Algèbre de groupe en caractéristique 1 et distances invariantes sur un groupe fini Dominique Pierre Castella, Stephane Gaubert To cite this version: Dominique Pierre Castella, Stephane Gaubert. Algèbre de groupe en caractéristique 1 et distances invariantes sur un groupe fini. Mathematische Zeitschrift, 2018, 289, pp.695-709. 10.1007/s00209- 017-1971-3. hal-01674503 HAL Id: hal-01674503 https://hal.inria.fr/hal-01674503 Submitted on 3 Jan 2018 HAL is a multi-disciplinary open access L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est archive for the deposit and dissemination of sci- destinée au dépôt et à la diffusion de documents entific research documents, whether they are pub- scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, lished or not. The documents may come from émanant des établissements d’enseignement et de teaching and research institutions in France or recherche français ou étrangers, des laboratoires abroad, or from public or private research centers. publics ou privés. Algèbre de groupe en caractéristique 1 et distances invariantes sur un groupe fini Dominique Castella · Stéphane Gaubert 7Septembre,2017 Invariantmetricsonafinitegroupariseinparticularinstatistics.Theyturnout tobecloselyrelatedtotheidempotentelementsofthegroupalgebraoverthemin- plussemifield.Thecentralidempotents(correspondingtobi-invariantmetrics)are givenbythecharactersoflinearrepresentationsofthisgroup.Weshowthatthese characters can be obtained from irreducible characters, and more generally, that every idempotent has a unique decomposition as a sum of minimal idempotents. Wecharacterizetheminimalidempotents,andconstructtheirreduciblecharacters from the conjugacy classes of the group. This shows in particular that all the invariant metrics are generated by a finite parametric family of invariant metrics, which are Cayley metrics of cyclic subgroups. The usual distances over S are n easily recovered from this construction. These result partly carry over to infinite groups. Résumé . Les distances et plus généralement les métriques invariantes sur un groupe fini, utilisées en particulier en statistique, sont étroitement liées aux idem- potents de l’algèbre du groupe sur le semi-corps idempotent des réels min-plus. Commedanslecasclassique,lesidempotentscentraux(quicorrespondentauxdis- tances bi-invariantes) sont donnés par les caractères de représentations linéaires de ce groupe. Nous montrons que ces caractères s’obtiennent encore à partir de caractères irréductibles et que plus généralement les idempotents admettent une décomposition unique en somme d’idempotents minimaux. Nous déterminons de façon explicite les idempotents minimaux et nous donnons de même la construc- tion des caractères irréductibles à partir des classes de conjugaison du groupe. Ce travailconduitenparticulieràlamiseenvaleurd’unefamillefiniedemétriquesin- variantes,àvaleursentières,engendranttouteslesautres:cesontlesmétriquesde DominiqueCastella UniversitédelaRéunion Laboratoired’InformatiqueetdeMathématiques,PôleTechnologiqueUniversitaire, 97490SainteClotilde,France E-mail:[email protected], StéphaneGaubert INRIASaclay-Île-deFranceandCMAP,ÉcolePolythechnique,UMR7641CNRS CMAP,RoutedeSaclay,91128PalaiseauCedex,France E-mail:[email protected] 2 DominiqueCastella,StéphaneGaubert Cayley associées aux sous-groupes monogènes. Les distances usuelles sur S s’in- n terprètent alors facilement dans cette construction. Ces résultats se généralisent en partie aux groupes infinis. 1 Introduction Les métriques sur un ensemble fini ont été étudiées en combinatoire et en pro- grammation linéaire (voir en particulier [CD79], [Avi80], [DP00], [DDP02] ou en- core [BD92]). Elles interviennent notamment en analyse phylogénétique ([Bun74], ou[DT98]oubien[DMT96]).Lasituationoùl’ensembleestmunid’unestructure de groupe et où la métrique est invariante (d’un côté ou des deux) apparaît en statistique, voir [Dia88] ou [Cri85], mais aussi en théorie des codes correcteurs. Ces métriques sont alors données par les fonctions longueurs sur le groupe. Les métriquesinvariantessurlegroupesymétriqueS ,quiincluentparexempleladis- n tance de Hamming, ont été particulièrement étudiées. Nous renvoyons le lecteur à [DH98] pour un tour d’horizon. Danscetarticle,nousconsidéronslesmétriquessurungroupedupointdevue del’algèbretropicale:laconstructiondel’algèbredegroupek[G]s’étendaucasoù k est le semi-corps des réels min-plus, R . Ce dernier est constitué des éléments min de R ∪ {+∞} et muni de l’addition (a,b) (cid:55)→ min(a,b) et de la multiplication (a,b)(cid:55)→a+b.desréelsmin-plus.Ladonnéed’unemétrique,invarianted’uncôté, équivautalorsàladonnéed’unidempotentdelasemi-algèbredegroupeR [G], min ladonnéed’unemétriqueinvariantedesdeuxcôtésàcelled’unidempotentcentral de cette algèbre. Ceci nous permet de traduire les questions de décomposition des métriques invariantes en termes d’algèbre de groupe, au sens tropical. Dans le cas classique, l’étude de l’algèbre de groupe k[G] sur un corps k est équivalente à l’étude des représentations linéaires de ce groupe et les idempotents centraux sont donnés par les caractères à valeurs dans le corps. Ils sont donnés par les caractères irréductibles qui forment une base des fonctions centrales sur le groupe.Plusgénéralement,quandlacaractéristiqueducorpsnedivisepasl’ordre dugroupe,lesidempotentssontsommesd’idempotentsminimauxcorrespondantà dessous-modulessimplesdel’algèbredegroupe(voirparexemple[Ser78],[CR81] ou [Ren75]). Nous généralisons ici au cas tropical ces propriétés et, malgré des différences inévitables, nous obtenons des résultats assez similaires qui permettent de décrire les idempotents à partir d’idempotents "minimaux" et les idempotents centraux à l’aide de caractères irréductibles. Ceci permet de décomposer les distances in- variantes sur un groupe comme infimum d’une famille de distances associées aux graphes de Cayley des sous-groupes cycliques. Cesdécompositionssontd’autrepartétroitementliéesàlastructuredugroupe et en particulier au problème de l’écriture minimale d’un groupe comme réunion de sous-groupes propres ([Bha09], [Coh94] ou [CMN08]). Algèbredegroupeencaractéristique1etdistancesinvariantessurungroupefini 3 2 Semi-algèbre de groupe sur un semi-corps idempotent. 2.1 Définitions Les semi-corps idempotents apparaissent comme les "corps" de la caractéris- tique1etilestpossiblededévelopperunealgèbrelinéairedanscecadre;pourles généralitéssurcesstructures,onpourrasereporterà[But03]ouencoreà[GP97], [CC10], [Gol99], [Les09] ou [Cas10] . On définit sans difficultés la notion de module sur un tel semi-corps (voir par exemple [CGQ04]). Dans toute la suite (k,+,×) désigne un semi-corps idempotent totalement ordonné pour la relation d’ordre induite par l’addition (a (cid:54) b si a+b = b); les éléments neutres respectifs de l’addition et de la multiplication seront notés 0 et k 1 et G est un groupe fini. k Onpeut,commedanslecasclassique,considérerl’algèbredegroupek[G],qui estlek-modulelibredebaseG,lamultiplicationsedéduisantparbilinéaritédela loi de G. On notera 1 l’élément neutre de G, qui est donc aussi l’élément unité G de k[G]. k[G] est un semi-anneau idempotent, intègre (mais non simplifiable, puisque (1 +g)2 (cid:54)= 1 +g2 pour g (cid:54)= 1 ), non commutatif si G n’est pas abélien. On G G G (cid:80) appellera support d’un élément x = x g ∈ k[G] la partie de G formée des g g éléments tels que x (cid:54)=0 , (notée supp(x)). g k Un élément e ∈ k[G], e = (cid:80) χ(g)g est un idempotent (e = e2) si et g∈G seulement si la fonction associée χ, vérifie les égalités χ(g)=(cid:80) χ(h)χ(h−1g) h∈G pour tout g ∈ G, c’est-à-dire si la fonction χ est idempotente pour le produit de convolution. Dans la suite le terme idempotent sera utilisé au sens d’idempotent non nul. On utilisera les deux fonctions suivantes de k[G] dans k : (cid:80) Définition 1 Soit x= χ(g)g ∈k[G]; on lui associera les scalaires g∈G (cid:88) M(x)= χ(g) g∈G et (cid:88) N(x)= χ(g) . g∈G,g(cid:54)=1G Remarque 2 On vérifie par un simple calcul que pour tous x,y ∈k[G], M(xy)=M(x)M(y) . (cid:80) Proposition 3 Un élément non nul e∈k[G], e= χ(g)g est un idempotent g∈G si et seulement si la fonction associée χ, vérifie χ(1 )=1 ainsi que les inégalités G k χ(gh) (cid:62) χ(g)χ(h) pour tout (g,h) ∈ G2. χ(g) est alors nécessairement inférieur ou égal à 1 pour tout g ∈G. k 4 DominiqueCastella,StéphaneGaubert Démonstration L’inégalité χ(gh)(cid:62)χ(g)χ(h) résulte aussitôt de l’idempotence. Si e est idempotent, il vient M(e) = M(e)2, et donc M(e) = 0 ou M(e) = 1 . Le k k premier cas est exclu car on a supposé e (cid:54)= 0 et donc M(e) = 1 . Il en résulte k que χ(g) ≤ 1 pour tout g ∈ G et que χ(h) = 1 pour au moins un h ∈ G. k k Comme hn = 1 pour un certain entier n, il vient χ(1 ) ≥ χ(h)n = 1 et G G k donc χ(1 ) = 1 . Par ailleurs, les conditions énoncées dans la proposition sont G k trivialement suffisantes. Remarque 4 Sur le semi-corps k = R des réels "min-plus", c’est à dire sur min le semi-corps (R ∪ {+∞},min,+), e = (cid:80) (cid:96)(g)g est donc un idempotent si et g seulement pour tout couple (g,h) d’éléments de G, (cid:96)(gh)(cid:54)(cid:96)(g)+(cid:96)(h), et (cid:96)(1 )= G 1 =0; (cid:96) est alors à valeurs positives et est une fonction longueur ( ou norme au k sens de [Bat95]) sur G (non nécessairement symétrique), ou ce qui est équivalent, la fonction d, définie par d(g,h)=(cid:96)(g−1h) est une métrique invariante à gauche. Il est facile de voir que cette fonction d est une distance (finie) si et seulement si, pour tout élément de G, g (cid:54)=1 , 0<(cid:96)(g−1)=(cid:96)(g)<+∞. G Lespointsdontladistanceàl’élémentneutreestfinieformentunsous-groupe K de G et de même les points dont la distance à 1 est nulle forment un sous- G groupeH;cesdeuxsous-groupessontnormauxsidestbi-invarianteetdanscecas lasemi-métriquesurGprovientdoncd’unemétriquesurlegroupequotientK/H : (cid:80) Lemme 5 Si e = χ(g)g est un idempotent d’un groupe fini G, l’ensemble g∈G des g ∈G tels que χ(g)=1 et l’ensemble des g ∈G tels que χ(g)>0 sont des k k sous-groupes de G. Démonstration Lafonctionχestidempotente,d’où:1 (cid:62)χ(gh)(cid:62)χ(g)χ(h),pour k toutcouple(g,h)∈G2,cequiprouvequeH =χ−1(1 )etK =χ−1(]0 ,1 ])sont k k k stablesparproduitetsontdoncdessous-groupes(puisqu’ilscontiennentl’élément neutre). 2.2 Idempotents indécomposables Définition 6 Un idempotent e∈k[G] est dit indécomposable s’il n’est pas somme (cid:80) d’idempotents strictement plus petits (i.e. vérifie la condition : e= e où les e i i i sont des idempotents, implique que e=e , pour au moins un i). i On dira de même qu’une fonction de G dans k idempotente (pour le produit de convolution) est indécomposable si l’idempotent associé l’est, c’est-à-dire que, si elle est la somme d’autres fonctions idempotentes, elle doit être égale à l’une d’elles. (cid:80) Proposition 7 Soit n l’ordre du groupe fini G. Pour tout x= x g ∈k[G], g∈G g tel que M(x)(cid:54)1 , on peut définir l’étoile de Kleene de x : k x∗ =(cid:80) xk =(cid:80) xk et x∗ est un idempotent de k[G]. k∈N 0(cid:54)k(cid:54)n−1 Algèbredegroupeencaractéristique1etdistancesinvariantessurungroupefini 5 Démonstration Cette série est stationnaire à partir du rang n−1 : le support de x∗ est inclus dans le sous-groupe H d’ordre m (cid:54) n, engendré par le support de x. Toute décomposition minimale d’un élément de H en produit g d’éléments du i support de x, h = g ···g (i.e. avec k tel que les g ···g soient tous distincts 1 k 1 s pour s (cid:54) k), a donc au plus m−1 éléments et les autres décompositions ont des coefficients inférieurs puisque les x sont plus petit que 1 . g k Il est alors clair que x∗ est bien idempotent. Proposition 8 Soit G un groupe fini d’ordre n. 1) N(ef)=N(e)+N(f) pour tout couple d’idempotents de k[G]. 2) A tout élément g (cid:54)= 1 de G, et tout λ ∈ k, λ (cid:54) 1 , on peut associer l’idem- G k potent e =(λg)∗ =(cid:80)n−1(λg)k de k[G]. λ,g 0 3) Si f =e , N(f)=λ. λ,g Les idempotents e et e associés à deux éléments distincts g et h du groupe λ,g µ,h sont donc différents si 0<λ<1 ou 0<µ<1 . k k (cid:80) (cid:80) (cid:80) Démonstration 1) En notant e = χ(g)g, f = ψ(g)g et ef = θ(g)g, on a, pour g (cid:54)= 1 , θ(g) = (cid:80) χ(h)ψ(k) (cid:54) N(e)+N(f). Comme e et f sont des G hk=g idempotents θ(g)(cid:62)χ(g)ψ(1 )+χ(1 )ψ(g)=χ(g)+ψ(g), d’où l’autre inégalité. G G 2) Ceci découle de la proposition précédente. 3)Commeλ(cid:54)1 ,ilestimmédiatqueN((λg)∗)=λ;sie =e onadonc k λ,g µ,h λ = µ et si 0 < λ < 1 , pour tout u ∈ G, u (cid:54)= 1 , u (cid:54)= g, le coefficient de u est k G strictement inférieur à celui de g ce qui impose donc h=g. Nous allons montrer que ces idempotents, qui se classent en familles indicées par [0 ,1 ] dans k, attachées aux éléments de G, sont les idempotents indécom- k k posables et permettent d’obtenir tous les idempotents de k[G] : Proposition 9 SoitGungroupefinid’ordren.Touslesidempotentssontsommes d’une famille finie d’iidempotents e , 0 (cid:54)λ(cid:54)1 , g ∈G. λ,g k k Tous les idempotents indécomposables sont donc de cette forme et les idempotents de cette forme sont tous indécomposables. (cid:80) Démonstration Soit e= χ(g)g un idempotent de k[G] : considérons les idempotentsgf =(χ(g)g)∗, (g (cid:54)=1 ) et f =(cid:80) f ; comme, pour toutg,e(cid:62)χ(g)g,onaaussie(cid:62)g f etdonce(cid:62)f.MGaise=(cid:80) χg(gg)g (cid:54)(cid:80) f =f g g g g et on a donc l’égalité. Ceci prouve que tous les idempotents sont sommes d’une famille finie de f et si g de plus e est indécomposable, c’est donc l’un de ces idempotents. Soit maintenant e=(λg)∗ pour λ(cid:54)1 , g ∈G : k Sieestla sommed’une famillefinied’idempotents(e ),chaquee étant luimême i i sommed’idempotentse =(λ g )∗,epeutdoncs’écrirecommesommedeces i,j i,j i,j idempotents. On a nécessairement λ = N(e) (cid:62) N(e ) = λ (cid:62) λki,j = λ, pour au moins un i,j i,j i,j 6 DominiqueCastella,StéphaneGaubert couple (i,j), avec g = gki,j; on a alors nécessairement, si λ < 1 , k = 1 et i,j k i,j λ = λ , ce qui donne e = e et prouve donc bien que e est indécomposable; si i,j i,j λ=1 ,cequiprécèdemontrequegappartientausous-groupeengendréparg et k i,j d’autreparte(cid:62)e montreréciproquementqueg estdanslesupportdeeetap- i,j i,j partientausous-groupeengendréparg;onadoncencorequee=g∗ =g∗ =e . i,j i,j Lemme 10 Onae (cid:54)e ,pourdeuxidempotentsindécomposables,sietseule- λ,g µ,h ment si g appartient au sous-groupe engendré par h et λ(cid:54)µk où k est le plus petit entier tel que g =hk. Démonstration Laconditionestnécessairepuisquelecoefficientdeg danse est µ,h justement µk. Réciproquement λg (cid:54)e implique bien e =(λg)∗ (cid:54)e . µ,h λ,g µ,h Lapropositionsuivantemontrequ’unidempotentadmetuneuniquedécompo- sition(àl’ordreprès)ensommed’idempotentsindécomposables,quiestlasomme des indécomposables maximaux parmi ceux inférieurs à cet idempotent : (cid:80) Proposition 11 Soite= θ(g)gunidempotentdek[G].SoientE l’ensemble g∈G des idempotents f =(θ(g)g)∗ et F l’ensemble des g ∈G tels que f soit maximal g g (cid:80) dans E : l’écriture e = f est minimale et toute décomposition de e en g∈F g somme d’idempotents indécomposables contient ces idempotents. Démonstration D’après la proposition précédente, il est clair que l’on a bien e = (cid:80) f . g∈F g On peut alors remarquer que e +e = e et donc qu’une écriture mini- λ,g µ,g λ+µ,g male (c’est-à-dire dont on ne peut enlever aucun terme) comportera au plus un idempotent indécomposable défini par chaque g ∈G. Soitalorsunetelledécompositionensommed’idempotentsindécomposablesdee: e=(cid:80) (µ g)∗;pourg ∈F,e(cid:62)f impliquequ’ilexisteh∈Gtelquehk =get g∈K g g µk (cid:62)θ(g),soit(µ h)∗ (cid:62)f ,cequipardéfinitiondeF donnee =(µ h)∗ =f . h h g µ,h h g Remarque 12 Distance de Cayley : Pour obtenir un idempotent à coefficients non nuls, il suffit de partir d’une famille génératrice S et de considérer l’idempotent e =(λ(cid:80) g)∗ ou, plus gé- λ g∈S néralement, l’idempotent e =((cid:80) λ(cid:96)(g)g)∗ où (cid:96) est définie sur S. λ g∈S On a alors eλ = (cid:80)λ(cid:96)S(g)g où (cid:96)S est ici la fonction longueur prolongée à G en posant (cid:96) (g)=inf{(cid:96)(g )+···+(cid:96)(g ) / g ···g =g,∀i,g ∈S}. S 1 k 1 k i Parexemple,pourS sil’onprendpourS laclassedestranspositions,lalongueur n d’une transposition est la longueur de sa décomposition minimale en produit de transpositions et la distance associée est la distance de Cayley. La distance de Hamming s’obtient de même à partir de la famille génératrice S composée des cycles, mais avec (cid:96)(σ) égal à la longueur du cycle σ : la distance à l’unité d’un cycle pour la distance de Hamming est égale à la longueur du cycle et pour une permutation le nombre d’éléments déplacés est inférieur ou égal à la somme des longueurs des cycles; le minimum de cette somme est donc obtenue avec la décomposition en produit de cycles de supports disjoints et est bien égal à la distance de Hamming entre cette transposition et l’identité. Algèbredegroupeencaractéristique1etdistancesinvariantessurungroupefini 7 Corollaire 13 En posant (cid:96) (h) = inf{k ∈ N / h = gk} si h est dans le sous- g groupe engendré par g, et +∞ sinon, on obtient donc une famille de fonctions longueurs à valeurs entières (et donc de métriques invariantes associées) telle que toute fonction longueur puisse s’écrire comme minimum d’au plus n−1 fonctions longueurs α (cid:96) , 0<α . (cid:96) est la fonction longueur associée au graphe de Cayley g g g g du sous-groupe monogène engendré par g. (cid:80) Remarque 14 Pour λ = 1 , l’écriture minimale de l’idempotent ω = g k G g∈G donnée par la décomposition en idempotents indécomposables obtenue ci-dessus s’obtient en gardant les g∗ tels que g engendre un sous-groupe cyclique maximal, puisque si g engendre le sous-groupe H, g∗ =ω =(cid:80) h; cette décomposition H h∈H estdoncéquivalenteàl’écrituredeGcommeréuniondesessous-groupescycliques (cid:80) maximaux (en effet G=∪ H équivaut à ω = ω ) ([CMN13] ou [LG16]). i i G i Hi 3 Centre de l’algèbre et caractères 3.1 Centre de l’algèbre Soient G un groupe fini et k un semi-corps idempotent totalement ordonné. Lecentredecesemi-anneauZ =Z(k[G])estengendrécommehabituellementpar (cid:80) lesélémentsa = g,oùC estuneclassedeconjugaisondeG(puisquepour C g∈C x ∈ Z et pour tout g ∈ G, gxg−1 = x, ce qui implique que les coefficients de deux éléments conjugués sont les mèmes). C’est donc encore un k-module libre de dimension le nombre de classes de conjugaison de G. La base (θ ), duale de la base (a ) de Z, est donc une base de l’ensemble des C C fonctions centrales (i.e. constantes sur les classes de conjugaison) sur G à valeurs dans k. Un idempotent e est central si et seulement si la fonction idempotente (cid:80) associée χ, (telle donc que e = χ(g)g) est centrale (i.e. constante sur les g∈G (cid:80) classes de conjugaison) et on peut alors écrire e = χ(a )a , oû C parcourt C C C l’ensemble des classes de conjugaison de G. Définition 15 Unefonctioncentraleidempotente(pourleproduitdeconvolution) sera appelée caractère idempotent de G. Remarque 16 Un caractère idempotent χ définit donc un idempotent central de (cid:80) l’algèbre de groupe e= χ(g)g. Lavaleurengducaractèreχestlatracedel’endomorphismedek[G],h(cid:55)−→eg−1h (multiplication par eg−1) : ce qui correspond dans le cas classique au fait que le caractère considéré est la trace de la représentation sur ek[G], sous-représentation de la représentation régulière. On appellera m le nombre de classes de conjugaison distinctes de G, qui est donc aussi la dimension du centre Z de k[G]. 8 DominiqueCastella,StéphaneGaubert 3.2 Idempotents irréductibles Définition 17 Un idempotent e est dit irréductible s’il est central et s’il n’est pas la somme d’une famille finie d’idempotents centraux strictement inférieurs : i.e. si e=(cid:80)n e , où les e sont des idempotents centraux et n∈N, implique que i=1 i i e=e , pour au moins un i. i On dira de même qu’un caractère idempotent est irréductible si l’idempotent associé l’est, c’est à dire que, s’il est la somme d’autres caractères idempotents, il doit être égal à l’un d’eux. Nous allons montrer que ces idempotents irréductibles, permettent d’obtenir tous les caractères idempotents et donc tous les idempotents centraux de k[G], et se classent en familles indexées par [0 ,1 ] dans k, attachées aux classes de k k conjugaison de G : Proposition 18 SoitC laclassedeconjugaisonréduiteàl’élémentneutredeG. 1 1) Pour toute classe de conjugaison C de G, la suite ((C ∪C)k) est croissante 1 k et stationnaire à partir d’un rang p(cid:54)m−1. 2)PourtouteclassedeconjugaisonC deGettoutλ∈k,λ(cid:54)1 ,lasérie((cid:80)λkak) k C converge et (λa )∗ =(cid:80) (λa )n =(cid:80)m−1λkak. C n∈N C 0 C e = (λa )∗ est un idempotent central de k[G], de caractère associé (λθ )∗ λ,C C C (l’étoile s’entendant ici au sens du produit de convolution des fonctions centrales sur G). 3) Tous les idempotents centraux sont sommes d’une famille finie d’idempotents e , C parcourant les classes de conjugaison de G, 0(cid:54)λ(cid:54)1 . Tous les idempo- λ,C k tents irréductibles sont donc de cette forme et les idempotents de cette forme sont tous irréductibles. 4) La décomposition minimale d’un idempotent central en somme d’irréductibles est unique (à l’ordre près). Démonstration 1) Pour tout k, (C ∪C)k est une réunion de classes de conju- 1 gaison : soit n le nombre de ces classes. La suite ((C ∪C)k) est croissante et k 1 stationne dès que deux termes consécutifs sont égaux; il en est donc de même de la suite (n ). Dans le cas non trivial où C (cid:54)=C , n =2 et n (cid:54)m, le résultat est k 1 1 k clair. 2) La convergence résulte du a) et le reste de l’assertion se vérifie de manière élémentaire. 3)Lapreuveestanalogueàcelleconcernantlesidempotentsindécomposables: (cid:80) (cid:80) Soit e = µ g = µ a un idempotent central de k[G] : considérons les idempotentsgf g = (µ Ca )C∗ eCt f = (cid:80) f ; comme, pour toute classe C, e (cid:62) C C C C C µ a , on a aussi e(cid:62)f et donc e(cid:62)f. C C C Mais e=(cid:80) µ a (cid:54)(cid:80) f =f et on a donc l’égalité. C C C C C Ceci prouve que tous les idempotents centraux sont sommes des f et si de plus C e est irréductible, c’est donc l’un de ces idempotents. Soit e=e pour λ(cid:54)1 , C désignant une classe de conjugaison de G. λ,C k Si e est la somme d’une famille finie d’idempotents centraux, chacun étant lui Algèbredegroupeencaractéristique1etdistancesinvariantessurungroupefini 9 même somme d’idempotents associés à des classes de conjugaisons, il suffit donc, iciencore,deconsidérerunedécompositione=(cid:80)(λ a )∗ etdemontrerquel’un i Ci de ces idempotents est nécessairement égal à e : onadoncpourg ∈C,λ=λr pouraumoinsunietunr∈NtelqueC ⊂Cr;on i i a d’autre part N(e)=λ(cid:62)N((λ a )∗)=λ . D’où, si λ(cid:54)=1 , r =1, soit C =C i Ci i k i et λ = λ , ce qui donne le résultat. Si λ = 1 , ce qui précède montre que C est i k incluse dans le sous-groupe H engendré par C . i i L’inclusion de H dans le sous-groupe H = supp(e) est donné par l’inégalité i e(cid:62)(λ a )∗. L’égalité des sous-groupes équivaut ici à l’égalité des idempotents. i Ci 4) L’unicité se démontre aussi en suivant la même méthode que pour la dé- composition en indécomposables : on peut d’abord remarquer que e +e = e et donc qu’une écriture λ,C µ,C λ+µ,C minimale comportera au plus un idempotent irréductible défini par chaque classe C ⊂G. D’autre part on a encore e (cid:54)e si et seulement si il existe k tel que C ⊂Dk λ,C µ,D et λ (cid:54) µk. L’écriture minimale de f = (cid:80)f a s’obtient en prenant uniquement C C la somme des e maximaux dans la famille. fC,C (cid:80) Remarque 19 Pour λ=1 , la décomposition de l’idempotent ω = g obte- k g∈G nueci-dessusrevientàécrirelegroupeGcommeréuniondesous-groupesnormaux engendrés par certaines classes de conjugaisons, et ces sous-groupes seront propres si aucune classe de conjugaisons n’engendre le groupe. Un groupe sera donc "anti- simple" si et seulement l’idempotent ω n’est pas irréductible ([Bha09]). La proposition précédente permet aussi de donner une caractérisation simple desidempotentsirréductibles,quinesontpasdelaformeω pourunsous-groupe H H de G : Proposition 20 1) Si e et f sont deux idempotents centraux, e+f est un idem- potent si et seulement si ef =e+f. 2) Un idempotent e, tel que N(e)(cid:54)=1 , est irréductible s’il est central et vérifie la k condition : e=fg où f et g sont deux idempotents centraux implique e=f ou e=g. Démonstration 1) Comme les idempotents sont tous supérieurs à 1 , ef est un G idempotent (car e et f sont centraux) supérieur à e+f. Or (e+f)2 =e+f+ef. 2)Supposonsvérifiéelaconditiondu2):sie=e +e ···+e :onademême 1 2 n e(cid:54)e e ···e (cid:54)en =e, d’où e=e ou e=e ···e et on a donc le résultat par 1 2 n 1 2 n itération. Réciproquement il suffit, d’après la proposition précédente, de montrer que les e = (λa )∗ vérifient cette condition, soit donc que e = fg où f et g sont λ,C C λ,C deux idempotents centraux, implique e=f ou e=g : or on peut écrire f = (cid:80)e et g = (cid:80)e , 1 (cid:54) i (cid:54) m où les C sont les m λi,Ci µi,Ci i classes de conjugaisons et les λ , µ des scalaires inférieurs à 1 . i i k De l’égalité e = (cid:80) e e et de e e = (cid:80) λkµlak al on tire i,j λi,Ci µj,Cj λi,Ci µj,Cj k,l i j Ci Cj
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