10 000 ANS DE PREHISTOIRE r?-*' fa®1 i'Sm,: mobSSììs, Milito mm ZEu yMàmt i*&&£éj&ìkàmtd mm •mm : 1000 ans avant J.-C. : une roue en frène 10 ANS DE RECHERCHES ARCHÉOLOGIQUES EN PAYS DE VAUD / (Grane&oj ” ? >YverddnJles-BàM$ar IVOIS phamjjfertdes Morges r 10 000 ANS DE PREHISTOIRE Dix ans de recherches archéologiques en Pays de Vaud Musée cantonal d’archéologie et d’histoire Lausanne. Palais de Rumine Du 27 avril 1991 au 31 mars 1992 Document du Musée cantonal d’archéologie et d’histoire. Lausanne. 1991. Rédaction du catalogue: Gilbert KAENEL et Pierre CROTTI Collaborations scientifiques: Les rédacteurs ont utilisé des textes, des contribu- tions et des documents (souvent inédits) de: - Gervaise PIGNAT (chapitre 1) - Patrick MOINAT (chapitre 2) - Anne-Catherine CASTELLA Pierre CORBOUD et Christiane PUGIN (chapitres 4 et 6) - Jean-Louis VORUZ (chapitre 5) - Anne-Marie SCHNEIDER-RACHOUD (reconsti- tutions de la végétation, chapitres 1 et 6). SOMMAIRE Quelques mots de l'archéologue cantonal p. 5 10 000 ans de Préhistoire... 10 ans de recherches archéologiques en Pays de Vaud... p. 7 1. Des derniers chasseurs aux premiers agriculteurs L’abri-sous-roche du Mollendruz (Mont-la-Ville «Abri Freymond») p. 9 2. Pratiques funéraires au Néolithique Le cimetière de Lausanne «Vidy» Le cimetière de Pully «Chamblandes» p. 23 3. Une nouvelle manifestation cultu(r)elle: les menhirs Un alignement de statues-menhirs à Lutry Les menhirs d’Yverdon-les-Bains p. 33 4. Des villages lacustres Les recherches dans le Léman p. 37 5. Un habitat rural à l’àge du Bronze Le hameau de Bavois «En Raillon» p. 43 6. Une roue en frène dans un village lacustre de l’àge du Bronze La station de Corcelettes (Grandson) p. 49 7. L’incinération: une pratique funéraire de la fin de l’àge du Bronze Les tombes de Lausanne «Vidy» p. 59 En guise de conclusion p. 67 Quelques indications bibliographiques p. 69 Provenance des illustrations p. 70 Collaborations et remerciements p. 71 3 Quelques mots de l’archéologue cantonal Les fouilles dans le cantori de Vaud Région de lacs touchant aux bassins du Rhòne et vices de l’Etat, d’instituts universitaires ou de du Rhin, passage obligé entre Alpes et Jura, de bureaux privés. Simultanément, le champ des tous temps, le paysage vaudois a attiré l’occupa- investigations s’est élargi, notamment pour les tion humaine. On y compte plus de 1500 sites époques médiévales et récentes, qui prennent une archéologiques, recensés par un inventaire et des part toujours plus large des ressources dispo- prospections qui ne cessent d’en allonger la liste. nibles. Cependant, les recherches relatives à la Très vite, les découvertes faites au hasard des préhistoire gardent toute leur importance. labours ont éveillé la curiosité des chercheurs et Notre région porte l’empreinte de nombreux érudits: en 1608, un chirurgien de Payerne peuples et civilisations qui ont emprunté ce pas observe la découverte de tombes du Haut Moyen sage ou y ont résidé. Plusieurs sites vaudois de la Age et de ruines romaines à Ursins et il y récolte pré- ou de la protohistoire représentent des gise- des objets. Il ouvre la voie à bientòt trois siècles ments particulièrement rares et bien conservés, d’archéologie vaudoise. avec des séquences de niveaux archéologiques Aujourd’hui, le temps des cabinets de curiosités uniques en Suisse ou en Europe, où les fouilles est bien révolu. Un aménagement du territoire peuvent résoudre des problèmes fondamentaux intensif et le développement de la construction que ce soit pour les rites funéraires, l’architecture, imposent le rythme des fouilles de sauvetage, qui l’évolution des styles de la céramique et des tech- ne connaissent guère de pause hivernale, mais qui niques de l’outillage, etc. renouvellent notre Vision du passé. Il est clair que de tels sites doivent ètre mis sous lei comme partout ailleurs en Europe, le patrimoine protection, car ils représentent des réserves contenu dans le sous-sol subit une pression archéologiques qui seront toujours plus pré- constante, qui implique de nombreuses investiga- cieuses. Si malgré tout, ils doivent taire place aux tions. Depuis les années 70, l’archéologie canto aménagements modernes, les meilleures condi- nale doit traiter annuellement une soixantaine de tions doivent ètre réservées pour les fouilles de cas, qui impliquent l’organisation de dix à quinze sauvetage et l’élaboration des résultats, bien que fouilles particulièrement importantes. le rythme des recherches en matière de préhistoire Ces activités mobilisent de très nombreux collabo- soit souvent peu compatible avec celui des grands rateurs temporaires ou permanents, de divers Ser travaux modernes. 5 Enfin, les sites évoquant les époques préhisto- collaboration avec les communes concernées, a riques sont trop souvent méconnus du public, consenti un effort nécessaire dans ce sens en alors que de nombreux sites romains ou médié- aménageant notamment les ensembles mégali- vaux sont visitables. L’archéologie cantonale, en thiques de Lutry et d’Yverdon-les-Bains. Denis Weidmann Section Monuments historiques et archéologie 6 10 000 ans de Préhistoire... 10 ans de recherches archéologiques en Pays de Vaud... Voilà, en deux mots le but de cette exposition, et la mise en place de chronologies absolues, gràce du catalogue qui l’accompagne: présenter un état au carbone 14 et à ses calibrations, et surtout des connaissances archéologiques sur la Préhis gràce à la dendrochronologie qui permet de dater toire la plus ancienne du canton, soit du Paléoli- l’abattage d’un arbre à l’année près. Encore faut-il thique final, vers 10 000 av. J.-C., jusqu’à l’aban- que le bois soit conservé, avec le dernier cerne de don des stations lacustres à la fin de l’àge du croissance sous l’écorce... Les modifications Bronze, vers 800 av. J.-C. apportées à la compréhension du développement des civilisations dans le temps contraignent les Une telle présentation ne peut évidemment pas préhistoriens à repenser bon nombre de questions ètre complète et systématique, l’ampleur de la d’ordre culturel, en particulier pour le Néolithique et matière traitée étant énorme (et la place à disposi- l'àge du Bronze, un processus qui est actuelle- tion limitée, guère plus de 100 m2 d'exposition...). ment en pieine activité... Nous avons donc procédé à des choix, en privilé- giant les fouilles récentes (d’où le sous-titre «10 ans de recherches...») qui apportent un éclairage Quelques points forts: nouveau sur différents aspects de la préhistoire - L’abri-sous-roche du Mollendruz présente une régionale. C'est aussi l’occasion de présenter, par succession d’occupations préhistoriques bien le biais de ces acquis récents, l'activité des cher- datées tout-à-fait extraordinaire, pratiquement cheurs, du préhistorien bien sur (fouilleur, dessina- unique dans notre Pays, depuis la fin du Paléoli- teur, plongeur...), mais aussi de l’anthropologue, thique jusqu’au Néolithique. Elle permet de situer de l'archéozoologue, de l’archéobotaniste, du les traces des derniers chasseurs de rennes et de dendrochronologue, des physiciens pour le car chevaux vers 10 000 av. J.-C., à la fin de la bone 14 et de bien d’autres spécialistes impliqués période glaciaire: ce sont les plus anciens témoi- dans une démarche profondément interdiscipli- gnages d’une présence humaine dans le canton, naire. avec ceux de l’abri de la Cure à Baulmes et de la Le sens de la présentation est lié au cadre chrono- Grotte du Scex près de Villeneuve. logique et suit logiquement le développement des Au monde des chasseurs succède celui des agri- civilisations dans notre pays. C'est d’ailleurs dans culteurs-éleveurs, vers 5000 av. J.-C. Ces groupes ce secteur que des progrès révolutionnaires ont de pionniers, encore très mal connus, qui précè- été réalisés au cours des décennies écoulées, par dent de plus d’un millénaire les premiers villages 7 lacustres, ont laissé des traces de leur passage subsiste de ce patrimoine unique... et de pousser dans cet abri-sous-roche jurassien, à plus de un cri d’alarme en faveur de sa protection! 1000 m. d’altitude! - Bavois, un hameau de paysans à l’àge du Bronze, est représenté par 2 maquettes. Elles - A Lausanne «Vidy», sur les rives du Léman, une mettent en scène un mode de vie rural, précurseur vaste nécropole a été fouillée l’an dernier. Là aussi, de celui qui se développera dans nos campagnes les données chronologiques sont modifiées: cer- jusqu’au siècle dernier. taines sépultures sont plus anciennes qu’on ne D’autres fouilles d’envergure, dont il ne sera pas rimaginait, et datent probablement du milieu du 5e question ici, se sont concentrées sur ce type millénaire. Ce cimetière, le plus grand connu à ce d’habitat: à Rances, en face de Bavois, de 1975 à jour, composé de plus de cent tombes en pieine 1981, ou à Echandens, au bord de la Venoge, en terre ou en cistes de pierres, enrichit considérable- 1987-1988. ment notre appréhension des rituels et pratiques funéraires au Néolithique moyen. - Enfin, contemporains des derniers «lacustres», notamment de la célèbre station de Corcelettes - Les alignements de menhirs d’Yverdon-les-Bains (Grandson) qui a livré une roue en frène exception- et de Lutry, aménagés en «promenades archéolo- nelle, les gens de l’àge du Bronze final, vers 1000 giques», nous emmènent dans le monde des av. J.-C., incinéraient leurs morts. Plusieurs sépul croyances, certainement très structurées mais dif- tures de ce type ont également été fouillées ficiles à interpréter, des hommes du Néolithique et récemment à Lausanne «Vidy». Les parures ou du début de l’àge du Bronze. offrandes funéraires, soigneusement ordonnées, que les archéologues tentent de décrypter, indi- - Les civilisations lacustres sont également abor- quent la croyances des habitants de ce pays en dées. On a appris, au cours des vingt dernières une vie dans l’au-delà... années, à mieux connaìtre et à relativiser la conception de leur mode d’habitat: il s’agit de vil- Nous avons tenté de rendre accessibles à un large lages construits sur terre ferme ou partiellement public les enseignements, parfois abstraits pour un dans l’eau, voire véritablement sur l’eau, mais homme de la fin du XXe siècle, que les préhisto- jamais de vastes plates-formes, contrairement aux riens tirent des fouilles ou des objets archéolo- images romantico-ethnographiques de nos vieux giques: plusieurs reconstitutions, répliques ou livres d’école... maquettes sont présentées. Elles sont reproduites Les prospections et cartographies systématiques, dans ce catalogue, qui est constitué par l’assem- conduites dans le Léman depuis une dizaine blage, à peine modifié, des textes explicatifs offerts d’années, permettent de taire le point sur ce qui au visiteur le long du parcours de l’exposition. 8
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