LE MODÈLE IVOIRIEN EN QUESTIONS \ Il Collection <<Hommese t Sociétés >> Conseil scientifique :J ean-FranGois BAYART(C ERI-CNRS) Jean-Pierre CHRÉTIEN(C RA-CNRS) Jean COPANS( Université de Picardie) Georges COURADE(M AA, ORSTOM) Alain DUBRESSON(U niversité Paris-X) Henry TOURNEUX(C NRS) Directeur : Jean COPANS Ouvrage publié avec le concours du Centre national du Livre Couverture : Peinture sur toile double face, 81 x 60, 1982, par Ninin Trah Bi. Collection ADEIAO (Association pour le développement des échanges interculturels au Musée des Arts d’Afrique et d’Océanie). Photo Antoine Calrnettes. O Éditions KARTHALAet ORSTOMI,9 97 ISBN KARTHALA: 2 -86537-748-2 IBSN (ORSTOM)2: -7099-13 66-6 Bernard Contamin et Harris Memel-Fotê (éds) Le modèle ivoirien en questions Crises, ajustements, recompositions Éditions KARTHALA Éditions de I’ORSTOM 22-24, boulevard Arago 213, rue La Fayette 75013 Paris 75010 Paris AVANT-PROPOS Le modèle ivoirien en questions La réflexion pluridisciplinaire présente dans ce livre s’enracine dans une histoire intellectuelle qui a débuté vers la fin des années cinquante et qui est liée au Centre ORSTOM de Petit-Bassam (Abidjan). Ce lieu d’ac- cueil scientifique a été le catalyseur d’un mouvement cumulatif de recherches dont la valorisation est apparue, au début des années quatre- vingt-dix, comme une entreprise de << salut public >>, notamment à des chercheurs et à des institutions de recherche ivoiriens. L‘ampleur et la complexité des mutations tant économiques, que sociales et politiques, de la société ivoirienne ne peuvent en effet être appréciées que sur la durée. Face au rétrécissement de l’horizon temporel des analyses, induit notam- ment par l’importance que les politiques dites d’ajustement structurel accordent à la stabilisation financière à court terme, il s’agissait d’obser- ver en quoi la configuration de la société, ce que certains ont appelé le modèle ivoirien, était véritablement mise en cause. Le modèle ivoirien en questions ne se veut pas un bilan mais l’expres- sion de cette histoire et de cette vie intellectuelle ouverte. La << flexibi- lité >> de l’agriculture de plantation, le renforcement de la <<démocratie locale >>, i<l’ informalisation >> de l’économie, l’efficacité des entreprises (privées et publiques), les processus d’adaptations paysannes, l’accrois- sement de la pauvreté et des inégalités, les suites de la dévaluation du E CFA, les nouvelles pratiques migratoires, les transformations du modèle urbain, la crise de l’école, l’effervescence religieuse et identitaire : ces multiples angles d’analyse éclairent les évolutions et les débats que connaît la société ivoirienne des années quatre-vingt et quatre-vingt-dix, ils correspondent en outre à des interrogations essentielles pour l’en- semble de l’Afrique subsaharienne. L‘ouverture s’est également traduite par la prise en compte des débats publics actuels concernant le dévelop- pement de l’État de droit démocratique, la crise des régulations publiques, l’aménagement interne des politiques d’ajustement structurel, le problème de la nationalité. Cette capacité à être en prise avec les questions fortes du moment, loin d’être la conséquence d’un opportunisme hâtif, est au 6 LE MODÈLE IVOIRIEN EN QUESTIONS contraire le fruit d’une attention durable aux lignes de force de la société ivoirienne, attention qui a réussi à se maintenir au sud malgré la crise. Lorsqu’ils ouvrent leurs travaux sur des débats publics, les chercheurs interviennent de plusieurs manières et ce livre est l’expression d’une telle variété. Recherches de modèles explicatifs, enquêtes historiques, examens de séries statistiques et démographiques, études analytiques de processus sociaux et politiques actuels : ces démarches de connaissance s’associent chez nombre d’auteurs à des propositions, des jugements ou des engage- ments. Mais il n’y a pas de modèle unique d’attitude et de point de vue à cet égard. Chaque auteur, par une présentation rigoureuse de matériaux empiriques, donne la possibilité d’apprécier quels liens il établit entre jugements et connaissances, permet d’associer ces connaissances à d’autres jugements. Cet ouvrage est composé d’une partie des communications et inter- ventions présentées lors d’un colloque organisé du 28 novembre au 2 décembre 1994, à Abidjan, par le Groupement Interdisciplinaire en Sciences Sociales de Côte-d’Ivoire (GIDIS-CI) Constitué en 1991 avec I. l’appui de l’ORSTOM, ce groupement de recherche associe des cher- cheurs du sud et du nord qui partagent une préoccupation scientifique commune : le développement est une transformation sociale beaucoup trop complexe pour souffrir le cloisonnement des recherches. L‘objectif que s’est assigné ce partenariat est de susciter la confrontation de points de vue particuliers, marqués par la spécificité des différentes disciplines et la diversité des origines géographiques des chercheurs. Points de vue par- ticuliers mais tournés vers un projet commun, celui de rendre compte des ajustements et recompositions à l’œuvre dans une société ivoirienne en crises. C’est en privilégiant l’observation et l’analyse minutieuses des dif- férentes formes que revêtent ces crises, ces ajustements et ces recomposi- tions, que le GIDIS-CI a manifesté son ambition de contribuer à mieux comprendre le jeu et les enjeux des transformations en cours. L‘organisation de cette manifestation a nécessité le soutien et la parti- cipation active d’un très grand nombre de personnes et d’institutions qui méritent de chaleureux remerciements. Monsieur le ministre Saliou Touré, ministre de l’Enseignement supé- rieur et de la Recherche scientifique de Côte-d’Ivoire, a manifesté son soutien constant au GIDIS-CI et a accepté que ce colloque se tienne sous sa présidence. Messieurs M. Levallois et G. Winter, respectivement pré- sident et directeur général de I’ORSTOM (1994), n’ont pas ménagé leurs efforts pour appuyer, scientifiquement et financièrement, cette initiative de 1. Pour des raisons matérielles, les rapports de synthèse ainsi que le compte rendu des débats de chaque séance n‘ont pas été reproduits. Ces textes sont disponibles auprès du secrétariat du GIDIS-CI au Centre ORSTOM de Petit-Bassam (BP 293 Abidjan 04, CÔte- d‘Ivoire). AVANT-PROPOS 7 recherche et, par leur présence au colloque, ils ont témoigné leur intérêt et leur confiance dans cette forme de coopération scientifique. Le Ministère français de la Coopération, par son soutien financier, a permis, notam- ment, la participation à ce colloque de chercheurs venus de diverses Uni- versités africaines. Le comité d’organisation du colloque, présidé par H. Memel Fotê (pré- sident du GIDIS-CI), était composé de S. Affou Yapi, O. Boizo, B. Conta- min, D. Couret, O. Dembele, J.-P. Dozon, s.-P. Ekanza, J. Ibo, M. Le Pape, E. Léonard, A. Marie, S. Ouattara, F. Verdeaux, C1. Vidal et L. Vidal. La préparation matérielle de la publication a été assurée sous la responsabilité de D. Couret, avec l’efficace collaboration de Ibo Jonas et l’appui de J. Chevassu, B. Contamin, E. Leonard, et le précieux concours de L. Kouao pour la dactylographie. C1. Vidal a assuré la médiation entre la maison d’édition Karthala et la Direction de l’information scientifique et technique de 1’ORSTOM. L’organisation de ce colloque doit beaucoup à l’ensemble du personnel du Centre ORSTOM de Petit-Bassam qui, par sa constante disponibilité et la solidité de ses compétences, a témoigné d’un exceptionnel esprit d’entreprise : cet ouvrage est aussi le sien. Bernard Contamin PREMIÈRE PARTIE ÉTAT, ENTREPRISES ET ÉQUILIBRES MACRO-ÉCONOMIQUES
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