 https://shs.hal.science/halshs-00664169 Submitted on 29 Jan 2012 HAL is a multi-disciplinary open access L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est archive for the deposit and dissemination of sci- destinée au dépôt et à la diffusion de documents entific research documents, whether they are pub- scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, lished or not. The documents may come from émanant des établissements d’enseignement et de teaching and research institutions in France or recherche français ou étrangers, des laboratoires abroad, or from public or private research centers. publics ou privés. La place de la grammaire dans l’enseignement/apprentissage du FLE (en particulier en FOS) Natalia YOUSSEF Université de Cergy-Pontoise France Résumé : Partant du postulat « Il ne faut pas enseigner la grammaire pour la grammaire », nous focalisons l’attention sur la formation des étudiants en Français sur objectifs spécifiques. Cette formation exige une nouvelle technique adaptée aux besoins des étudiants qui apprennent la grammaire du français pour s’en servir dans la vie quotidienne, dans l’accomplissement des tâches administratives, dans les laboratoires de recherche et dans la rédaction de la thèse. Pour répondre à ces besoins nous élaborons 2 thèmes l’aspect et l’emploi du mode subjonctif. L’enseignant doit varier les exemples et choisir des exercices sur mesure qui répondent aux besoins des apprenants cas par cas. Dans cette perspective, l’apprenant devient actant en cherchant ce dont il a besoin, ce qui favorise l’auto-apprentissage. Mots clés : FOS, grammaire, aspect, subjonctif. 1 1- Introduction Durant ma carrière dans l’enseignement du FLE à l’université de Damas, la recherche que j’avais mené sur les méthodes de grammaire adoptés au département de langue et littérature française et sur les manuel de FLE adoptés à l’université de Damas, le test de grammaire portant sur le subjonctif que j’avais fait et les discussion que j’avais mené avec des doctorants syriens en France, j’ai remarqué une certaine faiblesse dans l’enseignement de la grammaire dans les universités syriennes. C’est la raison pour laquelle je propose, dans cette communication, une nouvelle approche sur l’aspect ensuite, je l’applique au subjonctif. Avant d’aller plus loin, il nous faudrait présenter quelques notions qui pourront être utile dans l’acheminement de la recherche telles que le FOS, la grammaire en FOS... 2- Le FOS La distinction entre français de spécialité et FOS recouvre, sur les plans institutionnel et didactique, les deux approches [...] : celle qui relève de l’offre et celle qui relève de la demande. La première est une approche globale d’une discipline ou d’une branche professionnelle, ouverte à un public le plus large possible. [...] Le FOS, à l’inverse, travaille au cas par cas, ou en d’autres termes, métier par métier, en fonction des demandes et des besoins d’un public précis. (Mangiante et Parpette, 2004, p. 17). Selon cette perspective, nous retiendrons que l’enseignement du français dans les facultés et départements (hors littérature française, anglaise...), c’est du français de spécialité par ce qu’il est destiné à un public défini : français médical, français juridique, français des affaires... Alors que l’enseignement proposé à l’ISL dans les cours adressés aux boursiers, c’est du FOS à cause de l’hétérogénéité du public appartenant à des filières différentes. Quel est donc le profil de l’enseignant en FOS ? 2-1- L’enseignant en FOS Un enseignant de français juridique ou de français médical est un enseignant de langue non pas un juriste ou un médecin. Par ailleurs, à l’université de Damas, à partir de la 3ème année, les enseignants du français sont des spécialistes du domaine : médecins, juristes.., ils sont capables de répondre à toutes les questions des apprenants relevant de la discipline, et de sélectionner en connaissance de cause les sujets à aborder. C’est donc le traitement des contenus et non celui de la langue qui est privilégié. Ces enseignants n’ont pas une méthodologie d’enseignant de langue. Généralement, cela n’aboutit pas à un cours de FOS, mais à un enseignement disciplinaire en français. Or un cours de médecine en français n’est pas un cours de français médical. Le premier ayant pour objectif la maîtrise des notions médicales alors que le deuxième vise la maîtrise de la langue nécessaire à l’appréhension des notions. Un apprenant en FOS a besoin du lexique et des notions linguistiques. Ceci demande la formation des enseignants du français dans des domaines très définis. Le programme de FOS ne se substitue pas à ce que serait une formation dans la discipline : le cours de français de l’économie n’est pas un cours de sciences économiques et n’a pas, a priori, à traiter de notions économiques nouvelles pour les apprenants. [...]. L’attitude la plus cohérente consiste à traiter en français les notions qu’ils maîtrisent déjà dans leur langue maternelle. (Carras et al., 2007, p. 145). Le profil des enseignants du français au-delà de la 2ème année ne correspond pas au profil de l’enseignant du FOS. 2 L’objectif du cours du FOS doit répondre aux besoins des étudiants de l’université de Damas. Mangiante et Parpette disent à ce propos : « Le grand intérêt du FOS sur le plan méthodologique réside, à notre sens, dans la cohérence, le lien explicite qu’il établit entre besoins des apprenants et objectifs de cours. » (Mangiante et Parpette, 2004, p. 158). Dans cette perspective et selon la politique pédagogique de l’université de Damas : Peut-on transformer les cours de français de spécialité en cours de FOS ? Est-ce que nous avons les moyens (pédagogiques et financiers) de former des enseignants en FOS ? Est-ce que ces enseignants sont capables de créer les outils pédagogiques (ce qui demande un travail d’équipe) ? Est-ce que nos apprenants sont capables de s’auto-former ? Nous avons déjà dit qu’un enseignant en FOS doit être, en premier lieu, un enseignant en FLE. Il explique sa leçon en passant par des règles grammaticale, c’est pourquoi nous consacrerons la partie suivante à la grammaire. 2-2- La grammaire en FLE et en FOS Pour apprendre le français il faut passer par la grammaire. C’est en pratiquant des activités grammaticales que l’on apprend implicitement des notions grammaticales. Ces règles de grammaire permettent à l’apprenant de produire dans cette langue. Par ailleurs, elles ne valent rien si elles n’ont pas été appliquées ainsi elles sont vite oubliées. Gérard VIGNER dit à ce propos : « Toute personne capable de maîtriser les règles de bonne formation de la phrase dans une langue donnée sera ainsi capable de produire toutes sortes de phrases. » (Vigner, 2004, p. 36). Il rajoute plus loin : « On ne peut produire spontanément des formes correctes dans une langue sans l’acquisition des règles qui en organisent la production. » (Vigner, 2004, p. 101). On apprend la grammaire pour s’en servir. Un étudiant en droit ne peut pas comprendre un texte juridique s’il ne maitrise pas la grammaire française. Un médecin ne peut pas communiquer en français avec un patient s’il ne maîtrise pas la grammaire française... Une grammaire ne se limite pas à la description, la plus rigoureusement, la plus scientifiquement conduite d’une langue, c’est-à-dire les principes et règles qui en expliquent l’usage. Une grammaire a aussi pour objectif de préciser les conditions d’un emploi correct d’une langue, qu’elle soit parlée ou écrite. Toute grammaire comprend une dimension prescriptive qui rappelle les règles et conventions auxquelles on doit se soumettre si l’on veut produire des phrases / énoncés acceptables dans une langue donnée. Ici, grammaire et visée pédagogique sont étroitement associées. (Vigner, 2004, p. 15). D’un point de vue linguistique, BEACCO et al disent : Par grammaire, on désigne souvent les études scientifiques produites dans l’espace de la recherche (universitaire, le plus souvent) qui ont pour projet de proposer des descriptions et des « principes » des fonctionnements du langage et des langues : ce sont des constructions théoriques, qui ne se bornent pas à enregistrer la « réalité » langagière, mais qui en proposent une représentation épistémologiquement contrôlée. » (Beacco et al., 2010, p. 15). Toutefois, l’enseignant doit savoir gérer cet enseignement, il ne doit pas transformer son cours en cours de grammaire. Ceci ne se pratique que dans le département de langue et littérature française. De manière générale, celui ou celle qui se rend en classe de langue ne le fait pas pour assister à des leçons de grammaire ou devenir grammairien. Il (ou elle) le fait pour apprendre à faire usage du français et découvrir de la sorte une langue dotée de propriétés particulières qui sont en plus ou moins grand écart avec la sienne. Pour ce faire, l’enseignant responsable du cours va mettre en place un dispositif assez complexe qui va permettre à l’élève de se familiariser avec les usages et formes de cette langue. Avec l’aide du professeur, de manuels, de dictionnaires, de grammaires, l’élève va tenter de repérer, dans les énoncés entendus, s’il s’agit d’un dialogue, un certain nombre d’éléments sonores 3 qu’il va tenter d’articuler en constituants lexicaux, syntaxiques, entre lesquels il va observer des phénomènes de variations bref qu’il va s’efforcer de grammaticaliser. (Vigner, 2004, p. 17). Cette approche favorise l’auto-apprentissage chez nos apprenants. L’enseignant remplit le rôle du guidage et l’étudiant devient acteur de son apprentissage. Cette nouvelle technique demande de la part de l’étudiant d’apprendre à apprendre : « Apprendre une langue, c’est s’approprier un « comment faire pour » comprendre, parler ou écrire, et non pas de nouvelles connaissances (savoir faire). » (Courtillon, 2002, p. 107). L’étudiant est donc invité à apprendre à comprendre et à produire des énoncés écrits et oraux. 2-3- L’influence de la langue maternelle et des langues étrangères En apprenant le français, l’étudiant syrien applique inconsciemment les règles de la langue arabe ou de l’anglais (s’il la connaît) sur le français. L’apprenant en français (langue cible) dans un milieu universitaire se base souvent sur la grammaire de sa langue maternelle (langue source) ou d’une langue étrangère première ou seconde. « Un élément présent dans des langues précédemment acquises est un meilleur candidat pour le transfert lors de l’apprentissage de la langue nouvelle. (Véronique, 2009, p. 29). Toutefois, l’étudiant doit être sensible à la particularité de chaque langue. Nous ne pouvons pas appliquer systématiquement les règles d’une langue sur une autre. Les étudiants boursiers qui connaissent bel et bien l’anglais peuvent facilement rapprocher cette langue du français et bénéficier de plusieurs règles grammaticales, c’est le cas par exemple de la construction de la phrase ayant dans les deux langues le même ordre SVC, alors que pour l’arabe l’ordre est VSC. Par ailleurs, l’étudiant peut établir, assez rarement, un rapprochement entre le français et l’arabe comme par exemple le cas de l’accord de l’adjectif. Après cet aperçu général, nous aborderons les deux thèmes principaux de cette étude : l’aspect et le subjonctif. 3- Nouvelle technique de l’enseignement de l’aspect Pour aborder le thème de l’aspect il faut passer par le système verbal. Le système verbal, c’est l’association des trois catégories : le mode, le temps et l’aspect. 3-1- Le mode TESNIERE définit la catégorie du mode comme suit : La catégorie du mode est le reflet de l’attitude psychologique du sujet parlant vis-à-vis du procès qu’il exprime par le verbe. Ces attitudes étant susceptibles d’être très variées et surtout très nuancées, la classification des modes est chose délicate, et il est naturel que les grammairiens n’aient pu en faire une théorie rigoureuse. (TESNIERE, 1959, 1988, p. 428). VERONIQUE définit la modalité comme suit : Historiquement, ont été qualifiés de modalités, selon les catégories de la logique ancienne, les concepts du possible, du nécessaire et du réel. Puis se sont ajoutées des modalités qui prennent en compte des considérations sémantiques et pragmatiques. Il s’agit principalement de la modalité épistémique, de la modalité appréciative et des modalités intersubjectives. (Véronique, 2009, p. 150). 4 3-2- Le temps BENVENISTE voit dans les temps des verbes français plusieurs paradigmes : L’ensemble des formes personnelles du verbe français est traditionnellement réparti entre un certain nombre de paradigmes temporels dénommés « présent », « imparfait », « passé défini », etc., et ceux-ci à leur tour se distribuent, selon les trois grandes catégories du temps : présent, passé, futur. (BENVENISTE, 1966, p. 237). Toutefois, ce n’est pas le temps du verbe qui détermine le temps réel du procès, ce sont les informations temporelles grammaticales et lexicales, exprimées par les adverbes et les connecteurs qui le font. Ex : J’ai fini dans quelques minutes. Au fait, il y avait quoi, demain, au cinéma ? Ces deux productions très courantes, plutôt à l’oral, peuvent commuter avec les deux énoncés J’aurai fini dans quelques minutes et Il y aura quoi, demain, au cinéma ? En réfléchissant sur ce phénomène, l’étudiant syrien le trouve dans la grammaire arabe : l’accompli peut exprimer un présent ou un futur et l’inaccompli peut exprimer un passé. Ex : / lam jara:ka ʔaħad / (Personne ne te voit) dans le sens de Personne ne t’a vu. / wa ʔiða qa:la lla:hu… / (Si Dieu disait…) dans le sens de Si Dieu dira … (le jour du jugement) Cela signifie que ce sont les compléments circonstanciels qui nous ont orientés vers les temps des énoncés, non pas les temps verbaux eux-mêmes. Ce rapprochement facilite l’apprentissage de la grammaire française. 3-3- L’aspect Les arabophones ne sont pas sensibles à la notion de l’aspect, cependant la langue arabe est une langue aspectuelle. Tous les temps verbaux partent de l’accompli et de l’inaccompli que l’on appelle respectivement le passé et le présent. La notion de l’aspect n’est pas abordée dans les manuels du FLE, non plus dans les grammaires FLE. Dans Sémantique de la temporalité en français, GOSSELIN définit l’aspect comme suit : La catégorie de l’aspect se décompose en aspect lexical et aspect grammatical. L’aspect lexical correspond au type de procès (activité, état, accomplissement...) exprimé par le lexème verbal et son environnement actanciel [...]. L’aspect grammatical définit le monde de présentation du procès (accompli, inaccompli, itératif...) tel qu’il est indiqué essentiellement par les marques grammaticales (temps morphologique, semi-auxiliaires, adverbes d’aspect...). (GOSSELIN, 1996, p. 10). Et dans Temporalité et modalité, il définit les deux types d’aspect comme suit : 5 L’aspect lexical correspond au « type de procès » marqué par le verbe et son environnement actanciel. Il s’agit du procès tel qu’il est « conçu », alors que l’aspect grammatical définit la façon dont il est « montré/perçu ». (GOSSELIN, 2005, p. 254). HAILLET définit l’aspect comme suit : [...], pour préciser quel sens on donne ici au terme aspect, on avancera – [...] – qu’il est possible d’envisager pour un objet donné, indépendamment de tel ou tel énoncé qui le représente, sa borne initiale (ou son début), sa borne finale (ou sa fin) et une phase médiane (sa durée) entre les deux bornes. Or, en discours, ces bornes peuvent être ou ne pas être représentées. (HAILLET, 2007, p. 66). HAILLET illustre cette idée par les exemples suivants : Max est absent. Max était absent. et Max sera absent. Le 1er énoncé situe son objet comme contemporain, le 2ème le situe dans le passé et le 3ème le situe dans l’avenir. Ces énoncés ne représentent ni la borne initiale ni la borne finale de leur objet. Après avoir évoqué une idée globale sur l’aspect, focalisons l’attention sur les deux types d’aspect. 3-3-1- L’aspect lexical Plusieurs travaux sur l’aspect lexical s’inspirent des classifications proposées par le linguiste Zeno VENDLER. Dans Linguistics in philosophy (1967), il distingue quatre classes aspectuelles : les états, les activités, les accomplissements et les achèvements. Parmi ces travaux nous citons la théorie de GOSSELIN. GOSSELIN appelle les classes aspectuelles types de procès et il utilise trois critères (GOSSELIN, 2005, p. 35) : a) Le type de bornes : intrinsèques pour les procès téliques (borné) et extrinsèques pour les procès atéliques (non-bornés). b) Les relations entre bornes : ponctuels ou non-ponctuels. c) Le changement de l’intervalle du procès : série de changement, absence de changement ou changement atomique. GOSSELIN redéfinit les classes de VENDLER comme suit (GOSSELIN, 1996, p. 41) : 1) Les états sont [- dynamique], [- borné], [- ponctuel] ; ex. : être fatigué, savoir quelque chose, aimer le chocolat, etc. 2) Les activités sont [+ dynamique], [- borné], [- ponctuel] ; ex. : marcher, courir, regarder un tableau, etc. 3) Les accomplissements sont [+ dynamique], [+ borné], [- ponctuel] ; ex. : manger une pomme, rentrer chez soi, courir 100 mètres, etc. 4) Les achèvements sont [+ dynamique], [+ borné], [+ ponctuel] ; ex. : apercevoir un avion, sursauter, atteindre un sommet, etc. 6 Type de procès figure configuration état nécessaire absence de bornes état (absence de changements) état contingent bornes extrinsèques état (absence de changements) activité bornes extrinsèques séries de changements accomplissement bornes intrinsèques séries de changements achèvement bornes intrinsèques changement atomique Tableau 1 Types de procès selon Gosselin (GOSSELIN, 1996, p. 56) Selon cette théorie, les bornes ne sont pas représentées pour l’inaccompli (cf. exemples supra). Elles sont représentées pour l’accompli et pour l’aoriste mais de deux manières différentes. 3-3-2- L’aspect grammatical GOSSELIN définit l’aspect grammatical comme : « La relation entre l’intervalle de référence et l’intervalle du procès. » (GOSSELIN, 1996, p. 20). Il distingue quatre aspects de bases en français (GOSSELIN, 2005, p. 36) : 1) L’aspect aoristique (perfectif) : « Le procès est montré dans son intégralité (les deux intervalles coïncident). Ex. : Il traversa le carrefour. » I 1 II B1 B2 Figure 1 L’aspect aoristique 2) L’aspect inaccompli (imperfectif) : « ne présente qu’une partie du procès (l’aspect sécant) : l’intervalle de référence est inclus dans celui du procès, les bornes initiale et finale ne sont pas prises en compte. Ex. : Il traversait le carrefour. » 1 (I, II) : intervalle de référence. (B1, B2) : intervalle de procès. 7 B1 I II B2 Figure 2 L’aspect inaccompli 3) L’aspect accompli : « montre l’état résultant du procès. Ex. : Il a terminé son travail depuis dix minutes. » B1 B2 I II Figure 3 L’aspect accompli 4) L’aspect prospectif : « en présente la phase préparatoire. Ex. : Il allait traverser le carrefour. » I II B1 B2 Figure 4 L’aspect prospectif L’aspect lexical et l’aspect grammatical interagissent dans la construction du sens de l’énoncé. C’est l’aspect grammatical qui nous intéresse le plus dans notre étude du fait qu’il concerne l’accomplissement et le non-accomplissement du procès. Voyons comment l’aspect fonctionne dans les temps verbaux. Prenons à titre d’exemple : l’imparfait, le passé simple et le passé composé. 3-3-2-1- Le trait imperfectif de l’imparfait GOSSELIN, dans son modèle, explique son point de vue sur l’imparfait : L’imparfait est un temps absolu du passé. L’intervalle de référence est antérieur à celui de l’énonciation. L’imparfait renvoie donc typiquement à un moment du passé pendant lequel le procès se déroule, sans préciser la situation temporelle du début et de la fin du procès. Ce temps apparaît non autonome (anaphorique) et situe le procès comme simultané par rapport à d’autres procès du contexte, et comme se déroulant en un même lieu. Exemple : Il faisait très chaud. Marie prit un bain. (GOSSELIN, 1996, p. 199). HAILLET dit à son tour : 8 L’aspect et la temporalité de l’imparfait correspondent à une manière spécifique de mettre en scène l’objet correspondant : ses bornes ne sont pas représentées [...] et il se trouve situé dans la portion du temps antérieure au maintenant du locuteur. (HAILLET, 2007, p. 76). Nous retiendrons que l’imparfait est toujours imperfectif et l’intervalle de référence est toujours borné. 3-3-2-2- Le trait perfectif du passé simple et du passé composé Le passé simple est un temps du passé, antérieur au moment de l’énonciation et disjoint de ce moment-là. Il présente le procès sous l’aspect aoristique. Il est autonome, ponctuel, inchoatif, il situe le procès dans le passé non immédiat et marque la succession des procès. Ex (GOSSELIN, 1996, p. 197) : Pierre ouvrit la fenêtre et regarda dehors. Le passé composé est un temps composé, il est formé d’un auxiliaire (être / avoir) + le participe passé. Le passé composé est en relation avec le présent puisque l’auxiliaire est conjugué au présent, c’est pourquoi certains considèrent le passé composé comme un présent accompli. Au passé composé le procès est représenté comme antérieur au moment de l’énonciation. Le passé composé présente le procès sous l’aspect accompli. Il est autonome, ponctuel, inchoatif et il est en relation de succession avec les procès accomplis qui le précèdent. Le passé simple et le passé composé sont deux temps perfectifs parce que les bornes du procès sont représentées. En se référant à BENVENISTE, GOSSELIN souligne la première différence entre le passé composé et le passé simple, le premier étant un temps du discours et le deuxième étant un temps du récit historique, ensuite, en se basant sur son modèle, il dit : Avec le passé simple, le sujet regarde un procès passé, indépendamment de ses conséquences ultérieures, tandis qu’avec le passé composé, le sujet porte son regard à la fois sur le procès passé et sur la situation qui en résulte dans le présent. (GOSSELIN, 1996, pp. 206-207). Il illustre cette idée par les exemples suivants : Luc mangea une pomme. Et Luc a mangé une pomme. Dans la première, l’événement est représenté comme coupé du maintenant du locuteur, alors que dans la deuxième, le passé composé montre l’événement en rapport avec le moment de l’énonciation. La différence entre le passé simple et le passé composé concerne la manière de représenter la borne finale de l’objet. Cette façon d’expliquer l’aspect facilité la compréhension de cette notion aux étudiants syriens. 4- Nouvelle technique de l’enseignement du subjonctif 4-1- L’emploi du subjonctif Il s’emploie dans plusieurs situations : 9
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