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Coléoptères hypogés de Corse. XXXV. Le genre Parabathyscia Jeannel, 1908 (Coleoptera, Leiodidae) PDF

2009·12.5 MB·
by  OroussetJean
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Bulletin de la Société entomologique de France, 114 (1), 2009 : 91-109. Coléoptères hypogés de Corse. XXXV. Le genre Parabathyscia Jeannel, 1908 (Coleoptera, Leiodidae) par Jean OROUSSET 61 rue de la Mutualité, F – 92160 Antony Résumé. – Etude des espèces de Corse du genre Parabathyscia Jeannel, 1908 : P. corsica (Abeille de Perrin, 1875), P. meridionalis Jeannel, 1949, n. stat., P. remyi Jeannel, 1947, P. gracilicornis Jeannel, 1947 (= P. longicornis Jeannel, 1949 = P. lamilzai Raffaldi, 2007 = P. raffaldii Lemaire, 2008, n. syn.), P. rugulosa Jeannel, 1949. Summary. – Hypogeous beetles from Corsica. XXXV. The genus Parabathyscia Jeannel, 1908 (Coleoptera, Leiodidae). Study of the Corsican species belonging to the genus Parabathyscia Jeannel, 1908 : P. corsica (Abeille de Perrin, 1875), P. meridionalis Jeannel, 1949, n. stat., P. remyi Jeannel, 1947, P. gracilicornis Jeannel, 1947 (= P. longicornis Jeannel, 1949 = P. lamilzai Raffaldi, 2007 = P. raffaldii Lemaire, 2008, n. syn.), P. rugulosa Jeannel, 1949. Keywords. – Coleoptera, Leiodidae, Parabathyscia, new synonymy, France, Corsica. _________________ Les Leiodidae Leptodirini (Catopidae Bathysciinae sensu Jeannel) ne sont représentés en Corse que par le genre Parabathyscia Jeannel, 1908. Sept espèces et une sous-espèce, toutes endémiques, ont été décrites jusqu'à présent ; elles appartiennent au sous-genre Para- bathyscia s. str. Aucune révision n'a été effectuée depuis celle proposée par Jeannel en 1949, alors que les espèces d'Italie continentale ont fait l'objet de nombreux travaux, et notamment d'une récente révision (ZOIA, 1986), citant les espèces de Corse. Historique. – La première espèce de Corse a été décrite en 1875 par ABEILLE DE PERRIN, sous le nom d'Adelops corsicus, d'après l'étude d'une série d'exemplaires récoltés par Edouard- Ladislas Koziorowicz. Ce dernier donne des précisions intéressantes sur les conditions de capture lors de deux séances de la Société entomologique de France, dont les compte rendus ont fait l'objet de notes (1875 : CLXIV ; 1877 : CXLVII) qui semblent être passées inaperçues jusqu'à maintenant. D'autres naturalistes ont récolté également l'espèce au cours de la seconde moitié du dix-neuvième siècle ; parmi les plus connus d'entre eux, on peut citer Edouard Perris, Eugène Raymond et Eugène Revelière (OROUSSET, 1991). On retrouve ces spécimens, malheureusement dépourvus d'étiquetage précis, dans de nombreuses collections historiques. Tous ces insectes, collectés en assez grand nombre dans diverses localités, ont été considérés comme appartenant à une unique espèce, A. corsica Abeille de Perrin, transférée au genre Bathyscia Schiødte par REITTER (1885 : 21). SAINTE-CLAIRE DEVILLE (1908 : 159) récapitule ensuite les rares localités précises connues à cette époque. JEANNEL (1910 : 29) transfère alors B. corsica dans le genre Parabathyscia Jeannel, 1908, et ensuite, dans sa révision des Bathysciinae (1911 : 274), considère ce taxon comme une simple sous-espèce de P. wollastoni (Janson), espèce à vaste répartition, connue alors d'Italie, de France continentale et d'Angleterre. Dans le Coleopterorum Catalogus (JEANNEL, 1914 : 14), le statut de l'espèce reste inchangé. Puis JEANNEL, dans sa Monographie des Bathysciinae (1924 : 122), rétablit le taxon corse en tant qu'espèce distincte, bien que très proche, de P. wollastoni. Au cours d'un séjour effectué en Corse en août 19421, Paul Rémy récolte de nouveaux matériaux, dont les premiers Parabathyscia découverts dans une grotte ; une sous-espèce de P. corsica, nommée gracili- 1 Et non 1939, comme l'indique par erreur Jeannel dans la description originale de P. remyi. 92 OROUSSET. – Coléoptères Parabathyscia de Corse cornis, trouvée en milieu édaphique, et une autre espèce, P. remyi, considérée comme caver- nicole, sont décrites par JEANNEL (1945 : 67, 68). D'autres récoltes de Rémy effectuées en 1948 incitent alors JEANNEL (1949) à entreprendre une révision, ce qui lui permet de reconnaître cinq espèces et une sous-espèce, dont les trois taxons inédits suivants : P. corsica meridionalis, P. rugulosa et P. longicornis. Les connaissances sur les Parabathyscia de Corse progressent ensuite fort peu, seules quelques localités nouvelles étant ajoutées (COIFFAIT, 1968 ; BERON, 1972). Enfin, deux espèces ont été décrites récemment : P. lamilzai Raffaldi, 2007 et P. raffaldii Lemaire, 2008, découvertes respectivement dans une grotte et un aven. Position des espèces de Corse au sein du genre. – JEANNEL (1924 : 120) divise le genre Parabathyscia en deux sous-genres, Parabathyscia s. str. et Platybathyscia Capra, d'après les caractères de la massue antennaire. Puis (1947 : 69 ; 1949 : 13), il propose un certain nombre de groupes d'espèces, Platybathyscia Capra comportant l'unique groupe grouvellei, et Parabathyscia s. str. qui comprend trois groupes d'espèces d'après le seul caractère de strie suturale effacée en avant ou entière ; les espèces corses, appartenant toutes au sous- genre Parabathyscia s. str., sont réparties comme suit : - le groupe doriai (espèces cavernicoles, à strie suturale entière) : une seule espèce corse, remyi Jeannel. - le groupe wollastoni (espèces muscicoles ou endogées, à strie suturale effacée en avant), réunissant toutes les autres espèces de Corse connues à l'époque : corsica (Abeille de Perrin), gracilicornis Jeannel, longicornis Jeannel, rugulosa Jeannel. ZOIA (1986 : 338), considérant avec raison que la définition de groupes d'espèces d'après cet unique caractère est illusoire, propose un modèle très différent et beaucoup plus élaboré, après étude des espèces d'Italie septentrionale, de Toscane et de Corse : il divise le genre Parabathyscia en deux sous-genres, Ligurobathyscia Zoia et Parabathyscia s. str., le sous- genre Platybathyscia étant mis en synonymie de ce dernier ; le sous-genre Parabathyscia est alors divisé en six groupes d'espèces, d'après un ensemble de caractères externes et internes, en cherchant à établir les affinités d'après les caractères sexuels et en abandonnant ceux ayant une signification adaptative ou d'interprétation incertaine, comme par exemple le développement de la strie suturale. Le groupe wollastoni réunit ainsi des espèces étroitement apparentées : wollastoni (Janson), des espèces de Ligurie orientale, dont P. doriai (Fairmaire), le groupe doriai érigé par Jeannel étant donc supprimé, de Toscane, et toutes les espèces de Corse. Ce groupe est défini par un ensemble de caractères : carène mésosternale haute et anguleuse ; protarses ♂ dilatés mais pas plus larges que le sommet des protibias ; lobe médian progressivement rétréci jusqu'à l'apex, avec les soies des paramères bien développées (soie tergale robuste, arquée, soie sternale plus ou moins développée, foliacée) ; sac interne avec des épines ou plaques chitinisées bien définies, différemment conformées. La strie suturale est, selon les espèces, entière, réduite ou même totalement effacée. Caractères utilisés, variabilité intraspécifique. – Les principaux caractères utilisés au niveau spécifique par JEANNEL (1947, 1949) sont : les articles antennaires, le sac interne du lobe médian et la chétotaxie des paramères, ainsi que plus secondairement la carène méso- sternale. ZOIA (op. cit.) a précisé leur utilité, leur variabilité et leur implication taxonomique pour les espèces d'Italie ; il en est fait de même ci-après pour les espèces de Corse. Les antennes (fig. 6-10) sont relativement courtes et massives, à article XI volumineux et globuleux, chez les espèces strictement édaphiques P. corsica (Abeille de Perrin) (fig. 6) et P. meridionalis Jeannel (fig. 7), et chez P. rugulosa Jeannel (fig. 10), dont la biologie est inconnue ; elles sont plus longues et plus grêles, à article XI conique, chez P. remyi Jeannel (fig. 8), espèce considérée comme troglobie, et chez P. gracilicornis Jeannel (sensu novo) (fig. 9), Bulletin de la Société entomologique de France, 114 (1), 2009 : 91-109 93 Fig. 1-5. – Parabathyscia corsica (Abeille de Perrin), de Petreto (1-3 : ♂ ; 4-5 : ♀). – 1, Habitus. – 2, Apex du tibia et tarse antérieur droit. – 3, Edéage, face tergale. – 4, Gonapophyse. – 5, Spermathèque. Echelles : fig. 1 : 1 mm ; fig. 2, 4, 5 : 0,1 mm ; fig. 3 : 0,2 mm. 94 OROUSSET. – Coléoptères Parabathyscia de Corse espèce qui se révèle être présente dans plusieurs milieux. L'organe sensoriel de Hamann de l'article VII comporte une dizaine de sensilles utriculaires chez P. corsica, P. meridionalis et P. rugulosa, et 15 à 20 sensilles chez P. remyi et P. gracilicornis (plus de 30 sensilles chez les espèces cavernicoles du groupe ligurica ; cf. ZOIA, op. cit. : 335). Les articles IX et X de toutes les espèces de Corse possèdent également un organe vésiculeux d'aspect similaire, s'ouvrant dans la gouttière de la face apicale de l'article. Les espèces de Corse sont dépourvues de caractères sexuels secondaires au niveau de certains articles, comme il en existe chez plusieurs espèces d'Italie (ZOIA, op. cit.). Sans étude biométrique précise, les proportions relatives des articles I à X sont difficiles à utiliser pour différencier les espèces de Corse et les différences invoquées par JEANNEL (1947 : 67, 68 ; 1949 : 13), d'après des spécimens montés à sec, sont en grande partie illusoires. La carène mésosternale (fig. 11-22), élevée et tranchante, possède un bord antérieur busqué, muni d'une dent, et un bord ventral portant des soies ; elle présente une variabilité intraspécifique non négligeable. A titre illustratif, chez P. corsica (fig. 11-15), le bord anté- rieur est, selon les individus, nettement convexe, rectiligne ou même légèrement sinué ; la dent apicale est plus ou moins aiguë ; le bord ventral est par contre toujours subrectiligne et pratiquement invariant, sans caractéristiques particulières ; l'angle formé par les bords antérieur et ventral est sujet également à une variabilité certaine. Les différences entre espèces sont peu prononcées et, compte tenu de la variabilité précitée, ce caractère se révéle pratiquement inutilisable pour différencier les espèces de Corse, ce qui rejoint les constations de ZOIA (op. cit.). Une importance primordiale est attribuée dans ce travail à l'ornementation du sac interne (fig. 23-28), dont on peut constater la variabilité quasi-nulle intra- et interpopulations, même dans le cas d'une espèce à vaste aire de répartition et de plasticité notable des caractères externes, Fig. 6-10. – Parabathyscia de Corse, antenne droite (♂). – 6, P. corsica (Abeille de Perrin), de Ventiseri. – 7, P. meridionalis Jeannel, d'Aullène. – 8, P. remyi Jeannel, de la grotte de Brando. – 9, P. gracilicornis Jeannel, de la grotte de Cherpinède. – 10, P. rugulosa Jeannel, de Rogliano. Echelles : 0,2 mm. Bulletin de la Société entomologique de France, 114 (1), 2009 : 91-109 95 telle que P. corsica. Le sac interne, après éclaircissement et montage de l'édéage en préparation microscopique sans couvre-objet pour éviter toute compression, est représenté au repos, à l'état invaginé dans le lobe médian. La nomenclature des pièces sclérifiées du sac interne suit dans ses grandes lignes celle proposée par JEANNEL (1949 : 13), sauf pour la pièce apicale : - l'armature basale, complexe, du type "pièce en Y", mais très uniforme dans tout le genre et sans valeur pour la différenciation des espèces, comme l'a déjà noté ZOIA (op. cit.) ; - l'armature médiane, comportant deux dents principales (fig. 23 : d) en position dorso- latérale (épines ou "flammes" de Jeannel, op. cit.), de forme, position et développement propres à chaque espèce, et représentant probablement le meilleur caractère discriminant ; Fig. 11-22. – Parabathyscia de Corse, carène mésosternale (♂). – 11-15, P. corsica (Abeille de Perrin), de Brando (11), du pont de Truggia (12), de Ventiseri (13), de la Punta de la Parata (14), de Busso (15). – 16- 17, P. meridionalis Jeannel, d'Aullène (16), de Propriano (17). – 18, P. rugulosa Jeannel, de Rogliano. – 19, P. remyi Jeannel, de la grotte de Brando. – 20-22, P. gracilicornis Jeannel, de la grotte de Cherpinède (20), de la grotte e Sulane (21), de l'aven du Razzu Biancu (22). Echelle : 0,2 mm. 96 OROUSSET. – Coléoptères Parabathyscia de Corse - l'armature distale, constituée non pas de deux dents juxtaposées à l'apex, comme l'indique Jeannel, mais d'une pièce impaire triangulaire lancéolée (fig. 23 : p. i.) située en position dorsale, de développement variable d'une espèce à l'autre et représentant également un bon caractère différentiel. En plus de ces pièces principales, le sac interne est tapissé d'un ensemble de denticules, bandelettes sclérifiées et replis membraneux plus ou moins distincts. Lors de l'évagination du sac interne (fig. 26), la pièce apicale triangulaire se retourne et est projetée vers l'avant, tandis que les deux dents médianes s'écartent en position dorso-latérale, le gonopore s'ouvrant à la base de ces deux dents. Les paramères (fig. 29-35) ont un apex creusé en coquille ; suivant la terminologie de JEANNEL (1949 : 12), ils comportent une phanère apicale membraneuse hyaline, plus ou moins développée, et trois soies apicales : une soie apicale externe simple et deux soies internes modifiées transformées en solides épines (une épine tergale et une épine sternale). La phanère apicale membraneuse, non sensorielle, est un simple prolongement de l'apex du paramère ; elle constitue un bon caractère mais présente une certaine variabilité intraspécifique, tant de forme que de développement (et, étant peu sclérifiée, elle peut être aisément déformée ou lésée) ; les trois soies apicales sont des soies mécanoréceptrices qui, par leur forme et étant peu variables, offrent également de bons caractères ; cependant, étant très mobiles, elles sont souvent orientées différemment dans les préparations microscopiques, ce qui rend difficile les comparaisons et peut conduire à des interprétations erronées. Chez les femelles, les gonapophyses de l'ovipositeur (fig. 4), constituées d'une plaque latérale et d'un style, sont munies chez toutes les espèces de Corse d'un certain nombre de sensilles et d'orifices de glandes tégumentaires, et de 6 grandes soies : une soie de la plaque latérale, 4 soies latérales mixtes et une grande soie apicale, suivant la terminologie de DELAY (1978 : 188) ; ayant une chétotaxie dépourvue de variation notable, les gonapophyses ne peuvent être utilisées à des fins de détermination au niveau spécifique. La spermathèque (fig. 5) est formée de deux parties épaisses en ampoule, réunies par un rétrécissement médian de moindre sclérification (aisément déformé en préparation) ; le ductus est relativement court, peu sclérifié ; à son point de raccordement avec la spermathèque se trouve une petite glande annexe ovoïde, très peu sclérifiée et fugace en préparation. La spermathèque ne montre pas de différences notables entre les espèces de Corse. Il en résulte que les exemplaires femelles capturés isolément ne peuvent être déterminés avec une absolue certitude. Caractères sexuels secondaires. – Les mâles ont une taille moindre mais il n'y a pas de dimorphisme sexuel secondaire important, à l'exception des tarses des pattes antérieures : chez les mâles, les protarses sont pentamères et fortement dilatés (fig. 2), le premier article étant cependant un peu moins large que l'apex du protibia, alors que, chez les femelles, les protarses sont tétramères, simples. Contrairement à certaines espèces d'Italie continentale, ils n'offrent pas de critères discriminants au niveau spécifique. Les observations faites à propos des caractères morphologiques utilisables chez les espèces de Corse rejoignent donc en tous points les conclusions de ZOIA (op. cit.) concernant les taxons d'Italie septentrionale et de Toscane. Habitat. – La littérature renferme peu de renseignements précis sur le mode de vie des espèces de Corse. KOZIOROWICZ (1875 : CLXIV, 1877 : CXLVII) a relaté les conditions de capture des premiers exemplaires de P. corsica : par piégeage dans diverses localités de l'île, au moyen d'appâts de fromage entourés de feuilles sèches et enfouis dans la litière, mais également en été dans son jardin d'Ajaccio, par tamisage de terre entourant de vieux tubercules de dahlias, les insectes étant délogés en soufflant de la fumée de cigarette. Des Parabathyscia ont été ensuite récoltés régulièrement au cours du dix-neuvième siècle, bien que jamais en abondance, par tamisage de mousses, de litière et de terreau ; des exemplaires ont été également Bulletin de la Société entomologique de France, 114 (1), 2009 : 91-109 97 Fig. 23-28. – Parabathyscia de Corse, moitié distale du lobe médian de l'édéage, face tergale avec le sac interne invaginé (23-25, 27-28), face latérale, avec le sac interne évaginé (26). – 23, P. corsica (Abeille de Perrin), de Valle Longa. – 24, P. meridionalis Jeannel, de l'embouchure du Taravo. – 25-26, P. remyi Jeannel, de la grotte de Brando. – 27, P. gracilicornis Jeannel, de la grotte de Cherpinède. – 28, P. rugulosa Jeannel, de Rogliano. d : dents principales de l'armature médiane. p.i. : pièce impaire de l'armature distale. Echelles : 0,1 mm. 98 OROUSSET. – Coléoptères Parabathyscia de Corse capturés sous des pierres enfoncées (SAINTE-CLAIRE DEVILLE, 1908 : 159). Enfin, et beaucoup plus tard, parmi les nombreuses cavités souterraines explorées, quatre seulement ont livré des Parabathyscia : la grotte de Brando dans le Cap Corse et la grotte de Cherpinède dans la Castagniccia, les conditions de récolte ayant été mentionnées par RÉMY (1950 : 9, 29) ; la grotte e Sulane dans le Cap Corse (RAFFALDI, 2007 : 134) et l'aven de Razzu Biancu dans le centre de l'île (LEMAIRE, 2008 : 84). JEANNEL (1924 : 125) qualifie P. corsica (Abeille de Perrin) de muscicole. P. remyi Jeannel et P. longicornis Jeannel sont considérés par LANEYRIE (1960 : 142), BERON (1972 : 48) et RAFFALDI (2007 : 129) comme des troglobies, P. corsica (Abeille de Perrin) étant qualifié de pseudoendogé et les autres taxons d'endogés de sol par LANEYRIE (l. c.), et d'humicoles par RAFFALDI (l. c.). P. lamilzai Raffaldi et P. raffaldii Lemaire sont considérés comme des troglobies par leurs descripteurs. De nombreuses espèces endogées de Parabathyscia se trouvent plus ou moins réguliè- rement dans des cavités souterraines, comme l'a montré ZOIA (op. cit.) pour les espèces d'Italie. En l'absence de caractères morphologiques patents, rien ne permet d'affirmer qu'une espèce de Parabathyscia trouvée dans une grotte est troglobie si, dans la même station, des recherches n'ont pas été menées simultanément dans le milieu édaphique, en effectuant des prélèvements de sol dans les environs immédiats. Cette observation est renforcée par le fait que les cavités souterraines de Corse où ont été trouvés des Parabathyscia sont des grottes de développement modeste, avec des galeries proches de la surface, ou bien des cavités verticales de faible profondeur et que les communications entre les milieux sont donc des plus aisées. Les récoltes personnelles et la présente révision permettent d'apporter quelques précisions à ce sujet. Deux espèces, P. corsica (Abeille de Perrin) et P. meridionalis Jeannel, peuvent être qualifiées d'endogés édaphobies sensu COIFFAIT (1958 : 89) ; elles vivent exclusivement dans les horizons superficiels (A et B) du sol, où elles peuvent être récoltées aisément par flottation ("lavage de terre"), presque toujours dans des sols bruns forestiers, les plus fréquents en Corse à basse et moyenne altitudes sur roche-mère granitique (COIFFAIT, 1958 : 47) ; cela n'exclut pas la possibilité de les trouver aux entrées ou à l'intérieur de certaines grottes. Une espèce, P. remyi Jeannel, a été trouvée en terrain calcaire, dans une unique grotte, où elle erre sur les parois concrétionnées au fond de la cavité, alors que l'éboulis et le sol à l'entrée hébergent une autre espèce, à savoir P. corsica ; elle est donc considérée dans l'état actuel comme troglobie. En ce qui concerne P. rugulosa Jeannel, non reprise depuis sa description, les conditions de capture sont inconnues mais divers facteurs incitent à penser qu'il s'agit d'une espèce endogée. Enfin, P. gracilicornis Jeannel (sensu novo) présente une plus grande plasticité écologique : elle a été trouvée en terrain calcaire et sur schistes dans les horizons superficiels du sol, dans deux grottes et un aven, et dans des plaquettes de schiste mêlées de terre prélevées dans des talus forestiers ; il semble que son milieu d'élection soit le milieu souterrain superficiel (MSS, JUBERTHIE et al., 1984 : 26), c'est-à-dire la zone de dégradation de la roche-mère (horizon C1), l'existence de ce milieu en Corse restant cependant à démontrer de manière formelle. Des précisions sont données ci-dessous après de description de chaque espèce. Etude des taxons. – Une redescription détaillée n'est fournie que pour P. corsica, seuls les caractères discriminants étant mentionnés pour les autres espèces. La longueur du corps est indiquée pour les individus avec la tête en position "naturelle", c'est-à-dire inclinée et donc en grande partie cachée par le pronotum. Il est mentionné pour chaque espèce (séparément pour les mâles et les femelles) la longueur du plus grand exemplaire examiné et celle du plus petit, ainsi que la moyenne arithmétique des mesures effectuées sur tous les exemplaires disponibles. Matériel examiné. – La présente révision est basée sur l'étude de plus de 250 exemplaires, de diverses provenances : Bulletin de la Société entomologique de France, 114 (1), 2009 : 91-109 99 - les récoltes anciennes, effectuées dans la deuxième moitié du dix-neuvième siècle, figurant dans de nombreuses collections du Muséum national d'Histoire naturelle, Entomologie (Paris) : Abeille de Perrin, Argod, Bedel, Croissandeau, Jeannel, Godart, Grouvelle, Oberthür, Pic, De Saulcy, la plupart de ces spécimens ayant été examinés par Jeannel ; - les exemplaires recueillis en milieu édaphique et dans quelques grottes par P. Rémy de 1939 à 1948 (matériaux également étudiés par Jeannel), ainsi que ceux provenant des grottes visitées par P. Beron en 1967 ; - les deux taxons décrits récemment par RAFFALDI (2007) et LEMAIRE (2008) ; - des récoltes personnelles, effectuées esentiellement par flottation ("lavage de terre") dans de nombreuses stations de l'île, de 1981 à 2002. Abréviations. – J. O. : J. Orousset leg. ; MHNN : Muséum d'Histoire naturelle de Nice ; MNHN : Muséum national d'Histoire naturelle (Entomologie), Paris. Parabathyscia (Parabathyscia) corsica (Abeille de Perrin, 1875) Adelops corsicus Abeille de Perrin, 1875 : 216 ; lectotype ♂ : Corse (coll. Abeille de Perrin, MNHN). Bathyscia (Bathyscia) corsica Abeille de Perrin. REITTER, 1885 : 21 ; MARSEUL, 1885 : 47 ; SAINTE-CLAIRE DEVILLE, 1908 : 159. Parabathyscia corsica Abeille de Perrin. JEANNEL, 1910 : 29. Parabathyscia Wollastoni subsp. corsica Abeille de Perrin. JEANNEL, 1911 : 274. Bathysciola (Parabathyscia) Wollastoni subsp. corsica Abeille de Perrin. JEANNEL, 1914 : 14. Parabathyscia (s. str.) corsica Abeille de Perrin. JEANNEL, 1924 : 122, 125 ; 1947 : 70. Parabathyscia corsica Abeille de Perrin. JEANNEL, 1949 : 13, 14. Parabathyscia corsica corsica Abeille de Perrin. LANEYRIE ; 1960 : 141 ; 1967 : 618. Parabathyscia (Parabathyscia) corsica (Abeille de Perrin). ZOIA, 1986 : 390 ; PERREAU, 2000 : 245 ; 2004 : 167. Types. – La publication originale renferme les indications suivantes, sans mention précise de localité ou de nombre d'exemplaires : « n'est pas rare en Corse, où M. Koziorowicz le chasse au moyen d'appâts ». JEANNEL (1949) indique « Bastia, types (coll. Abeille de Perrin) ». La collection Abeille de Perrin renferme une brochette de quatre femelles, avec une étiquette "Bastia, Raymond" et une étiquette rouge "TYPE" rajoutée par Jeannel. La localité de Bastia n'est pas mentionnée dans la publication originale, et ces exemplaires, comme la plupart des Coléoptères endogés découverts dans le Cap Corse au siècle dernier, ont été récoltés par Raymond et non par Koziorowicz. De plus, ces quatre femelles, de très grande taille, ne correspondent pas à la description de P. corsica et sont en fait des P. remyi Jeannel. Les autres exemplaires de la collection Abeille de Perrin, de petite taille, correspondent en tous points à l'espèce répandue dans la majeure partie de la Corse et décrite sous le nom de P. corsica. La désignation de Jeannel ne pouvant faire office de désignation de lectotype, un autre exemplaire est donc choisi. La collection Abeille de Perrin renferme 13 exemplaires avec la mention "Corse" manuscrite de l'auteur ; ils sont donc considérés comme formant la série-type d'Adelops corsicus Abeille de Perrin. Lectotype ♂ (présente désignation) : "Corse" / Muséum Paris. Coll. Abeille de Perrin 1919 / Lectotype / "Adelops corsicus Abeille de Perrin. Lectotype ♂, dés. J. Orousset 2007". Paralectotypes : 6 ♂ et 6 ♀, idem. Autre matériel examiné. – Nombre d'exemplaires, 201 : 13 ♂ et 28 ♀, Corse, sans précisions (coll. Abeille de Perrin, Argod, Bedel, Coiffait, Croissandeau, Jeannel, Godart, A. Grouvelle, Oberthur, Pic). - Haute-Corse : 1 ♂ et 1 ♀, environs de la grotte de Brando, Cap Corse, alt. 80 m, 29.V.2002, J.O. ; 1 ♀, entre Sorio et San Gavino di Tenda, alt. 300 m, 27.X.1987, J. O. ; 1 ♂ et 1 ♀, entrée de la grotte de Sabara près de Castiglione, alt. 600 m, 21.X.1987, J. O. ; 2 ♀, entre Casanova et Santo Pietro di Venaco, XI.1967, P. Beron, coll. Coiffait (MNHN) ; 1 ♂ et 3 ♀, entre Muracciole et le col de Morello, alt. 600 m, 5.X.1984, J. O. ; 2 ♂ et 3 ♀, Vizzavona, 26.VIII.1939, P. Rémy (MNHN) ; 1 ♂ et 1 ♀, San Gavino di Fiumorbo, alt. 450 m, 8.X.1984, J. O. ; 19 ♂ et 21 ♀, entre Ventiseri et Piediquarcio, alt. 400 m, 29.X.1987, 19.IV.1990, J. O. - Corse-du-Sud : 1 ♂ et 1 ♀, forêt de Piana, alt. 100 m, 15.III.1981, J. O. ; 1 ♂, pont 100 OROUSSET. – Coléoptères Parabathyscia de Corse de l'Onda près de Porto, alt. 125 m, 15.III.1981, J. O. ; 1 ♀, Cristinacce, alt. 775 m, 1.VI.1981, J. O. ; 1 ♂, Saint-Roch entre Evisa et Vico, alt. 750 m, 26.IV.1984, J. O. ; 1 ♂, environs d'Appriciani au sud de Vico, alt. 425 m, 9.IV.1981, J. O. ; 1 ♀, Arbori au sud de Vico, alt. 200 m, 8.IV.1981, J. O. ; 2 ♂ et 6 ♀, pont de Truggia dans la vallée du Liamone, alt. 60 m, 19.IV/9.V.1981, J. O. ; 1 ♂ et 1 ♀, Saint Eliséo, alt. 175 m, 19.IV.1981, J. O. ; 2 ♂, Bocca di Tartavello, alt. 400 m, 27.III.1981, J. O. ; 18 ♂ et 2 ♀, Busso près de Bocognano, alt. 550 m, 9.VI.1989, J. O. ; 1 ♀, Bocognano, 27.VII.1942, P. Rémy (MNHN) ; 1 ♀, environs de Bocognano, alt. 650 m, 7.IV.1989, J. O. ; 1 ♂ et 1 ♀, environs de Casa- glione, alt. 50 m, 8.IV.1989, J. O. ; 1 ♂, environs de Villanova, alt. 250 m, 5.IV.1989, J. O. ; 7 ♂ et 1 ♀, col San Bastiano, alt. 400 m, 31.V.1981, J. O. ; 1 ♂, environs de Carbuccia, alt. 400 m, 6.IV.1989, J. O. ; 2 ♂, Cuttoli-Corticchiato, alt. 300 m, 3.IV.1989, J. O. ; 1 ♀, environs d'Ocana, alt. 350 m, 1.IV.1989, J. O. ; 1 ♂, bords du Prunelli près du col de Criccheto, alt. 625 m, 1.IV.1989, J. O. ; 8 ♂ et 8 ♀, Punta de la Parata dans le golfe d'Ajaccio, alt. 10 m, 2.IV.1989, 14-VI-1989, J. O. ; 8 ♂ et 3 ♀, Radicale, près du col de San Alberto, alt. 425 m, 25.III.1981, J. O. ; 1 ♂, Valle Longa, alt. 100 m, 1.IV.1989, J. O. ; 1 ♂ et 1 ♀, Bains de Guitera, alt. 425 m, 26.III.1981, J. O. ; 1 ♂, pont de Cuttoli, basse vallée de la Gravona, alt. 60 m, 23.IX.1948, P. Rémy (MNHN) ; 2 ♂, col de Saint Georges, IV.1958, H. Coiffait, coll. Coiffait (MNHN) ; 1 ♂, forêt de Chiavari, alt. 400 m, 27.III.1981, J. O. ; 1 ♂ et 1 ♀, Petreto, IV.1958, H. Coiffait, coll. Coiffait (MNHN) ; 2 ♀, environs de Petreto, alt. 450 m, 26.III.1981, J. O. ; 2 ♂, col de Saint-Eustache, alt. 800 m, 3.V.1981, J. O. ; 1 ♂ et 4 ♀, Penta près de Petreto, alt. 500 m, 10.X.1984, J. O. Les exemplaires cités de Porto-Vecchio et d'Aléria par SAINTE-CLAIRE DEVILLE (1908 : 159) n'ont pas été retrouvés. Redescription. – Habitus : fig. 1. L : ♂ 1,38-1,79 mm ; ♀ 1,49-2,05 mm. L moyenne : ♂ 1,61 mm, ♀ 1,73 mm. Forme régulièrement ovoïde, très convexe, les téguments luisants. Coloration : corps brun-roux à testacé suivant l'état de maturité des imagos, les appendices testacés. Capsule céphalique avec une fine ponctuation superficielle associée à une pubescence fine et rase ; totalement anophthalme. Antennes courtes (fig. 6) : appliquées contre le bord latéral du pronotum, elles n'atteignent pas l'angle postérieur ; longueur/largeur des articles antennaires d'un mâle (de Ventiseri), en microns : I : 89/46 ; II : 96/46 ; III : 55/36 ; IV : 44/36 ; V : 45/40 ; VI : 42/42 ; VII : 66/60 ; VIII : 34/64 ; IX : 61/79 ; X : 62/85 ; XI : 113/91 ; rapport longueur/largeur de l'article XI : 1,24 ; organe de Hamann de l'article VII avec une dizaine de sensilles utriculaires. Pronotum transverse, légèrement plus large que les élytres, sa plus grande largeur au quart postérieur, les côtés régulièrement arqués, à base bisinuée et angles postérieurs non saillants ; microréticulation fine et superficielle, râpeuse, associée à une ponctuation très fine et à une fine pubescence couchée. Carène mésosternale (fig. 11-15) en forme de lame haute, dentée, en angle obtus presque droit. Elytres nettement plus longs que larges, régulièrement atténués de la base à l'apex, la sculpture plus forte que sur l'avant-corps, la ponctuation ombiliquée fine et serrée ; suture déprimée en avant et strie suturale superficielle, imparfaitement parallèle à la suture et effacée dans son quart antérieur. Edéage (fig. 3) : sac interne (fig. 23) avec une armature médiane munie de deux dents simples, subrectilignes, non entrecroisées, accolées à leur apex ; armature distale avec une grande pièce impaire triangulaire. Paramères (fig. 29) : phanère apicale en languette triangulaire, à apex denté ; soie apicale externe longue et grêle ; épine tergale très longue, subrectiligne, avec un petit bourrelet apical ; épine sternale en forme de faucille. Femelle : gonapophyses (fig. 4) munies de 6 longues soies ; spermathèque (fig. 5) réniforme, avec une constriction peu après le milieu. Caractères sexuels secondaires : protarses antérieurs des mâles pentamères, fortement dilatés, mais pas plus larges que l'apex du tibia (fig. 2) ; protarses antérieurs des femelles tétramères, simples et grêles. Répartition. – L'espèce est endémique de Corse ; la citation de Sardaigne par SAINTE- CLAIRE DEVILLE (1914 : 525) est erronée. P. corsica est l'espèce de Corse qui a l'aire de répartition la plus étendue, étant répandue depuis la base du Cap Corse (environs de la grotte de Brando) au nord jusqu'à la basse vallée du Taravo au sud ; elle est remplacée plus au sud par P. meridionalis Jeannel ; elle existe vraisemblablement également dans le nord-ouest de l'île (Filosorma, Balagne), où des prospections adéquates n'ont pas été menées. Elle est mani- festement absente dans le massif de la Castagniccia, où est répandu P. gracilicornis Jeannel.

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