Variabilite Structurale des Peuplements Forestiers de Rongeurs (Muridae) et Musaraignes (Soricidae) dans les Monts Doudou, Gabon ViolaineNicolas UMR-CNRS6552, UniversitedeRennes 1, StationBiologique, F-35380Paimpont, France email: [email protected] PatrickBarriere UMR-CNRS6552, UniversitedeRennes 1, StationBiologique, F-35380Paimpont, France email: [email protected] SylvainGuimondou Direction delaFauneetdela Chasse, B.P. J128Libreville, Gabon Marc Colyn UMR-CNRS6552, UniversitedeRennes 1, StationBiologique, F-35380Paimpont, France email:[email protected] A long term study, to investigate structural variation of non-flying small mammal communities (Muridae and Soricidae), atdifferentspatial and temporal scales and at two localities 2.5km apart, was conducted in lowland forest (110 m A.S.L.). At each locality, three forest habitats were surveyed: '"''terrafirme forest," "riverine forest," and "swamp forest." In total, 1198 rodents and 503 shrews were captured using two sampling protocols (Sherman and snap-traps, and pitfall traps). Nine genera and twelve species of Muridae (Deomys ferrugineus, Heimyscus fumosus, Hybomys univittatus,Hylomyscusacta,H. stella,H.parvus,Lophuromysnudicaudus,Malacomys longipes, Praomys sp. 1, Praomys sp. 2, Stochomys longicaudatus and Thamnomys rutilans), and fourgenera and nine species ofshrews {Crocidurabatesi, C. crenata, C. dolichura, C. goliath, C. grassei, Paracrocidura schoutedeni, Suncus remyi, Sylvisorex johnstoniand5. olluld)werecollected.ThemuridfaunaofMontsDoudouisrepresen- tativeofwestcentralAfrica.Incontrast,thesoricidcommunityrichnessislowerthan thatfound at mostlocalities surveyed in theCongoBasin. No mountain forestspecies and/or species endemic ofthe coastal Atlantic region was collected. Global trap suc- cess is higher in swamp forest for rodents, while shrews are more abundant in terra firmeforest. Interrafirmeforest,atthelocalitywhereshrewsare morenumerous, ro- dents were fewer and vice versa. Finally, we found structural and/or population dy- namicvariationsinthetwomammalgroupsbetween thethreehabitattypes,and also between the two localities in the terrafirme habitat. 107 NICOLAS, BARRIERE, GUIMONDOU, ANDCOLYN Introduction Depuis le milieu des annees soixante, un nombre croissant d'etudes sont raenees en Afrique tropicale sur les rongeurs (F: Muridae) et les musaraignes (F: Soricidae). Les etudes ecologiques de ces micro-mammiferes sont difficiles en raison de leur petite taille, etde leurcomportement souventnocturne et discret (Duplantier 1982). A cesproblemes de terrain, s'ajoutent des difficultes taxinomiques et d'identification des animaux puisqu'il existe des complexes d'especes phenotypiquement tres similaires (Qumsiyeh et al. 1990; Hutterer 1993; Denysetal. 1994). Cependant, les etudesmeneesjusqu'apresentontpermis de s'affranchir en partie de ces difficultes, d'une part en definissant des methodes de suivi adequates (Brosset 1966; Neal et Cock 1969; Colyn et al. 1996), et d'autre part en ameliorant considerablement nos connaissances systematiques et taxinomiques sur les Muridae (e.g., Brosset et al. 1965; Van der Straeten et Dieterlen 1987; Van der Straeten et Dudu 1990; Verheyen et al. 1996) et les Soricidae (e.g., Maddalena 1990; Maddalena et Ruedi 1994; Schlitter et al. 1999; Querouil et al. 2001). A ce jour, diverses missions d'inventaires en Afrique centrale ont permis de decrire de nouvelles especes et de dresser des listes pourde nombreux sites de Republique centrafricaine (Petter et Genest 1970; Ray etHutterer 1995; Barriere etNicolas 2000), Republique duCongo (Granjon 1991; Colynet al. 1996), Republique Democratique du Congo (Dudu 1991), Cameroun (Hutterer et Schlitter 1996; Colyn etal. 1996), etGuinee equatoriale (Lasso etal. 1996). AuGabon, des etudes ont ete menees a Belinga-Makokou par Duplantier (1982) et Brosset (1988), a Minkebe par Goodman et al. (2001), en foret des Abeilles par Colyn et al. (1996). En revanche, aucune donnee n'est disponible pour le Sud du Gabon, et plus particulierement pourlaregion des Monts Doudou. Barriere (1997b), Nicolas (1999) et Barriere etNicolas (2000) ont montre I'existence, en Afrique tropicale, de variations de structure des communautes micro-mammiferes a diverses echelles spatiales (entre sites appartenant a des pays ou regions distincts, mais aussi entre sites distants de quelques dizaines de kilometres et appartenant a un meme bloc forestier) et temporelles (variations inter et intra-annuelles). Nous avons voulu tester si a une echelle encore plus petite, entre sites distants de seulement quelques kilometres, la structure des peuplements micro-mammiferes variait, et si les variations temporelles observees au cours d'un cycle annuel etaient synchrones entre ces deux sites. Les objectifs de cette etude sont done (1) de participer a I'inventaire des Muridae et Soricidae de la foret de basse altitude en vue de defmir le statut a donner a cette region, et (2) de tester la stabilite en termes de composition et de structure des deux peuplements sur deux sites d'etude proches et dans un meme type d'habitat. Nous presentons ici, a titre preliminaire, lesresultats des 7 premiersmois du cycle annuel. Sites D'Etude, MaterieletMethodes Sites d'etude m Notre etude a ete reaHsee en foret de basse altitude (110 A.S.L.), au niveau de la riviere Moueva, a 14 km du village de Doussala (02°09'S, 10°30'E). Deux sites (A et B), d'une surface de 1 km^ chacun, etdistants deplus de 2.5 km ont ete choisis. Protocole d'echantillonnage Chaque mois, sur chacun des 2 sites d'etude, deux types de dispositifs ont ete mis en m place: (i) une ligne de Pitfall de 30 seaux (espaces de 5 m; soit 150 de long) pendant 21 108 MURIDAEANDSORICIDAE jours et (ii) 3 lignes de 200pieges (Sherman ettapettemetallique enaltemance, espaces de 5 m, soit 1 km de long) pendant 7 jours. Ces dispositifs sont detailles par Nicolas et Barriere(2001). La foretdebasse altitude de lazone etudiee constitueune veritablemosaique de forets de terre ferme, et de forets sur sol hydromorphe ripicole inondable ou marecageux. Etant donnee leur etendue, nos dispositifs mensuels traversent frequemmentces 3 types de foret. Au demarrage de Tetude (fevrier-mars 2000), nous avons egalement realise quelques tests preliminaires dans chacun de ces types d'habitat: (1)1 ligne Pitfall de 30 seauxpendant 21 jours en foret de terre ferme; (2) 1 ligne Pitfall de 30 seaux pendant 14 jours en foret ripicole et (3) 1 ligne Pitfall de 20 seauxpendant 14jours en foretmarecageuse. Les appats despieges Shermans ettapettes (manioc) ont ete renouvelestons les deux a troisjours. Lespiegesontetevisites au leve dujour. Lapluviometrie aetemesuree, chaque matin, pendant les 21 jours mensuels de piegeage. Materiel biologique Tons les specimens ont ete euthanasies, puis peses, mesures (corps, queue, pied, oreille), sexes, les caracteres de reproduction identifies, une biopsie a ete prelevee et conservee en alcool, les corps ontete fixes au forniol 10% et les cranes conserves en alcool avant d'etre prepares au laboratoire. La detennination des specimens a ete tout d'abord realisee sur base de leurs caracteristiques morphologiques extemes, puis elle a ete confirmee par une analyse cranio-dentaire par comparaison avec des specimens de reference. L'ensemble de la collection est actuellement a la Station Biologique de Paimpont (France) etun echantillonrepresentatifserarenvoye au Gabon. Analyse des donnees Les variables ecologiques suivantes ont ete analysees: 1. 1'effort de piegeage E (nuit.pieges): une nuit.piege represente un piege dispose pen- dant une duree de 24 heures (d'aube a aube); I'effort de piegeage est done calcule en multipliant le nombre de nuits depiegeagepar le nombre de pieges mis enplace; 2. larichesse generique et specifique (S): nombre de genres etd'especes; 3. le sexe ratio M/F: rapport dunombre de males surlenombre de femelles; 4. la proportion de femelles en phase de reproduction: rapport (%) du nombre de femelles gestantes ou allaitantes surlenombre total de femelles; 5. le nombre moyen d'embryonsparfemelle gravide; 6. la densite relative: nombre d'animaux captures pour un effort de piegeage de 100 nuit.pieges. Cette densite relative corresponddone ausucces de capture. Ladensiterelative globale (T, %) se defmie comme la densite relative de toutes les especes confondues d'un meme groupe taxinomique (Muridae ou Soricidae). La densite relative specifique (Ti, %) se definit comme la densite relative d'une espece donnee; 7. I'abondance relative d'une espece pi (%): pourcentage de I'effectifde lapopulation d'espece i (ni) sur la somme des effectifs des S especes constituant lepeuplement (N); 8. la biomasse relative globale B (g, %): biomasse de toutes les especes confondues, d'un groupe taxinomique, pourun effort de piegeage de 100 nuit.pieges. Labiomasse rela- tive d'une espece (bi, %): rapport de labiomasse de la population d'espece i sur la somme des biomasses des S especes constituant le peuplement. La biomasse est calculee en multipliant le poids moyen des individus de chaque espece par le nombre d'individus de chaque espece. 109 NICOLAS, BARRIERE,GUIMONDOU,ANDCOLYN Le coefficient de correlation de rang de Spearman a ete utilise comme mesure de la correlation entre les abondances relatives des especes entre les deux sites d'etude. Le test du Xhi carre a ete utilise pour tester I'hypothese d'une repartition uniforme des individus entre les sites Aet B, ou entre habitats distincts; etentre les deux sexes. L'ensemble des resultats obtenus (de fevrier a octobre avec les deux types de dispositifs, Pitfalls etSherman-tapettes) interviennentdans I'inventairedes especes, 1'etude de la reproduction et du sex-ratio. Les rongeurs sont principalement captures en Sherman-tapettes et les musaraignes en Pitfalls. PourI'etude de larichesse specifique nous A avons pris en compte les resultats obtenus avec les deux types de dispositifs. I'inverse, pour le calcul des densites et abondances relatives nous ne considererons que les resultats despieges Sherman-tapettespourlesmurides, etdespiegesPitfallspourles soricides. Pour I'etude des preferences ecologiques des especes (sol plus ou moins hydromorphe), nous avons pris en compte les resultats obtenus en fevrier-mars pour les musaraignes, et ceux obtenus d'avril a octobre pour les murides. Ces periodes correspondent a celles pour lesquelles lespiegeages ontpuetrerealises simultanementdans les 3 types de foret. Resultats MURIDAE Au total, 1136 Muridae ont ete captures en Sherman-tapettes (T = 1.94%), et 62 en Pitfalls(T = 0.62%).Neufgenreset 12 especesontainsieterecenses:Deomysferrugineus (N = 31), Heimyscus fumosus (N= 122), Hybomys univittatus (N= 203), Hylomyscus aeta complexe (N= 6), H. parvus (N= 3), H. Stella (N =466), Lophuromys nudicaudus (N = 11),Malacomys longipes (N=62),Praomys sp. 1 (N= 54),Praomys sp. 2 (N = 197), Stochomys longicaudatus (N= 1) et Thamnomys rutilans (N=2). Dix especes ont ete captureesen Sherman-tapettes, et 12 I'onteteenPitfalls. Lacombinaisondecesdeuxtypes depieges est interessantepuisquecertaines especesrares derongeurs {Hylomyscusaeta, H. parvus, S. longicaudatus et T. rutilans) ont ete relativement bien, voire exclusivement, capturees en Pitfall. Apres analyse cranio-dentaire deux especes dePraomys sontpresentes dans lalocalite etudiee: Praomys sp. 1 et Praomys sp. 2. Une revision taxinomique de ce genre est en cours, et nous ne pouvons pas, a I'heure actuelle, leur dormer un nom. Ces deux especes appartiennent au complexe P. tullbergi et se distinguent non seulement d'un point de vue craniologique mais aussi genetique (sequengage ADNr 16S); elles correspondent aux especes nommees respectivement "C" et "D" par Nicolas (1999). Apres observation cranienne, 13% des Praomys restent indetermines; ces specimens correspondent soit a de jeunes individus, soit a des individus dont le crane a ete fracture (animaux captures en tapettes). Reproduction La reproduction des trois especes les plus abondantes (Hybomys univittatus, Hylomyscus stella et Praomys sp. 2) semble effective d'avril a octobre, mais variable en intensite. Ainsi, chezcestrois especes, onnoteunediminution de laproportion de femelles gestantes ou allaitantes au debut de lagrande saison seche (juin-juillet). Un autre aspect de lareproductionconceme latailledesportees, dont il existe desvariations inter-specifiques. Cinq especes murines ontdes portees moyennes de 2 a 3jeunes (Heimyscusfumosus, N = 4; Hybomys univittatus, N=12; Hylomyscus stella, N= 9; Praomys sp. 1, N=l et Praomys sp. 2, N=4). Par contre, les 2 femelles gestantes de Deomys ferrugineus 110 . MURIDAEAND SORICIDAE captureesportaientunseul embryon, etlafemelled'Hylomyscusacta enportait4. Pourune espece donnee, la taille des portees peut varier: de 1 a 3 jeunes par portee pour Hybomys univittatus, 1 a4pourHylomyscusstella, et2 a4pourPraomys sp. 2. Sex-ratios Le sex-ratio obtenu est en faveur des males (test du Khi^, P<0.01) pour Hylomyscus Stella et Praomys sp. 2; tandis qu'il est equilibre pour Deomysferrugineus, Heimyscus fumosus, Hybomys univittatus etPraomys sp. 1 (P>0.05). Preference eeologique des especes vis a vis du type d'habitat forestier La richesse specifique varie d'un type de foret a I'autre (9 a 11 especes, Fig. 1). Toutefois cette difference ne reflete pas forcement une realite biologique. En effet, on constate que plus I'effort de piegeage est important, plus le nombre d'especes capture est grand; ceci estdue a1'augmentation de laprobabilitede capture des especesrarestellesque Thamnomys rutilans, Hylomyscus acta, H. parvus, Lophuromys nudicaudus ou Stochomys longicaudatus Les densites relatives globales obtenues sont significativement plus elevees en foret marecageuse (2.6%; P<0.01, X^ = 9.602, ddl = 2). Par contre, elles sont comparables en foret de terre ferme (1.9%) et en foret ripicole (1.9%; P>0.05, X^ = 0.076, ddl= 1). Les densites relatives de certaines especes sont significativement differentes d'untype de foret a I'autre (Fig. 1): Hybomys univittatus (P<0.001, X^= 17.718, ddl=2) et Heimyscus fumosus (P<0.01, X" = 9.567, ddl = 2) preferent les sols de terre ferme, tandis que Malacomys longipes (P<0.001, X' = 99.483, ddl = 2) et Praomys sp. 2 (P<0.001, X^=21.324 ddl = 2) preferent les sols hydromorphes. La densite relative de Hylomyscus Stella (P>0.05, X' =4.438, ddl = 2) et de Praomys sp. 1 (P>0.05, X^ = 3.369, ddl =2) ne sontpas significativement differente d'unhabitata I'autre. Dans les 3 peuplements etudies,Hylomyscusstella est1'espece dominante. Concemant I'abondance relative des especes, les peuplements de forets ripicoles et marecageuses presentent le meme profil. II s'oppose en revanche a celui de foret de terre ferme par I'abondance de Malacomys longipes et Praomys sp. 2 (plus abondants sur sols hydromorphes), et d'Heimyscusfumosus et Hybomys univittatus (plus abondants en terre ferme). Nous avons montre qu'il existe des differences significatives de structure du peuplement Muridae entre les trois types d'habitats inventories. On se propose maintenant de comparer, pour un type d'habitat donne (la foret de terre ferme), la structure et la dynamique des peuplements Muridae de 2 sites. Analyse spatio-temporelle des peuplements Muridae en foret de terre ferme Comparaison de la composition et de la structure des peuplements des sites A et B Les deux sites A et B presentent 11 especes communes. Le site A est plus riche d'une espece que le site B, enraison de lacapture d'un specimen de Thamnomys rutilans. La densite relative globale est significativement superieure sur B (2.5%) que sur A (1.3%; P<0.001, X- = 80.72, ddl = 1). Ceci est lie aux densites relatives plus elevees (seuil 0.05, ddl= 1) sur B que sur A de Hybomys univittatus (0.6% sur B et 0.2% sur A; X- = 62.49), Praomys sp. 1 (0.1 et 0.05%; X- = 5.57), Praomys sp. 2 (0.4 et 0.2%; X- = 12.27), etHylomyscusstella {l.O et0.5%; X^ = 30.27; Fig. 2). Les abondances relatives de toutes les especes sont bien correlees entre les deux sites (P<0.001, n=ll, r= 0.899). En effet, tant en A qu'en B, H stella est I'espece 111 NICOLAS,BARRIERE, GUIMONDOU, ANDCOLYN Ti(%) 1,2 T foritdeterreferme pi(%) 50 40 E=48790NP 30 8=11 0,4 4 20 N=915 0,2 T=1.88 % ^j::^i b 1,2 foretripicole 1,0 50 E=5908NP 0,8 40 S=10 N=115 0,6 30 T=1,95 % 0,4 20 JM 10 La. foretmarecageuse 1,2 E=4102NP 1,0 S=9 0,8 N=106 0,6 T=2.58 % 0,4 a 0,2 rx Figure 1. Densites relatives (Ti, %) et abondances relatives (pi, %) des 11 especes de Muridae dans 3 types d'habitatsforestiers.Lesefforts(E,nuit.pieges),.richessesspecifiques(S),effectifs(N)etdensitesrelativesglobales (T,%)sontindiquesadroitedesgraphiques.Lesymbole*signifiequedesspecimensontuniquementetecapturesen Pitfalls.DEO:Deomvsfermgineus,HEI:Heimyscusfumosiis,HYB:Hybomysunivittatus,HYA:Hylomyscusaeta, HPA:H.pan'iis,HYS:H.stella,LOP:Lophuromysnudicaitdus,MAL:Malacomyslongipes,PRl:Praomyssp. 1, PR2:Praomyssp.2,PRI:Praomyssp,STO:Stochomyslongicaudatiis,THA: Thamnomysrutilans. dominante (pi >40%), Praomys sp. 2, Hybomys univittatus et Heimyscus fumosus sont communes (9 a 25%), les autres especes sontpeu abondantes ou rares (<5%). L'abondance relativedes especesn'estpas correlealeurpoids: surles deux sites, c'estune especede fai- ble poids {Hylomyscusstella) qui domine le peuplement. La biomasse relative globale (P<0.001, X^ =2030.14, ddl = 1) est superieure en B (69.6 g.%) qu'en A (33.8 g.%). Toutes les especes n'etant pas de la meme taille, sur les deux sites, la distribution des biomasses relatives specifiques differe de celle des abondances relatives. De plus, alors que sur le site B, en terme de biomasse, Hybomys univittatus domine lepeuplement, surA cette espece codomine avecHylomyscusstella. Dynamique du peuplement Muridae sur chaque site d'etude A Site La richesse specifique mensuelle du peuplement varie au cours de la periode d'etude de6 (juilletet septembre) a9 Ouin) especes (Fig. 3). Ces variations s'expliquentparlacap- ture aleatoire des especes rares {Hylomyscus aeta, H. parous, Lophuromys nudicaudus, Malacomys longipes et Thamnomys rutilans). La densite relative mensuelle globale varie significativement dans le temps (P<0.01, X^ = 80.58, ddl = 6): elle diminueprogressivement d'avril (2.2%) a octobre (0.4%). Deux 112 MURIDAEAND SORICIDAE — P.(g) 70 60 50 40 30 20 10 siteB 1.0 50 40 0,8 0,6 30 20 0,4 .-D MAL TH.A. HYB DEO PR.1 PR2 HYA LOP HEI HYS HYP Figure2.Densitesrelatives(Ti,%)etbiomassesrelatives(bi,%)des 11especesdeMuridaesurlessitesdeforet deteiTeferme,AetB. Lesespecessontclasseesparordredecroissantdepoidsmoyen(Pm,g).VoirFig. 1 pourla definitiondesacronymes. pics de precipitations ayant eu lieu durant 1'etude (I'un en avril-mai et 1'autre en octobre), les variations de densite relative globale observees ne semblent pas correlees a celles des precipitations. Les densites relatives mensuelles de trois des quatre especes murines les plus abondantes {HylomyscusStella,Praomys sp. 2 etHeimyscusfumosus) varientde facon significative dans le temps (P<0.01; X^= 51.22, 37.75, et 23.76 respectivement; ddl = 6; Fig. 4). CelledCHylomyscusStella estmaximale enavril (1.1%), ellevariede 0.7 a0.6% de mai aaoiit etdiminue ensuiteprogressivementjusqu'en octobre (0.1%); tandis que celle de Praomys sp. 2 augmented'avrilajuin(0.4a0.5%)puisdiminue. Enfin, celledeHeimyscus fumosusaugmented'avril aaout(0.04a0.3%)),puisdiminue lesdeuxdemiers mois (0.02%o en octobre). La densite relative d'Hybomys univittatus ne varie pas significativement dans letemps (P>0.05; X^ = 12.02; ddl = 6). L'abondance relative des especes varie d'un mois a I'autre. Hylomyscus stella est I'espece dominante en avril, mai,juillet et aout (37 a 52%). Elle codomine avec Praomys sp. 2 enjuin (34 et29%o respectivement), et avec Hybomys univittatus en septembre (36 et 27%)). Enfm, en octobre,H. univittatus devient I'espece dominante (44%)). 113 NICOLAS, BARRIERE,GUIMONDOU, ANDCOLYN — T(%) 155 P(mm) (9) -^300 4.5 4.,0 3.5 3.0 A site 2.5 D site B 2.0 1.5 1.0 0,5 avr. ma jum aout sept. oct. I Figure3.Densitesrelativesglobales(T,%)desMuridaeetprecipitations(P,mm),d'avrilaoctobre2000,surles sitesdeforetdeterrefenneAetB. Au-dessusdechaquebarred'histogrammesontnotes Teffectifbrut(N)etla richessespecifique(S),noteeentreparentheses. Site B Comme surle siteA, larichesse specifique dupeuplementvarie aucours de laperiode d'etude de 6 a 9 especes, respectivement en aout-septembre et avril-mai (Fig. 3), en fonction des variations aleatoires de capture des especes rares. La densite relative mensuelle globale (Fig. 3) varie significativement dans le temps (P<0.01, X' = 102.53, ddl= 6). Elle estmaxinrum en avril (4.3%), puis varie de 2.5 a2.9% de mai a aoiit, et diminue en septembre (1.3%) etoctobre (0.9%). Les variations de densite relative globale observeesne semblentpas correlees acelles des precipitations. Comme sur le site A, sur B, les densites relatives mensuelles de trois des quatre especes murines les plus abondantes {Hylomyscus Stella, Praomys sp. 2, et Heimyscus fumosus) varient de fa^on significative dans le temps (P<0.01; X^ = 39.57, 71.10 et 31.57 respectivement; ddl = 6; Fig. 4). Celle d'HylomyscusStella estmaximale en avril (1.6%), elle varie de 1.0 a 1.2% de mai a aout, et diminue ensuite progressivementjusqu'en octobre (0.3%). Celle de Praomys sp. 2 diminue d'avril (1.0%) a octobre (0.0%), avec cependant une legere aug- mentationenaout (0.5%). Ladensite relative deHeimyscusfumosus varie de 0.4 a0.6% de mai a juillet, et est inferieure a 0.1% le reste du temps. Enfin, la densite relative de Hybomys univittatus ne varie pas significativement durant les 7 mois de I'etude (P>0.05; X^= 10.16; ddl= 6). On note egalement des variations d'abondance relative des especes durant les 7 mois d'etude: Hylomyscus stella domine le peuplement d'avril a aoiit (>37%); elle codomine avec Hybomys univittatus en septembre (43 et 41% respectivement); enfin, en octobre Hybomys univittatus devient I'espece dominante (61%). 114 —— MURIDAEANDSORICIDAE Ti(%) site B —_^>-Heimyscus fumosus 1.6 .\ —• Hybomys uniwftafus 1.4 - . Hyiomyscus sieHa .-Praomys sp2 1.2 - 1.0 -S. 0.8 i^N \ 0.6 - 0.4 - 0.2 - avr. mai mm iuil. aout sept. oct. Figure4.Densitesrelatives(Ti,%)des4especesdeMuridaelesplusabondantesetprecipitations(P,mm),d'avril aoctobre2000,surlessitesdeforetdeterrefermeAetB. Comparaison de la dynamique des peuplements Muridae des sites A et B Les variations mensuelles de richesse specifique ne sontpas synchrones entre les deux sites. Cependant, ces variations sontprincipalement dues a la capture aleatoire des especes rares. Les densites relatives mensuelles globales, bien que plus elevees sur B que sur A, presentent des variations temporelles similaires entre les deux sites d'etude. Cependant, bienque surles deux sites se soient lesmemes especes qui presententounon desvariations temporelles de densite relative; ces variations ne semblent synchrones entre les deux sites que pourHyiomyscus Stella. Enfm, quel que soit le mois, les densites relatives mensuelles deH. Stella,Hybomys univittatiis, etPraomys sp. 2 sontplus elevees surB que surA. Les variations d'abondances relatives mensuelles observees sur les deux sites presententdestendances communes: augmentationgraduelled'avril aoctobrede celled'H. univittatus; diminution de celle de Praomys sp. 2; Hyiomyscus Stella, bien qu'ayant une abondance relative mensuelle variable, reste d'avril a septembre I'espece dominante ou codominante au sein dupeuplement Muridae. Quelques differences peuventcependantetre notees concemant les variations d'abondances relatives mensuelles observees sur les deux 115 NICOLAS,BARRIERE, GUIMONDOU, ANDCOLYN sites: dejuin a aout, Hybomys univittatus est la moins abondante des quatre especes sur le site A, alors que ce n'estpas le cas surle site B. SORICIDAE Tous sites et milieux confondus, 449 musaraignes ont ete capturees en pieges Pitfalls, et 54 en Sheraian-tapettes. Quatre genres etneufespeces onteterecenses: Crocidura bates! (N = 55), C. crenata (N= 31), C. dolichura (N=18), C. goliath (N = 25), C. grassei (N =46), Paracrocidura schoutedeni (N = 68), Suncus remyi (N= 5), Sylvisorexjohnstoni (N = 206) et S. ollula (N =49). La methode Pitfall, a la reussite de piegeage elevee (T =4.45%), apermisdecapturerles 9 especes. Aucontraire, la faible efficacite de capture despieges Sherman-tapettes (T= 0.09%) n'apaspermis lacapture des deux especes depe- tite taille {Suncus remyi et Sylvisorexjohnstoni). La reussite de piegeage en Pitfall est superieure pourtoutes les especes. Malgre la complexite taxinomique de cette sous-famille des Crocidurinae, la majorite des especes echantillonnees, surnos deux sites, estassezfacilement identifiable apartirdes caracteres morpho-anatomiques. Seuls Crocidura goliath et C. batesi, appartenant a deux groupes complexes et necessitant une revision taxinomique, posent quelques problemes C d'identification specifique. Les specimens de goliath captures sont globalement de taille inferieure a ceux du Cameroun d'ou I'espece a ete decrite. Les especes C. batesi et C poensis sont souvent confondues (Hutterer 1993) et une recente analyse phylogenetique (Querouil, donnee non publiee) montre I'impossibilite de les distinguer sur base de sequences mitochondriales (ARNr 16S). Les specimens appartenant a ce complexe, ont, C C dans cette etude, ete attribues a I'espece batesi, ce qui n'exclue pas la presence de poensis. L'espece pygmee Sylvisorexjohnstoni domine largement le peuplement (41%)), suivie deParacrocidura schoutedeni (13%)). Les especes les plus rares sontSuncus remyi (1%) et Crocidura dolichura (4%)). Reproduction L'activite reproductrice de Sylvisorex johnstoni semble effective pendant toute la periode de suivi. Pour les autres especes, les effectifs bruts de femelles, tres variables d'un mois aI'autre etsouventnuls, nepermettentpas de conclure. Lataillemoyenne desportees varie de 1.4 a 1.8 embryons respectivement chez S. johnstoni (N = 15) et Paracrocidura schoutedeni(N = 5), a 3 et 3.5 embryons respectivement chez Crociduragoliath (N = 5) et Sylvisorexollula (N =4). Sex-ratios Trois especes (Crocidura batesi, C. crenata, Sylvisorex ollula) ont un sex-ratio en faveur des males (test du Khi", P<0.005). Les autres especes ont un sex-ratio equilibre (P>0.05). Preference ecologique des especes vis a vis du type d'habitat forestier Le nombre d'especes capturees en foret de terre ferme, ripicoles et marecageuse sont respectivement de 9, 7 et 8 (Fig. 5). Les 7 especes presentes en foret ripicole le sont egalement dans les deux autres types d'habitat. Suncus remyi n'a, en revanche, ete capture qu'en terre ferme ou I'effort de piegeage est le plus eleve. Crocidura crenata n'a fait I'objetd'aucune capture en foretripicole. 116