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679 Pages·2008·31.34 MB·French
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A R C H I V ES DE CRIMINOLOGIE ET DE PSYCHOLOGIE NORMALE ET PATHOLOGIQUE (fondées en 1886, avec la collaboration <ln Dr Albert Bonrnet) PUBLIÉES SOUS LA iHRKOTION 1)K A. liACASSAGNE G. TARDE Pour la partie Biologique Pour la partie Sociologique Avec la collaboration de MM. Ai.. BKRTILLON. — IMIUBDISSON.— R. GARRAUD.— LADAMB. — MANOUVRIIÎR Revue paraissant tous les deux mois par fascicule d'au moins 112 pages TOME QUINZIÈME 1 9 00 S 16 7 9 EDITEURS A. STOKCK'.ETO, LYON MASSON ET O, PARIS î, Rue de la Méditerranée 120, boulevard Saint-Germain DEPOSITAIRES LYON, GENÈVE, RALE : Librairie H. GEORG PAULS : LAROSE et FORCEL, 22, rue Soufflot BRUXELLES : MANCEAUX. 12, rue des Trois-Têtes TURIN, ROME : BOCCA Frères I j ARCHIVES D'ANTHROPOLOGIE CRIMINELLE DE CRIMINOLOGIE ET DE PSYCHOLOGIE NORMALE ET PATHOLOGIQUE L'ESPRIT DE GROUPE CONFÉRENCE FAITE AU COLLÈGE LIBRE DES SCIENCES-SeetALES le 6 novembre 1899, par G. TAIIUE \Jesprit de groupe, ou, dans le sens le plus large du mot, l'esprit de corps, comprend plusieurs variétés importantes. Il y en a dont je ne parlerai pas, parce qu'elles me paraissent bien malaisées à définir, comme le serait, par exemple, un certain esprit de corps que Schopenhauer dit exister entre toutes les femmes, uniquement parce qu'elles sont femmes. Cet esprit de corps féminin n'est ni plus ni moins réel que l'esprit de corps masculin correspondant, par lequel on a quelquefois expliqué les injustices de la législation au préjudice des femmes. Laissant donc de côté ces deux variétés si discutables, nous en trouvons un nombre considérable de bien réelles : 1° L'esprit de foule qui a rang à part ; 2° h'esprit de famille, qui, dans un milieu barbare et belli queux où les familles juxtaposées se heurtent et se ferment haineusement les unes aux autres, s'accentue en esprit de clan. Le clan n'étant que la famille réelle ou fictive, étendue par l'adoption, fortifiée par la discipline traditionnelle, l'esprit de clan n'est que l'esprit de famille armé et militarisé : 3° L'esprit de métier, ou, dans le sens précis du mot, Vesprit de corps proprement dit. Il se subdivise en autant d'espèces 6 G. TARDE qu'il y a de grandes catégories de professions : esprit sacerdotal, esprit universitaire, esprit militaire, esprit judiciaire, esprit mercantile. L'esprit de métier donne naissance à Y esprit de classe et à Y esprit de caste. A l'esprit de caste, quand la profession est et demeure héréditaire : caste, c'est un hybride de famille et de métier. A l'esprit de classe, quand il y a un groupe de profes sions qui sont intimement unies, même quand elles rivalisent, car elles sont mises sur le même pied et on passe facilement de l'une à l'autre sans se déclasser, la même famille donnant un de ses fils à l'armée, un autre à la magistrature, un troisième au barreau, un quatrième à la médecine, ou à l'Université ; ou bien, dans la classe des artisans, donnant un de ses fils à la cordonnerie, un autre à la chapellerie, etc., ou bien dans la classe des paysans, un de ses fils à la viticulture, l'autre au labourage, l'antre à l'horticulture, etc. Mettons à part la classe des littérateurs et celle des artistes. 4° \J esprit de parti diffère de l'esprit de clan et de l'esprit de classe. Il groupe ensemble des individus appartenant aux familles et aux classes les plus différentes, h'esprit de coterie en est un diminutif. L'esprit de cour en a été une espèce singu lièrement originale et importante sous l'ancien régime. \J esprit de parti, au contact de la presse, tend à se transformer en quelque chose de tout à fait nouveau: Y esprit de public. o° Il y a aussi Y esprit de secte religieuse. 6" Il y a au-dessus de tous ces esprits-là, et les comprenant, Y esprit de nation, le patriotisme qui n'est, en effet, qu'un esprit de corps agrandi. Les transformations du patriotisme en degré et en nature, ses changements d'après l'étendue croissante des régions aux limites desquelles il s'arrête et d'après les sen timents qu'il combine, sont à étudier de près. 7° Enfin, n'y a-t-il pas à indiquer la place d'un esprit de groupe supra-national, d'un esprit de civilisation (ou aussi bien de religion, la carte des civilisations différentes correspondant assez bien à la carte des grandes religions): esprit chrétien, esprit bouddhique, esprit musulman?... Il s'agit d'étudier toutes les variétés à&Y esprit de groupe que nous avons énumérées, de remonter à leur source commune. L ESPRIT DE GROUPE 7 psychologique ou plutôt socio-psychologique, et d'expliquer le sens de leurs transformations générales, leur rôle dans la formation et le développement des sociétés. La question qui nous occupe est peut-être le point le plus central de la sociologie. L'esprit de corps, c'est précisément ce qu'un sociologue américain, Giddings, appelle la conscience d'espèce et qui est d'après lui le fait social élémentaire. A vrai dire, il s'est abusé en prenant pour le fait élémentaire ce qui n'en est qu'un des premiers effets, mais il n'a pas eu tort d'attacher une grande et capitale importance à ce sentiment profond qui naît entre nous quand, à force de nous voir, de frayer ensemble, de nous entre-refléter à notre insu ou volon tairement, nous nous sentons peu à peu liés par une solidarité étroite et intime. — Comment naît et se développe l'esprit de groupe et quels sont ses caractères communs en dépit de ses diversités ? Dans les foules, nous le voyons germer, et nous voyons là en quoi il consiste: en un orgueil collectif intense, en un amour-propre très susceptible commun à tous les membres de la foule, et aussi en une sympathie mutuelle, maïs close, qui fait leur solidarité. Si l'on touche à l'un, on touche à tous. Même composé d'individus modestes et libéraux, une foule est orgueilleuse, susceptible et intolérante — et d'autant plus qu'elle est composée d'éléments plus homogènes — où la communauté de but et d'idée, de sentiments renforcés par le mutuel contact et, le mutuel reflet, est plus vivement ressentie. On peut surprendre aussi l'esprit de corps en voie de forma tion dans les congrès. On y voit, à mesure que la discussion se prolonge et que les congressistes ont eu plus de temps pour s'impressionner les uns les autres, pour se créer une atmosphère intellectuelle à part, croître l'orgueil corporatif et l'intolérance corporative qui en est la suite. On finit par n'y plus souffrir la moindre dissidence ; et on y flaire l'hérésie de très loin, avec la finesse de perception de l'inquisiteur le plus exercé. — Quand il s'agit de congrès internationaux, c'est-à-dire moins homogènes, où la diversité des langues nuit à la parfaite communion des esprits, ce phénomène est moins accusé. — On en arrive facilement à se persuader, de bonne foi ; 8 G. TARDE vers la fin d'un congrès, que le sujet dont on s'occupe, si frivole qu'il soit, est le plus important qui puisse être traité — et l'on ressent un mépris profond pour tous les congrès quel conques autres que le sien. — Heureusement les congrès sont généralement courts, et comme ils sont multiples et divers — d'une multiplicité et d'une diversité toujours crois santes— ils se servent d'antidote les uns aux autres. Mais, tant qu'il s'agit de rassemblements ou de réunions éphémères, qui se dissolvent pour ne plus se réunir — foules proprement dites, congrès isolés — l'esprit de corps n'est encore qu'à l'état naissant. Il n'apparaît dans toute sa vigueur adulte qu'au sein de sectes, de corporations, de sociétés durables, qui ont une coutume et une tradition propres. Tant qu'il n'y a d'autre lien entre les membres d'une réunion que leur entièvrement simultané par quelque idée nouvelle, à la mode, pour quelque étoile filante qui leur a lui, leur sym pathie réciproque peut être très vive et très exclusive, leur vanité commune très suceptible et très dangereuse ; mais c'est un feu de paille. Leur sympathie mutuelle ne devient de la solidarité profonde, capable de tous les dévouements et de toutes les injustices, leur vanité ne devient de l'orgueil aux puissantes racines, qu'à partir du jour où, à force de se répéter, de devenir périodique et habituelle, la réunion s'est transformée en association (c'est le cas de beaucoup de congrès, de beaucoup de réunions de salons, de beaucoup de cafés littéraires, de beaucoup de clubs) et a engendré une tradition, une coutume. Alors, le vrai lien entre les membres du groupe est leur conformité à un type traditionnel, plus ou moins ancien et quelquefois ancestral, non à un modèle nouveau, contemporain, très souvent exotique. S'il y a deux grandes espèces d'imitation à distinguer, l'imitation des nouveautés, caractère des temps de crise, et l'imitation des vétustés, propre aux sociétés assises — la mode et la coutume — il semble que je devrais ici distinguer, avant tout, deux grandes catégories d'esprit de corps : ceux qui naissent de groupements formés sous l'empire d'engoue ments passagers — et ceux qu'alimente, dans des groupements durables, parfois séculaires et héréditaires, le respect des L'ESPRIT DE GROUPE 9 choses du passé. — Et celte distinction est bonne à retenir, elle explique la différence, si frappante à première vue, entre nos syndicats ouvriers d'à présent, par exemple, et les cor porations d'autrefois, — ou aussi bien entre nos assemblées parlementaires et les Parlements d'ancien régime. Mais, si réelle que soit cette distinction, elle ne doit pas faire perdre de vue cette vérité qu'en réalité, les deux sortes d'esprit de corps distinguées sont deux phases successives d'un même phénomène de psychologie collective, et deux phases dont la première aboutit inévitablement à la seconde si les circons tances le lui permettent. Elle y aspire toujours, en tout cas. Il n'est pas une association, en effet, même la plus large, la plus ouverte, la plus libérale, aujourd'hui, qui ne tende à se clore, à se solidifier en tradition, ce qui ne veut pas dire nécessairement à se hérisser de remparts inhospitaliers percés de meurtrières. Et il n'y a pas de corporation murée, et si étroite ment routinière, qui n'ait commencé jadis par l'initiative d'une pensée libre et hardie. Il faut donc savoir où l'on va quand on crée une association: on tend toujours à faire surgir un esprit de corps, — un esprit de corps de la première espèce, soit, — mais destiné, si Dieu lui prête vie, à se transformer en l'autre esprit de corps qui pourrait être un redoutable écueil du progrès, si du moins on n'y prenait garde. Car un corps peut se traclitionnaliser sans se murer et sans s'armer jusqu'aux dents. On peut, en effet, distinguer dans l'esprit de corps — considéré dans n'importe laquelle de ses variétés et qu'il soit nouveau ou ancien, novateur ou traditionnaliste — deux aspects, deux côtés liés l'un à l'autre mais qui peuvent se développer très inégalement : le côté hérissé, rugeux, âpre, que le groupe présente au dehors, la haine ou le mépris de l'étranger et du dissident ; et le côté intérieur, velouté, la sympathie et le dévouement réciproque. L'esprit de corps ressemble aux écrins qui ont leur velours en dedans — pour parler comme Joubert. Mais il est des esprits de corps où c'est surtout la peau chagrinée et dure qui est épaisse et envahit tout ; dans d'autres, il n'y a presque pas de peau, tout est velours. De cette distinction, comme de la précédente, je ne dirai pas 10 G. TARDE qu'elle caractérise deux phases successives de l'évolution des esprits de corps en général, mais je dirai qu'elle signale les deux versants possibles de tout esprit de corps. Tous ont à choisir entre deux voies : l'une les conduit à être de plus en plus méprisants, haineux, intolérants, aussi bien l'esprit de famille que le patriotisme, aussi bien l'esprit de classe que l'esprit de parti, l'esprit de foule que l'esprit de secte. Alors l'esprit de famille, c'est l'esprit de clan ; le patriotisme, c'est le chauvi nisme agressif et hargneux, l'esprit déclasse, c'est de l'esprit de caste. Il y a beaucoup de personnes qui ne conçoivent l'esprit de corps qu'en cet état et aux yeux desquelles le patrio tisme, par exemple, s'évapore dès qu'il cesse d'être ridiculement orgueilleux et farouche. C'est comme si l'on disait que l'esprit de famille se perd en France, parce que, de moins en moins, chaque famille se regarde comme d'une essence supérieure et à part. Ce que Y orgueil familial a perdu, le dévouement familial, la tendresse domestique l'a gagné, et il y a compen sation. Telle est la transformation désirable de tous les esprits de groupe; tous, y compris le patriotisme, y aspirent s'ils n'y parviennent pas toujours, et sont destinés, par le continuel échange des emprunts mutuels, à s'adoucir en s'élargissant. C'est sur cette pente qu'il convient de les aider à glisser, car c'est le moyen de porter remède à leurs dangers en mettant à profit leur force précieuse. Ce serait une erreur de croire qu'un groupement ne saurait devenir traditionnel sans se développer dans la voie de l'hostilité contre l'étranger, ou qu'un groupement nouveau, et sans tradition encore, est nécessairement plus large, plus ouvert, plus hospitalier, qu'un groupement ancien. L'inverse est le cas le plus fréquent. Le groupe le plus antique et le plus coutumier, la famille, est le plus pacifique de tous, et l'a toujours été, même quand il s'entourait de hautes murailles et d'une âpreté d'orgueil, en général purement défensif. Les A'ieux partis, qui ont des traditions, sont moins agressifs, d'une intoléranee moins insupportable que les partis nouveaux, dans toute l'ardeur de leur zèle conquérant. Il n'est point de corporation ouvrière d'ancien régime, même des plus pro cessives, qui ait égalé en intransigeance sectaire, en boycottage L ESPRIT DE GROUPE l'i implacable, en ambition envahissante, quelques-unes des immenses fédérations des travailleurs américains. Nous venons d'indiquer sommairement les deux procédés successifs — mode et coutume — par lesquels se forme l'esprit de corps, et les deux sens dans lesquelles il peut se développer en se formant. Disons maintenant que, une fois formé, il tend toujours, un jour on l'autre, à se déformer, et, à travers une crise plus ou moins longue, à se reformer sous une forme agrandie — souvent adoucie et meilleure. Il y a là trois étapes à signaler dans la vie de tous les groupements humains, quand elle se prolonge assez pour aller jusqu'au bout de leur développement. Passons-les successivement en revue. La première, la période de formation, se caractérise, quand elle est complète, par des signes très nets; toujours par un point d'honneur spécial, et par un cérémonial pieusement observé, le plus souvent par un uniforme particulier, et, quand c'est le côté haineux qui prédomine, par le boycottage, dont les variétés sont infinies. Disons d'abord un mot de ce dernier phénomène. Il y a un boycottage familial, là où la famille est restée tribu, et qui consiste à agir comme si non seulement tous les ennemis mais tous les adversaires et tous les émules de nos parents étaient nos ennemis. Il y a un boycottage mondain, très pratiqué, qui fait fermer la porte de tous les salons d'une classe à quiconque se refuse à incliner sa raison devant le mot d'ordre ou le mot de passe du groupe. Il y a un boycottage militaire, un boycottage ecclésiastique, un boycottage judiciaire, tout comme un boycot tage ouvrier ou patronal. Et telle femme du monde, qui se scandalise à la lecture d'un fait dégrève, d'une excommunication majeure prononcée pardes ouvriers syndiqués contre leurs camarades non-syndiqués et non-grévistes, oublie qu'elle-même,à certains moments,a rompu toutes relations avec quelques-uns de ses plus vieux amis, coupables de ne pas penser comme elle sur un certain sujet. Il y a aussi un boycottage national. N'a-t-il pas été question de nous l'infliger à propos de l'Exposition? Partout où l'esprit de groupe est adulte et intense, il tend à s'exprimer par le port d'un uniforme distinctif. Plus on remonte

Description:
succès de leur amour. La femme Aveline écrivait à son amant : « Je suis allée cette semaine à Notre-Dame des Victoires et j'ai fait brûler un cierge pour la réalisation de nos projets. » — Marie Stuart, écri- vant à Bothwel, son amant, lui dit : « Nous sommes conjoints à deux. (1) Ju
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