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Baudelaire, Pauvre Belgique PDF

161 Pages·2017·7.39 MB·French
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[PAUVRE BELGIŒE !] /—l rgument du livre sur la Belgique Cboix de titres1 : [Ft 352 r°l La vraie Belgique. La Belgique toute nue. La Belgique de' sbabille'e. Une capitale pour rire, une capitale de singes. ? I_. PRELIMINAIRES Qu’il faut, quoi que dise Danton, toujours « emporter sa patrie à la semelle de ses souliers ». La France a l’air bien barbare, vue de près. Mais allez en Belgique, et vous deviendrez moins sévère pour votre pays. Comme ]oubert remerciait Dieu de l’avoir fait bomme et non femme2 , vous le remercierez de vous avoir fait, non pas Belge, mais Francais. Grand mérite a faire un livre sur la Belgique. Il s’agit d ’être amusant en parlant de l’ ennui, infirufiif en parlant du rien. À faire un croquis de la Belgique, il y a, par compensation, cet avantage qu ’on fait, en meme temps, une caricature des sottises francaises. C onspiration de la flatterie européenne contre la Belgique. La Belgique, amoureuse de compliments, les prend tocq'ours au serieux. Comme on cbantait cbez nous, il y a vingt ans, la liberté, la gloire et le bonbeur des États— Unis d’ Amerique! Sottise ana— logue a propos de la Belgique. Pourquoi les Français qui ont babite' la Belgique ne disent pas la vérité sur ce pays. Parce que, en leur qualité de Français, ils ne peuvent pas avouer qu’ils ont été dupes. Vers de Voltaire sur la Belgique“. 820 Sur la Be@iqzæ TITRES [Ft 31 L a grotesque Belgique La vraie Belgique La Belgique toute nue La Belgique déshabillée Une capitale pour rire Une grotesque Capitale La Capitale des Singes DÉBUT [Ft 4] Une capitale de Singes. Danton. La Carpe et le Lapin. L’ Amérzque et la Bel— gzqzæ. Je voudrais avoir les facultés de… tant d’écrivains dont je fus toujours jaloux. Un certain Style, non pas le Style de Hugo auteur belge-‘. Tel eSt mon Lambert. Livre fait à la Diable. Faire un livre amusant sur un thème ennuyeux. — (Les Cabotins‘ä) La corde lâche et le lac asphaltite. Un petit poème sur Amina Boschetti—“h Un pauvre qui voit des objets de luxe, un homme tri$te qui respire son enfance dans les odeurs de l’Église, ainsi je fus devant Amina. Les bras et les jambes d’Amina. Le préjugé des sylphides maigres. Le tour de force gai. La gentille commère — Gnerri“. Le Gin. Le talent dansÔ le Désert. On dit qu’Amina se désole. Elle sourit chez un peuple qui ne sait pas sourire. Elle voltige chez un peuple, où chaque femme pourrait avec une seule DÉBU‘I' [Ft 5] des“ pattes éléphantines écraser un millier d’œufs. La France est sans doute un pays bien barbare. La Belgique aussi. La Civilisation s’est peut—être réfugiée chez quelque petite tribu non encore découverte. Pauvre Belgique ! 8 21 Prenons garde à la dangereuse faculté de généralisa— tion des Pari31ens. Nous avons peut-être dit trop de mal de la France. Il faut toujours emporter sa patrie à la semelle de ses souliers. C’eS‘t un désinfe&ant. On craint ici de devenir bête. Atmosphère de sommeil. Lenteur universelle. (Le Coureur du chemin de fer en est le symbolel.) Le produit de la Carpe et du Lapin. Les Français aiment mieux tromper qu’avouer qu’ils l’ont été. Vanité française. BRUXELLES [Ft 6] DÉBUT Avis, inutile pour les avisés. La fin d’un écrit satirique”, c’eSt d’abattre deux oiseaux avec une seule pierre. À faire un croquis de la Belgique, il y a, par surcroît, cet avantage qu’on fait une caricature DÉBUT [Ft 7] de la France. La France vue à distance. Les livres infâmes. DÉBU’I' [Et 8] (Etudes parisiennes par un non—diplomate“) Dirons-nous que le monde est devenu pour moi 1nhabitable —— ? CONSPIRATION DES FLATTEURS CONTRE LA BELGIQQE [Ft 9_] [Coupure d’un journal belge : elle reproduit quelques fragments d’un article paru dans la Revue britannique sous le titre : L’Indufirz'e belge et re: progrè: et se félicite que la Belgique soit proposée en exemple à toute l’Europe.] 8 2 2 Sur la Belgique DÉBUT [Ft 1 0] Faire un travail amusant sur un sujet ingrat. La Belgique et les États— Unis, enfants gâtés des Epzärapbe. [Ft n] gazettes. Cooperh [Ft 12] Mon cœur mis à nu, Notes sur la Belgique (non classées) Spleen de Paris. Stances à Defréî Guide“. BELGIQQE [F 20] DÉBUT Pour la [ride ville ou je mix, C ’e.r“l le .reÿour de l’ignorance, De la peronteur, de.r ennuie, De la fiupide indfiérenee, Un vieux puy: d’obe'dienee, Privé d ’e5prit, rempli de foi. VOLTAIRE, à Bruxelles, 17224. DLesÉ troisB dernUiers m’otsI so‘nt d[e tHrop. 21] Les remerciements de _] oubert. D01s—je remercier Dieu de m’avoir fait l*'rançæus et non Belge ? H. BRUXELLES. Pl_)}'.flflfl0flll€ (le la R.II€. [Ft 352 r" et v"] Première: impressionx. On dit que chaque ville, el»uque puy: a son odeur. Paris, dii‘— —on, sent ou sentait le chou nègre. Le Cap rent le moutonä Ily a de: iles tropicale: qui .rentenl la rose, le mme ou l’ huile ile eoeo. La Russie J‘€fll‘ le cuir. Lyon sent Pauvre Belgique ! 823 le charbon. L’ Orient, en, général, sent le musc et la charogne. Bruxelles sent le savon noir. Les chambres d’ hôtel sentent le ”savon noir. Les lits sentent le savon noir. Les serviettes sentent le savon noir. Les trottoirs sentent le savon noir. Lavage des façades et des trottoirs, méme quand il pleut à flots. Manie nationale, universel/e. Fadeur générale de la vie. Cigares, légumes, fleurs, fruits, cuisine, yeux, cheveux, tout efl‘ fade, tout est trifie, insipide, endormi. La physionomie humaine, vague, sombre, endormie. Horrible peur, de la part du Français, de cette contagion soporeuse. Les chiens seuls sont vivants ; ils sont les nègres de la Belgique. Bruxelles, beaucoup plus brcyant que Paris ; le pourquoi. Le pavé, irrégulier ; la fragilité et la sonorité des maisons ; l ’étroitesse des rues ; l’accent sauvage et immodéré du peuple ; la maladresse universelle : le sifflement national (ce que c’efl' ), et les aboiements des chiens. Peu de trottoirs, ou trottoirs interrompus (conséquence de la liberté individuelle , poussée à ! ’extréme ) . Aflreux pavé. Pas de vie dans la rue. —— Beaucoup de balcons, personne aux bal— cons. Les espions, signe d ’ennui, de curiosité et d’inhospitalité. Trifi‘esse d’une ville sans fleuve. Pas d ’étalages aux boutiques. La flânerie, si chère aux peuples doués d’imagination, impossible a Bruxelles. Rien a voir, et des chemins impossibles. Innombrab/es lorgnons. Le pourquoi. Remarque d’un opti— cien. Étonnante abondance de bossus. Le visage belge ou plutôt bruxellois, obscur, informe, bla­ fard ou vineux, bizarre cons‘îruélion des mâchoires, fc‘upidité menacante. La démarche des Belges, folle et lourde. Ils marchent en rega dant derrière eux, et se cognent sans cesse“. CARACTÈRES GÉNÉRAUX. Bruxelles. [Ft 23] Les odeurs des villes. Paris, dit—on, sent le chou aigre. Le Cap sent le mouton. L’Orient sent le musc et la charogne. Francfort… ? Bruxelles sent le savon noir. Le linge. Insomnie causée par le savon noir. Peu de parfums. 824 Sur la Belgique Peu de ragoût. Fadeur universelle dans les cigares“, les légumes, les fleurs (printemps arriéré, pluvieux, chaleur lourde et molle de l’été), les yeux, les cheveux, le regard. Les animaux semblent tristes et endormis. La physionomie humaine est lourde, empâtée. Têtes de gros lapins jaunes, cils jaunes. Air de moutons qui rêvent. Prononciation lourde, empâtée, les syllabes ne sortent pas de la gorge. Le piment devient ici concombre. Un chapitre sur les chiens, en qui semble réfugiée la vitalité absente ailleurs. Les chiens attelés. (Mot de Duboisk) BRUXELLES. Physionomie de la Rue. [Ft 7.4] Lavage des trottoirs, même quand il pleut à verse. Manie nationale. J’ai vu des petites filles frotter avec un petit chiffon un petit bout de trottoir pendant des heures entières. Signe d’imitation et marque particulièrement d’une race peu difficile sur le choix de ses amusements. BRUXELLES [Ft 334 « non classé »] NKEURS Propreté belge. Esprit d’imitation chez les petites filles. Petites filles frottant, toute la journée, un petit bout de trottoir avec un petit chiffon. Futures ménagères. [Ft 251, fragment] BRUXELLES La fadeur de la vie. Pauvre Belgique ! 825 BRUXELLES [F[ 25, Fragment] CMARA(CETÈURESR GÉSNÉ RCAUXhiens. Nègres de la Bclgique‘. Tristesse des animaux. Les chiens ne sont pas plus ca1essés que les femmes. Il est impossible de les faire jouer et de les rendre folâtres. Ils sont alo1s étonnés comme une proS‘tituée à qui on dit : Mademoiselle. Mais quelle ardeur au travail ! j’ai [vuü] un gros et puissant homme se coucher dans sa charrette et se faire traîner par son chien en montant une montée. C’eSt bien la di&ature du sauvage dans les pays sau­ vages où le mâle ne fait rien. [. . I° BRUXELLES [Ft 26]l——.‘ Prewière: seflscztiom. Bruxelles, ville plus bruyante que Paris. — Pourquoi? I) pavé exécrable, faisant sauter les roues des chariots. a) maladrerse, brutalzté, gaucheräe du peuple, engendrant une\foule d’accidents. (A propos de cette maladresse populaire, ne pas oublier la manière dont marchent les Belges, — en regardant d’un autre côté. — Circuits nombreux d’un homme civilisé pour éviter le choc d’un Belge. — Un Belge ne marche pas, il dégringole.) 5) SifHement universel. 4) Cara&ère criard, braillard, sottisier. Hurlements de la bête belge. Paris, infiniment plus grand et plus occupé, ne donne qu’un bourdonnement vaste et vague, velouté, pour ainsi dire. BRUXELLES [Ft qui n’appartient pas au ms. de Chantilly] Premières impressions causées par le visage humain et la démarche. 826 Sur la Belgique Eussé—je jamais cru qu’on pût être à la fois lourd et étourdi. ? Les Belges prouvent les lois de la pesanteur par leur démarche. Un objet se précipite d’autant plus vite qu ’il est plus lourd. Ils sont d’ailleurs incertains comme des êtres inanimés. Stupidité menaçante des visages. Cette bêtise univer— Rues de [Ft 27] selle inquiète comme un danger indéfini et permanent. BRUXELLES Pourquoi Bruxelles est si bruyant, — Sonorité particulière du pavé. — Fragilité et vibration des maisons. — Maladresse des hommes de peine et des cochers. — Les éclats de voix de la brutalité flamande”. — Les aboiements des chiens. — Le sifflement universel. PENSIONNATS Les Belges, qu’ils s’amusent ou qu’ils pensent, ressem— blent toujours à un pensionnat — hommes, femmes, garçons, petites filles. —— Les femmes même ne pissent qu’en bande. Elles vont en pisserie, comme dit Béroalde‘. Mon combat contre une bande de dames bruxelloises en ribote. BRUXELLES [F 28] Aspe& général des rues. Pas de trottoirs, ou si peu. Affreux pavé. Pas de ruisseaux. Manière dont les habitants se cognent et portent leurs cannes. Pauvre Belgique ! 827 MŒURS. BRUXELLES [Ft 29] Le tic du rire sans motif, surtout chez les femmes. Le sourire est presque impossible. Les muscles de leurs visages ne sont pas assez souples pour se prêter à ce mouvement doux. CARACTÈRES GÉNÉRAUX Pas de vie dans la Rue. Beaucoup de balcons, personne au balcon. Petits jardins au fond de la maison. Chacun chez soi. Portes fermées. Pas de toilettes dans les rues. Pas d’étalages aux boutiques. Ce qui vous manque, c’est le fleuve, non remplacé par les canaux. — Une ville sans fleuve. Et puis les montées perpétuelles empêchent la flânerie. BRUXELLES [Ft 301 CARACTÈRES GÉNÉRAUX EX'I‘ÉRIEURS MŒURS Beaucoup de balcons, personne au balcon. Rien à voir dans la rue. Chacun chez soi ! (petit jardinet intérieur). Les plaintes d’un Italien. Pas d’étalages de boutiques. La flânerie devant les boutiques, cette jouissance, cette infiru&ion, chose impossible ! —— Chacun chez soi ! BRUXELLES [Ft 31] CARACTÈRES GÉNÉRAUX Beaucoup de balcons. Mais personne au balcon. Un peuple qui vit chez soi. D’ailleurs, que pourrait—il regarder dans la rue? 8 z 8 Sur la Belgique BRUXELLES [Ft 52] Traits caractéristiques de la Rue et de la population. Le lorgnon, avec cordon, suspendu au nez. Multitude d’yeux vitrés, même parmi les officiers. Un opticien me dit que la plupart des lorgnons qu ’il vend sont de pures vitres. Ainsi ce lorgnon national 11 ’es‘t pas autre chose qu ’un effort malheureux vers l’élégance et un nouveau signe de l’esprit de singerie et de confor­ m1té‘. BRUXELLES [Ft ;;] CARACTÈRES GÉNÉRAUX Aspe& généralement confortable. Propreté des rideaux et des stores. Fleurs en très grande quantité. Chambres d’aspe& modérément riche. Au fond un jardinet étouffé. Ressemblance étonnante entre tous les appartements. Vu de près, le luxe est non seulement monotone, mais cameloted. BRUXELLES [Et 34] TRAITS GÉNÉRAUX Les Belges sont un peuple siffleur, comme les sots oiseaux. Ce qu’ils sifHent, ce n’eät pas des airs. Vigoureuse proje&ion du sifflement. Mes oreilles déchirées. C’eät une habitude d’enfance incurable. Affreuse laideur des enfants. Pouilleux, crasseux, morveux, ignobles. Laideur et saleté. Même propres, ils seraient encore hideux. Peuple siffleur et qui rit sans motif, aux éclats. Signe de crétinisme. { Tous les Belges, sans exception, ont le crâne vide.

Description:
Un pauvre qui voit des objets de luxe, un homme tri$te qui respire Pauvre Belgique ! 8 21 .. Ce qu' on appelle amour ici eSt une pure gymnastique.
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