Colloque Traction Animale « Traction Animale : perspectives techniques, économiques et scientifiques » A l’occasion de la Route des Vins et du Comté Samedi 26 août 2006 de 16h à 18h30 Au Musée Relais de Levier Déroulement : Introduction : Jean-François COTTRANT (Haras Nationaux) puis Jean-Louis CANNELLE (Association de Promotion du Trait Comtois) p. 5 1) Deux projets à l’étude : problématiques logistique, matériel, chevaux et cahiers des charges (cid:1) Monsieur CANON : association d’éducation à l’environnement et ferme pédagogique (exploitation en région parisienne de 11 salariés), réflexion sur le remplacement d’un vieux tracteur par l’utilisation d’un cheval de trait (cahier des charges en cours d’élaboration avec les Haras nationaux, recherche de financeurs, …) p. 7 (cid:1) Monsieur RECHER (DEFI CAUX) : réflexion sur l’acquisition d’un avant-train motorisé p. 8 2) Deux exemples d’utilisation intégrée : orienté vers le matériel et le technico- économique (rentabilité des chevaux) (cid:1) Manu DE MEULENAER (Brasserie Palm, Belgique) p. 9 (cid:1) Henri SPYCHIGER (exploitant en Suisse) p. 15 Quelques pistes de développement : Luc DELAS (Equiterra) p. 16 3) Historique : Jean-Jacques MARQUART p. 17 Technique : Constructeurs de matériel Kurt OHRNDORF p. 22 Charlie PINNEY représenté par Pit SCHLECHTER p. 24 Questions-débat p. 33 Financement : FIVAL : Frédéric DESCROZAILLE représenté par Pierre PASDERMADJIAN p. 34 COST des Haras nationaux représenté par Daniel LAGNEAUX p. 37 Conclusion : Pit SCHLECHTER (FECTU) p. 38 Annexes p. 42 Pour en savoir plus p. 49 Les intervenants : CANNELLE J Louis Association de Promotion du Trait Comtois - HIPPOTESE CANON Benjamin Association Ville Campagne COTTRANT J François Délégué Traits et Anes des Haras nationaux DE MEULENAER Manu Brasserie Palm (Belgique) DELAS Luc Equiterra MARQUART J Jacques Historique de la Traction Animale OHRNDORF Kurt IGZ (Allemagne) PASDERMADJIAN Pierre FIVAL - Président de France TRAIT RECHER J Pierre DEFI CAUX SCHLECHTER Pit FECTU (Luxembourg) SPYCHIGER Henri Equipe Franche-Montagne et exploitant agricole (Suisse) Etaient présents : ARDEUEN France Confédération Paysanne BOBILLIER J Paul Président de l'Association Nationale du Cheval de Trait Comtois BORNARD Denis Franche-Comté Poney BOUGEL Sophie France TRAIT CANON Marie Association Ville Campagne CHAGNEAU J Paul utilisateur en vigne CHAPUT Gérard Syndicat Eleveurs de Traits du 63 CLUZEL Sandra utilisatrice COURTHIADE Olivier Technicien FNAM + Ecole des Mulets DE BROCA Marie ANCTC DESORT Fabrice Parc Naturel Régional Scarpe-Escaut DROUHARD Myriam Archives Départementales du Doubs FADY Denis Hippotese FONTANA Sylvie Hippotese FONTROBERT Christian CFPPA Noirétable GALLET Pierre Hippotese GARCIA Maria MAP/Sous Direction du Cheval GREFF Nicolas Prestataire de service avec des mules (38) GUERINI Céline Les Haras nationaux HEROLD Peter IGZ Allemagne JACOBS Paul ADODANE (Belgique) JUNG Jutta IGZ Allemagne KIELBASA Agnès La Terre de Chez Nous KUHLMANN Philippe Ecomusée Alsace - Attelage de bœufs LABORY Astrid Chambre Régionale d'Agriculture (Franche-Comté) LAGNEAUX Daniel COST - Délégué Régional Bourgogne Franche-Comté des Haras nationaux LANNE Sylvain Maison du Val d'Azun (65) LECLERE Laurent Traits de Génie MAES Luc Les Jardins du Buech / CIVAM TA MOUSNY Marc CECD (Comité Européen des Chevaux de Débardage) NARBEY Bernard Mémoire de l'agriculture comtoise OHRNDORF Petra IGZ Allemagne POUCET Serena Délégation Régionale Bourgogne Franche-Comté des Haras nationaux REVERSAT Jacques ANCTC RISCO François Délégation Régionale Champagne-Ardenne des Haras nationaux ROVILLE Bruno CFPPAF de Mirecourt STIEGLER Audrey utilisatrice VIELLESCAZE Anne Laure cocher d'attelage 3 Ainsi que : ANTOINE Alain HOUERIE Claude BARBEDIENNE Véronique JACQUET Eric BAZET Gaëlle LAMBLOT Laurent BENEUX Nicolas LYS Jean Vianney BEURET Raphaëlle MICLO J Claude BEYL Gilbert MORGENTHALER Laurent BIALADE Serge PALLIER Isabelle CATTIN Michel PILLOUD Philippe CHILOUP Sarah RAY-GALIAY Emmanuelle COUVET Marie-Laure SAUTONNA Marcel DE MEULENAER Dominique SCLECHTER Marie-Jeanne DESOBRY Pierre SEUILLOT Pierre DUCROUX Christian SOUQUET Luc DUJARDIN Hélène STEMBERGER Carlo DUPERRAY Fabien TAILLAND Thierry DUPERRAY Sylvie THOMAS Samuel FAURE Christian THUEUX Jean-Michel FOUHON TOURNIER Eric GLEYZE Magali WAGENER Paul GUYON Marie-Claude HENRIOT Laurence Au total, plus de 90 personnes étaient présentes à ce colloque ! 4 INTRODUCTION Après les deux jours de la manifestation Route des Vins et du Comté et les démonstrations qui ont été effectuées sur le site, l’objectif est de dresser des perspectives d’avenir au-delà de cet évènement éphémère. Comment le cheval de manière générale peut-il être utile ? Cette réflexion s’inscrit dans une perspective mondiale où actuellement beaucoup d’agriculteurs utilisent la traction animale au moyen de chevaux ou de boeufs.* Jean-François Cottrant : Délégué Traits et Anes des Haras nationaux ; Introduction sans complaisance et volontairement provocatrice (Cf. annexes pages 41 à 47) En France, on parle de la traction animale, mais il y a peu d’exemples pratiques. De plus parmi ces exemples on trouve beaucoup de démonstrations mais peu de projets durables. Il s’agit souvent plus d’un concept que d’une réalité. Le nombre de prestataires de service est restreint: une centaine depuis environ 15-20 ans. La traction animale dérange, elle n’est plus dans les habitudes. Elle séduit mais n’est pas dans l’air du temps politique. Ainsi, pour le travail en forêt, toutes les politiques nationales passent par de nombreuses aides à la mécanisation. Si on l’envisage sous son axe social, la traction animale est une activité de main d’œuvre. En effet, le plus souvent, un cheval au travail équivaut à un emploi. La recherche sur la traction animale est surtout développée aux Etats-Unis via la communauté des Hamishs. Pourtant, elle s’inscrit parfaitement en agriculture dans les systèmes particuliers où le paysan veut maîtriser ses coûts d’énergie (circuits courts, agrobiologie). Actuellement, la France s’est engagée à diminuer son utilisation des énergies fossiles d’où l’orientation vers les bioénergies et la traction animale. Pour l’instant, seules les bioénergies sont à l’honneur, la traction animale soufre de son une image passéiste, elle n’est d’ailleurs quasiment plus abordée dans les formations. Au vu de ce constat quelque peu alarmant, la question posée aux différents intervenants est : Quel est l’avenir de la traction animale dans le contexte énergétique actuel ? Présentation des différents intervenants 5 Jean-Louis Cannelle : Président de l’Association de Promotion du trait Comtois ; Analyse de l’utilisation de la traction animale dans les pays européens Ce colloque vise à mettre en lumière les nouvelles utilisations du cheval. Contrairement à ce que beaucoup pensent, la situation est à peu près la même dans tous les pays industrialisés : les promoteurs de la traction animale sont victimes de leur aspect passionnel et en oublient les aspects économique et scientifique de son utilisation. Avec le CERRTA (Centre Européen de Ressources et de Recherche en Traction Animale), dans chaque démarche d’utilisation du cheval par une collectivité, on est souvent pris par l’urgence en raison d’un financement ponctuel qui conduit à des projets bancals. Actuellement, il n’existe aucun financement de l’Etat pour une véritable recherche scientifique sur le sujet. Le matériel utilisé est souvent vendu par un passionné qui commercialise son prototype. Alors que pour la mise au point d’une racleuse, qui est la base de la traction animale, il a fallu 11 prototypes. Sur le village Traction Animale de la Route des Vins et du Comté, est exposé une des charrues GARNIER qui porte le numéro 130, hors actuellement nous en sommes au numéro 5178. C’est dire le travail nécessaire pour mettre en place du matériel performant. Les projets qui échouent le doivent souvent à une gestion trop passionnée du sujet : combien de collectivités mettent un financement ponctuel sur un projet, sans cahier des charges défini de l’utilisation, sans formation des meneurs, sans vision ni financement durable ? 6 DEUX PROJETS A L’ETUDE Benjamin Canon, Directeur de l’association Ville-Campagne Colloque traction animale – Levier – 26 août 2006 Introduction d’un cheval de trait dans l’activité de la ferme pédagogique d’Ecancourt. L’Association Ville Campagne Cergy Vexin, installée en périphérie de Cergy Pontoise, développe depuis plus de 25 ans une importante activité d’éducation à l’environnement et au monde agricole. Pour cela l’association dispose d’une ferme pédagogique, avec une réelle activité de production entièrement commercialisée en vente directe. Le cheptel est composé de près de 50 animaux dont chèvres, brebis, vache, âne et porc complétés par des lapins et des volailles, le tout sur une surface de 7 ha de prairies. L’activité d’éducation et de découverte est donc organisée par animations thématiques qui couvrent l’ensemble des éléments d’éducation et de formation nécessaires aux enfants, le principal public concerné par ces activités. Pour certaines activités, l’association déplace les animations sur la base de loisirs voisine, utilise également le massif forestier de l’Hautil et le parc naturel régional du Vexin. Un gîte de séjour de 45 lits est à la disposition des participants qui sont encadrés et animés par une équipe professionnelle de 5 animateurs et un directeur, soutenu par des employés de services et d’entretien. Pour l’ensemble des tâches d’entretien, alimentation en eau dans les parcs, transport du fumier, approvisionnement en fourrage, réparation de clôtures …, le personnel de l’association utilise un tracteur dont l’entretien et la vétusté ont conduit les dirigeants à réfléchir à son remplacement. Après un rapide inventaire des activités concernées, il a été décidé d’étudier l’hypothèse de remplacer le tracteur par un cheval de trait. Dans ce sens, il est apparu également que l’introduction du cheval offrait de nouvelles perspectives d’activités sur la ferme. En effet, l’ensemble des animations dont le cheval et sa famille sont l’objet devenait accessible : initiation à l’élevage du cheval, son alimentation, sa manipulation, etc … ainsi que les possibilités offertes par l’utilisation de sa « force paisible » pour assurer des animations avec le déplacement des enfants et adultes en chariots. Les premières réflexions ont débuté fin 2005, l’étude technique est actuellement menée par les Haras Nationaux avec pour objectif d’être opérationnel pour le début de l’hiver. LA FERME D’ECANCOURT – COUR MURIER - 95280 JOUY LE MOUTIER Tél. . : 01 34 21 17 91 - Fax : 01 34 21 16 73 E-mail : [email protected] - Site Internet : www.villecampagne.org 7 La dimension économique est la base de la réflexion. Peut-on rentabiliser le cheval de manière différente, notamment pour son aspect pédagogique ? Le cheval nécessite un investissement important mais permettrait un entretien des prairies plus régulier. Actuellement un cahier des charges est en cours de rédaction avec comme objectif d’être opérationnel pour cet hiver. Mais la principale contrainte est la formation : 11 animateurs(trices) travaillent sur l’exploitation et doivent tous être opérationnels sur la ferme. 2 ou 3 d’entre eux, au moins, pour commencer, suivraient donc une formation (sur 1 semaine, 15 jours non stop). Il faut bien prendre en compte l’aspect sécurité des enfants, c’est pourquoi la formation sera le poste le plus important. ------------------------------- Jean-Pierre Recher, Défi Caux : Centre d’insertion qui fonctionne depuis 20 ans, et à la base centre de formation professionnelle. Il y a toujours possibilité de trouver des portes de financements, malgré le manque de financement nationaux ou européens. Le bénévolat permet d’atténuer les choix difficiles entre la passion et l’économie. Défi Caux organise une route à thème, la Route des Chassées Marées, d’Etretat à Honfleur les 27 et 28 octobre prochain. M. Recher remercie les Haras nationaux et M. Cottrant du soutien du Ministère pour leurs actions telles que le ramassage des bouteilles de verre sur le secteur d’Etretat depuis 1 an, 1 fois par semaine. Cette action permet de récolter 40 tonnes de verre par mois. Ainsi, ils gèrent un espace de 90 ha sur les falaises d’Etretat (qui ont des fleuves côtiers souterrains et des problèmes d’érosion et de relief). La question n’est pas de choisir entre le tracteur et le cheval mais de développer la traction animale. Le tracteur est utilisé en prestation auprès d’une entreprise mais ils ont décidé de privilégier la traction animale. Actuellement les crédits sont obtenus et la recherche du matériel adéquat est en cours. Le matériel de Charlie Pinney avec entraînement simple par les roues a été retenu (avec quelques aménagements) car l’aspect déclivité du terrain nécessite une attention importante sur la sécurité. Le fait d’utiliser un moteur auxiliaire sur un site totalement préservé n’était pas le plus évident en terme d’image. Cependant, Charlie Pinney déconseille l’entraînement simple par les roues au vu du terrain très pentu. La question de l’entretien est encore à régler. 8 DEUX EXEMPLES D’UTILISATIONS INTEGREES Manu de Meulenaer : Brasserie Palm à Tavigny en Belgique. Emploi du cheval de trait comme emblème de publicité, ambassadeur d’une entreprise. LE CHEVAL DE TRAIT, emblème de publicité Exemple d’intégrité – notions de rentabilité – notes technico-économiques Je vais m’atteler à vous parler de l’emploi du cheval de trait en sa qualité d’ « ambassadeur » d’une entreprise ici en l’occurrence, une brasserie belge pour laquelle j’ai travaillé jusqu’à il y a peu; cet emploi n’est évidemment pas « commun » au 21e siècle ; c’est plutôt un métier du siècle passé. Je vais vous peindre un tableau « à la flamande » de l’usage des chevaux de trait dans une brasserie moderne. Mais revenons aux brasseurs anglais ou allemands, qui au 19e siècle, ont longtemps utilisés leurs attelages comme outil publicitaire. L’emploi peu commun des chevaux de trait dans la publicité peut paraître très intéressant mais la réalité économique de notre époque, dans ce monde progressif et exigent qu’est la publicité et le marketing d’une entreprise sont des éléments peu enclin à une vie agréable pour nos chevaux et encore moins pour leur propriétaire. Je vais attirer votre attention sur un vaste sujet et effleurer quelques points clefs. Il faut savoir que chaque cas est différent et mérite une étude particulière et approfondie. Je vais donc dessiner une esquisse pour mieux vous faire percevoir l’usage du cheval de trait. 1. Le cheval : a. Pourquoi choisir un cheval de trait ? b. Les caractéristiques du cheval de trait. c. Les problèmes rencontrés : comment « faire » son cheval ? 2. Le matériel : a. La voiture b. Le harnais c. Le transport d. Les uniformes 3. Les hommes : a. Connaissances techniques b. Mentalité de travail 4. Quelques chiffres et des « lettres » a. Le haras b. La mission c. Le budget - théorique et pratique 5. Le haras et la publicité a. Prix, budget b. Le langage de la publicité – contraste avec le langage de l’homme de cheval. 9 1. LE CHEVAL a. Pourquoi choisir un cheval de trait ? Ici, ni la vitesse, ni la force, ni le poids ne sont importants ! Quand une entreprise décide de travailler avec un cheval comme emblème publicitaire, elle doit correspondre à l’image du consommateur du produit proposé et doit également répondre à l’idée que se fait le consommateur. Bref, le consommateur doit pouvoir s’identifier au travers du produit publicitaire proposé et ici on est déjà au cœur du marketing ! Le cheval de trait fait partie de toutes les classes sociales confondues. Il a un effet « nounours ». Tout le monde veut le toucher, aussi bien les grands dignitaires que les gens du peuple à quelque classe sociale qu’elle appartienne. Tous se retrouvent ou se reconnaissent à travers l’image que véhicule le cheval de trait. Le pur-sang pour le « happy-few » est réservé à une élite, le demi-sang est vite décrié comme étant « trop chic » ; le poney ne fait pas « adulte ». Le cheval de trait trouve sa place dans tous les milieux car il s’y trouve à l’aise en toute circonstance. b. Les caractéristiques du cheval de trait Ici le cheval de trait ressemble déjà beaucoup plus au demi-sang de l’escorte royale ou d’une garde républicaine. En effet, l’usage du cheval de trait a démontré qu’il sait être un bon serviteur même s’il n’est pas le plus beau, le plus rapide ou le plus fort…. Car pour survivre dans le trafic routier actuel, le cheval de trait doit faire preuve d’un caractère à toute épreuve et surtout à être « clair dans sa tête ». La démonstration publique, la participation dans les cortèges, le travail aux heures irrégulières et dans un environnement différent à chaque prestation est une épreuve à chaque fois renouvelée et demande beaucoup d’efforts à nos chevaux de trait. L’élevage extensif – c’est-à-dire pour la production de viande – et l’élevage mineur lié au fait que les étalons et les poulinières ne travaillent plus réellement, amène comme conséquence la difficulté de trouver des chevaux aptes au travail. Une brasserie néerlandaise a été obligée de choisir des Shires car le cheval de trait belge n’était plus « disponible » sur le marché. Les mêmes brasseurs anglais et néerlandais rencontrent des problèmes énormes pour trouver des ‘remontes’ qui sont aptes à travailler dans ce domaine particulier. La race a trop évolué dans la direction du « show ». Pourtant, le prix des hongres varie et le prix de départ est de 10.000,00 € ; ce qui est un prix énorme quand on sait que le cheval de trait se vend très souvent au prix coûtant de boucherie. Depuis 4 ans la brasserie cherche des hongres de travail et l’élevage anglais ne parvient pas à fournir les chevaux demandés ! 10
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