Volume 13 Cet ouvrage est paru à l’origine aux Éditions Larousse en 1975 ; sa numérisation a été réalisée avec le soutien du CNL. Cette édition numérique a été spécialement recomposée par les Éditions Larousse dans le cadre d’une collaboration avec la BnF pour la bibliothèque numérique Gallica. La Grande Encyclopédie Larousse -Vol. 13 tique de son invention qui rend pos- ondes hertziennes à la transmission droit, un commandement militaire, à Marconi sible la réception au son. En 1904, il de signaux, il constata que la sensi- moins de recevoir à cet effet une com- (Guglielmo) découvre la propriété directive des bilité du cohéreur de Branly croissait mission du roi. Chargés de veiller à la lorsqu’on le reliait à un fil conducteur. antennes horizontales et commence à discipline des troupes, ils disposent, du Ainsi naquit l’antenne, qui lui servit à utiliser la valve de Fleming. Celle-ci XVIe s. à la Révolution, de prévôts des Physicien et inventeur italien (Bologne la détection des orages. lui permet de créer en 1914 le premier maréchaux et d’archers. Ils sont à la 1874 - Rome 1937), qui fut le premier service de radiotéléphonie en Italie. tête d’une juridiction qu’ils exercent à entrevoir dans les ondes hertziennes Puis, en 1916, il montre la supériorité d’abord conjointement avec le conné- un support pour les messages télé- des ondes courtes, dont il s’attache à table par le Tribunal de la connéta- graphiques, et surtout à faire de cette Marcuse (Herbert) développer l’emploi. blie et maréchaussée de France, qui conception une réalité. connaît des causes intéressant l’armée Marconi est chargé d’honneurs ; il Son père, Giuseppe, propriétaire et des plaintes contre les prévôts, et par est président de puissantes compagnies F PSYCHANALYSE ET MARXISME. aisé, a épousé une Irlandaise et acquis le Tribunal du point d’honneur, où se et membre de la plupart des académies la nationalité britannique. Mais Gu- traitent les querelles entre officiers et et instituts scientifiques. Élu sénateur glielmo et ses deux frères aînés sont où l’on tente d’éviter les duels. en 1914, nommé marquis en 1929, il demeurés Italiens. L’enfance de Mar- devient, en 1930, président de l’Acadé- maréchal de Après la suppression par Richelieu coni se déroule en Italie et en Angle- mie royale d’Italie. Dès 1909, il avait en 1627 de l’office de connétable, les terre. Il commence ses études à Flo- France partagé avec K. F. Braun le prix Nobel maréchaux, dont le nombre est voisin rence, où sa famille passe l’hiver, et les de physique. de vingt aux XVIIe et XVIIIe s., voient leur poursuit à Livourne ; de bonne heure, En France, dignité la plus élevée de importance... et leurs rivalités grandir. il manifeste un goût très vif pour les l’état militaire. En 1672, pour la campagne de Hol- manipulations de physique, qu’il exé- Texte du télégramme lande, Louis XIV ayant placé les maré- L’origine des deux plus hautes fonc- cute avec un matériel rudimentaire. envoyé à Branly chaux sous les ordres de Turenne, trois tions militaires de l’ancienne France Devenu, à l’université de Bologne, M. Marconi envoie à M. Branly ses respec- refuseront d’obéir et seront évincés par l’élève d’Augusto Righi (1850-1920), est liée à l’importance considérable tueux compliments par le télégraphe sans le roi. Pour honorer les remarquables des chevaux et de la cavalerie* dans il s’intéresse particulièrement au pro- fil à travers la Manche, ce beau résultat services de Claude de Villars (1653- blème des transmissions à distance ; étant dû en partie aux remarquables tra- la société du Moyen Âge. Le maître 1734), Louis XV lui confère en 1733 des écuries du roi, ou comes stabuli, il utilise en 1895 un appareil de son vaux de M. Branly. le titre de maréchal général de France, maître pour effectuer dans le jardin deviendra le connétable ; son second qui lui donne autorité sur tous les autres R. T. sera le marescallus, terme germanique de son père, à Pontecchio, des expé- maréchaux. Leur insigne de comman- riences sur les ondes hertziennes. Per- O. E. Dunlap, Marconi, the Man and his (marshkalk) latinisé qui désignait à dement est un bâton, qui deviendra le Wireless (New York, 1938 ; nouv. éd., 1964). / fectionnant l’éclateur de Hertz associé l’origine celui qui était chargé de soi- A. Landini, Marconi (Turin, 1955). symbole de leur autorité. Son usage à la bobine de Ruhmkorff, faisant appel gner les chevaux. tombera en désuétude sous Louis XIV au cohéreur de Branly et à l’antenne Peu à peu, le titre de maréchal est Les autres pionniers de et ne sera rétabli que par Napoléon. de Popov, il réussit une transmission appliqué à qui commande cavaliers et En dehors de leur fonction militaire de la radiotélégraphie de signaux sur quelques centaines de chevaux. Le maréchal de Charlemagne commandement aux armées, les maré- mètres. Ayant conscience de l’intérêt a, au palais, des fonctions analogues à Édouard Branly, physicien français chaux reçoivent fréquemment, sous de ce résultat, mais n’ayant pu obte- celles d’un écuyer ; le comte de Cham- (Amiens 1844 - Paris 1940). Docteur l’Ancien Régime, le gouvernement des nir d’appuis en Italie, il va, en 1896, pagne possède au XIIe s. un sénéchal, es sciences et en médecine, il est pro- provinces, mais en 1791 un décret de poursuivre ses expériences en Angle- fesseur de physique à l’Institut catho- un connétable et un maréchal, c’est- Louis XVI interdit aux six maréchaux terre, où il trouve un accueil favorable lique de Paris. En 1888, il observe à-dire un « maître d’hôtel », un chef existant alors d’exercer aucune charge auprès de sir William Preece, directeur l’action des étincelles électriques sur de ses troupes et un lieutenant de ce qui ne soit strictement militaire. du service des postes, et où il dépose la conductibilité de certains solides, ce chef. Celui du roi porte naturellement Supprimé par la Convention en un brevet. qui l’amène à réaliser divers types de le nom de maréchal de France, comme radioconducteurs. Il aboutit en 1890 1793, le titre de maréchal disparaît En mai 1897, une communication il y a un maréchal de Champagne ou au cohéreur à limaille, déjà trouvé par jusqu’à son rétablissement sous le nom par télégraphie sans fil est établie entre de Normandie. Le premier qui soit l’Italien Temistocle Calzecchi Onesti de maréchal d’Empire le 19 mai 1804, Lavernock et Brean Down (canal de connu comme tel est Henri Ier Clément (1853-1922), qui est le premier détec- date où Napoléon nomme dix-huit Bristol, distance 9 miles). Puis, sur († 1214), désigné par Philippe Auguste teur efficace de l’onde hertzienne et titulaires, dont quatre honoraires qui l’invitation du gouvernement italien, qu’adopte Marconi pour ses expé- en 1185, et il semble qu’à l’armée il sont des sénateurs. Pour l’Empereur, il érige à La Spezia une station ter- riences. (Acad. des sc., 1911.) ait commandé l’avant-garde. Son frère, en effet, le maréchalat est une dignité restre, destinée à communiquer avec Jean († 1261), lui succède, mais dans de l’État conférée à vie et assortie Gustave FERRIÉ. V. l’article. des navires situés à 18 kilomètres. le serment qu’il prête à l’avènement de d’un traitement (alors de 40 000 F), En 1899, il réalise la traversée de la Sir Oliver Joseph Lodge, physicien Louis VIII en 1223 il est entendu que mais ne constitue pas un échelon de Manche, avec envoi d’un télégramme anglais (Penkhull, Staffordshire, 1851 - la charge n’est pas héréditaire. Saint la hiérarchie militaire. Sous la Res- historique à Branly ; en 1901, la liaison Lake, près de Salisbury, 1940). Outre Louis emmènera avec lui deux maré- tauration, les vingt titulaires nommés ses recherches sur la foudre, les cel- continent-Corse. Il tente alors et réus- chaux en Terre sainte, et progressive- par Louis XVIII (dont plusieurs maré- lules voltaïques, l’électrolyse, la dis- sit, malgré la courbure de la Terre, la ment la charge cesse d’être une dignité chaux d’Empire) reprennent l’appel- persion des brouillards et fumées par traversée de l’Atlantique, avec une an- du Palais pour devenir un office de la l’électricité, on doit citer son brevet lation de maréchaux de France, qu’ils tenne montée à Poldhu (Cornouailles), Couronne. Le nombre des maréchaux de 1897 sur la syntonie, consistant à ont conservée depuis. Une ordonnance et va lui-même obtenir la réception à sera très variable : deux ou trois au accorder les circuits d’émission et de de la Restauration fixe leur uniforme, Terre-Neuve. réception dans les transmissions par début du XVIe s., de trois à cinq sous dont les boutons portent deux bâtons En même temps qu’il obtient ces ondes hertziennes. François Ier, sept sous Henri III, qui, croisés, et leur donne le bâton et par l’ordonnance de Blois en 1579, résultats, il poursuit ses découvertes. l’écharpe. À partir de 1836, leur habit Aleksandr Stepanovitch Popov, ingé- tente de les limiter à quatre. En 1902, il observe que la portée des nieur russe (Tourinskii Roudnik, près est orné de trois rangées de feuilles de transmissions augmente durant la nuit. de Perm, 1859 - Saint-Pétersbourg Tant qu’existe l’office de conné- chêne, qu’ils portent encore sur leur Il expérimente un détecteur magné- 1906). Envisageant d’appliquer les table, les maréchaux n’ont pas, de képi. Louis-Philippe fixe le nombre 6871 La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 13 des maréchaux à six en temps de paix assistent le colonel général de cette arme. jourd’hui dans le corps des sous-officiers autour du premier comme s’il était lui- et à douze en temps de guerre, mais y (Au XVIIe s., le terme de bataille désigne un de l’armée de terre. même réduit à un simple point matériel comprend les amiraux* de France. En ensemble de formations militaires : une P. D. placé en son centre de masse et affecté 1847, il restaure en faveur de Soult, de toute sa masse. Mais, dans le corps bataille de quatre régiments.) dernier survivant des maréchaux réel, une particule quelconque ne se maréchal de camp, grade de la hiérarchie d’Empire, le titre de maréchal géné- trouve pas au centre de masse, et l’ac- militaire, apparu au XVe s., dont les titulaires marée ral de France. Napoléon III nommera célération que lui communique le corps répartissent les troupes dans les camps et quatorze maréchaux, dont le dernier, central diffère légèrement en grandeur leur assignent une place au combat. Aux Canrobert, mourra en 1895. Déformation périodique, d’origine gra- et en direction de celle qui s’exerce sur Pendant plus de vingt ans, la dignité XVIIe et XVIIIe s., ils commandent un territoire, vitationnelle, affectant l’hydrosphère le centre de masse. Si cette particule de maréchal n’existera plus en France, une place ou, en temps de guerre, une bri- et présentant le caractère d’un mouve- n’est pas liée rigidement au centre de car, si la loi des cadres de 1875 en a gade. Le grade est remplacé sous la Révo- ment oscillatoire du niveau marin ré- masse, cette action différentielle tend à lution par celui de général de brigade, mais déplacer la particule et, comme le phé- conservé le titre, il ne sera pas conféré sultant de l’attraction différentielle de par la IIIe République jusqu’en 1916, réapparaît de 1814 à 1848. la Lune et du Soleil sur les particules nomène intéresse toutes les particules du corps, celui-ci se déforme. La partie date où Joffre* reçoit son bâton de maréchal général des camps et armées liquides des océans. maréchal des mains du président Poin- qui fait face au corps central est plus at- du roi, charge correspondant, sous l’An- Le phénomène, qui est le plus aisé- caré. Cinq autres maréchaux sont nom- tirée que le centre de masse, tandis que cien Régime, au grade le plus élevé non ment accessible sous cet aspect, se ren- més en 1918 et 1921, où la dignité est la partie opposée l’est moins, de sorte dans la hiérarchie de commandement, contre en réalité dans tout l’Univers, accordée pour la première fois à titre que le corps tend à s’allonger plus ou mais dans les fonctions d’état-major. Elle déformant plus ou moins tous les corps posthume au général Gallieni. Après moins dans la direction du corps cen- consistait à répartir l’ensemble des troupes célestes, planètes, étoiles et galaxies. la Seconde Guerre mondiale, les gé- tral et dans la direction opposée. Les néraux Leclerc* et de Lattre* de Tas- françaises dans les camps et sur le terrain Si deux corps sont suffisamment iso- actions étant mutuelles, le corps central signy (à titre posthume) et le général et à leur assurer vivres et munitions. Elle lés dans l’espace pour être soustraits éprouve une déformation analogue. Un Juin* sont faits maréchaux de France fut exercée notamment par le duc de Les- à l’influence de toute autre masse et tel phénomène a pu être observé dans en 1952. Depuis la mort de ce dernier diguières (1621), par Turenne (1660) et par que l’on fixe l’un d’eux, l’autre gravite quelques cas d’étoiles doubles serrées. en 1967, la dignité s’est de nouveau le maréchal de Saxe (1747), mais ne don- éteinte, mais la loi du 13 juillet 1972 nait aucun pouvoir sur les maréchaux de portant statut général des militaires* France. a conservé au sommet de la hiérarchie maréchal de l’host (ou de l’ost). À l’ori- militaire générale et comme une di- gine, le maréchal de France était un com- gnité dans l’État les titres de maréchal mensal du palais royal ;il prenait le titre, en et d’amiral de France. usage du XIIe au XVIe s., de maréchal de l’host quand il était employé effectivement dans Quelques termes un commandement militaire. maréchal d’armes ou maréchal de tour- maréchal des logis, dans armée de l’An- noi, au Moyen Âge, personnage qui va de cien Régime, terme désignant plusieurs pair avec le héraut d’armes, dispose les combattants, donne les ordres pour com- charges d’officiers, responsables du bon mencer les joutes, arbitre et fait cesser le ordre et de la discipline. En 1762, le grade combat. de maréchal des logis et en 1776 celui de maréchal de bataille, appellation don- maréchal des logis-chef étaient créés pour née par Henri IV aux officiers adjoints les sous-officiers de la cavalerie. Étendus aux maréchaux de camp, et disparue en 1672. Il existe en outre de 1589 à 1655 des ensuite aux autres armes montées et à maréchaux de bataille d’infanterie, qui leurs héritières, ils existent toujours au- 6872 La Grande Encyclopédie Larousse -Vol. 13 Les marées de à des résonances. Cette théorie dyna- mique s’applique aux composantes les l’hydrosphère plus importantes des marées, tandis Principales composantes de la que les ondes à longue période, qui marée n’ont qu’une faible amplitude, sont Les oscillations du niveau de la mer ont régies par une théorie statique qui per- met d’obtenir les phases, mais qui ne été remarquées dès l’Antiquité, et elles fournit les amplitudes qu’à un facteur sont restées pendant très longtemps constant près. l’unique manifestation connue du phé- nomène des marées. Leur rattachement L’ensemble des ondes semi-diurnes au principe de la gravitation univer- constitue la marée semi-diurne, qui selle a permis de définir quantitative- présente deux pleines mers et deux ment l’action du Soleil et de la Lune basses mers par jour lunaire. Les prin- sur les particules liquides des océans. cipales de ces ondes sont une onde lunaire moyenne et une onde solaire Pour établir le mécanisme de cette moyenne ; ce sont celles que créeraient action, on considère que chaque com- une Lune et un Soleil tournant d’un posante périodique de la force géné- mouvement circulaire uniforme dans le On explique de même les allongements légèrement l’intensité de la pesanteur, ratrice suscite une marée partielle de plan de l’équateur. On considère éga- très nets constatés dans les couples de et la composante horizontale altère sa même période, et l’on admet que la lement une onde lunaire causée par la galaxies suffisamment rapprochées : un direction d’un angle qui est de l’ordre marée totale est la superposition de variation de la distance de la Lune à la pont tend à s’établir entre elles, et des du centième de seconde sexagésimale toutes les marées partielles, qu’on ap- Terre. Le caractère de la marée semi- bras s’étirent du côté opposé. (0,01). pelle aussi ondes, ou composantes. diurne lui est presque partout imposé Comme les bassins océaniques sont par l’onde lunaire moyenne, de beau- Les marées Périodicités de la force des systèmes mécaniques qui ont des coup la plus importante du groupe. du globe terrestre génératrice périodes propres d’oscillation, une Lors des pleines et des nouvelles lunes, La force génératrice exercée par un La Terre comprend deux masses force périodique extérieure peut y l’onde solaire moyenne est en phase astre en un point de la Terre varie sous fluides, l’atmosphère et l’hydrosphère, entretenir des oscillations forcées de avec l’onde lunaire moyenne et leurs l’effet des deux mouvements qui font enveloppant l’une et l’autre la par- même période qu’elle, mais l’ampli- effets s’ajoutent, c’est la vive-eau ; lors varier en ce point la direction et la dis- tie solide, laquelle présente dans son tude et la phase de ces oscillations dé- des quartiers, les effets des deux ondes tance de l’astre, c’est-à-dire la rotation ensemble une élasticité comparable se retranchent, il y a morte-eau. pendent essentiellement des conditions terrestre et le mouvement orbital de à celle de l’acier. Il doit donc exister mécaniques du système ; il peut même Le groupe des ondes diurnes, moins l’astre. sur la Terre trois espèces de marées, se produire des phénomènes analogues nombreuses, forme la marée diurne, les marées atmosphériques, les marées La rotation terrestre a une périodi- océaniques et les marées de la partie cité diurne, mais, dans le cas particulier solide, que l’on appelle ordinairement où l’astre est dans le plan de l’équateur marées terrestres. Toutefois, l’exis- terrestre, la symétrie du champ de force tence des marées atmosphériques associé à l’astre, par rapport à un plan n’a jamais pu être constatée de façon diamétral de la Terre perpendiculaire à probante. la direction de l’astre, crée une pério- dicité semi-diurne qui, compte tenu du Force génératrice des marées mouvement orbital de l’astre, est de La Lune et le Soleil sont les deux 12 h 25 dans le cas de la Lune, de 12 h seuls astres à considérer, la première dans celui du Soleil. en raison de sa proximité, le second En dehors de ce cas exceptionnel, le en raison de sa masse. Par suite de la phénomène est quelque peu perturbé, faiblesse des dimensions de la Terre mais, comme la déclinaison de l’astre comparées à la distance de ces astres, reste toujours inférieure à 28°, il appa- l’écart entre les actions newtoniennes raît seulement dans le schéma semi- exercées par chacun d’eux sur le centre diurne une inégalité diurne qu’on in- de la Terre et sur un point de sa sur- terprète comme la superposition d’une face a un caractère différentiel, et la action diurne à l’action semi-diurne. force qui engendre les marées est in- Le mouvement orbital de l’astre in- versement proportionnelle au cube de troduit des inégalités déclinationnelles la distance de l’astre considéré. Bien d’une période d’environ deux semaines que cette force soit proportionnelle à la pour la Lune et de six mois pour le So- masse de l’astre, l’effet de distance est leil, ainsi que des inégalités parallac- tellement prépondérant que l’action du tiques de périodes doubles. Combinées Soleil n’atteint pas la moitié de celle avec la rotation terrestre, ces inégali- que la Lune exerce. Les effets des deux tés correspondent à de petites compo- astres se superposent et leur résultante santes de la force génératrice, dont les constitue la force génératrice luni- périodes diffèrent légèrement d’un jour solaire. Ces effets sont de l’ordre du ou d’un demi-jour de l’astre. dix-millionième de l’accélération de la pesanteur ; la composante verticale Les termes à longue période qui sub- de la force génératrice fait varier très sistent sont également très faibles. 6873 La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 13 Aspect synthétique des marées frottement le très léger ralentissement constaté dans la vitesse de rotation de Les ondes prépondérantes qui donnent la Terre, partant, le très faible accrois- à la marée totale son caractère essentiel sement de la durée du jour. sont l’onde lunaire moyenne pour la marée semi-diurne, l’onde déclination- En 1967 a été achevée, dans l’es- nelle luni-solaire pour la marée diurne. tuaire de la Rance, la première installa- On caractérise alors le mouvement tion industrielle de captation de l’éner- oscillatoire de la surface de l’eau par gie des marées. L’estuaire est coupé deux réseaux de courbes, groupant, le par un barrage-usine équipé de turbo- premier, les lignes le long desquelles alternateurs pouvant fonctionner dans l’oscillation conserve la même ampli- les deux sens, suivant que le niveau tude et, le second, les lignes dont tous aval est plus bas ou plus haut que celui les points sont simultanément dans du bief amont. L’électricité produite, la même phase. Ces dernières sont 0,5 GWh en moyenne annuelle, est in- appelées lignes cotidales ; l’heure de jectée dans le réseau régional d’inter- la pleine mer, invariable sur chacune connexion sous une tension de 225 kV. de ces lignes, sert à les identifier, et leur réseau donne par suite l’allure de Marées dans les fleuves la propagation de la marée. Celle-ci a La marée qui règne devant une côte se souvent le caractère d’une onde pro- propage dans les fleuves sous la forme gressive simple. Quelques bassins sont d’une onde dérivée progressant vers le siège d’ondes stationnaires avec des l’amont avec une périodicité identique qui ne comporte qu’une pleine mer et La propagation de l’onde-marée par lignes nodales sur lesquelles l’ampli- à celle de l’onde génératrice, mais la une basse mer par jour. Cette marée faibles profondeurs peut être altérée tude est nulle. Dans d’autres, la force dissipation d’énergie réduit peu à peu éprouve des variations d’amplitude par des phénomènes d’origine hydrau- de Coriolis due à la rotation de la l’amplitude de l’onde, et la marée finit nettement plus grandes que celles de lique que l’on interprète par la super- Terre provoque la formation de points par ne plus se faire sentir, c’est la limite la marée semi-diurne, les ondes du position d’harmoniques supérieurs nodaux isolés où concourent les lignes de la partie maritime du fleuve (160 km groupe diurne s’annulant quand l’astre des ondes principales. L’allure de la cotidales, de sorte que la marée paraît pour la Gironde et la Dordogne, plus de correspondant passe par le plan de courbe de marée est assez fortement se propager autour d’eux par rotation, 1 000 km pour l’Amazone). Dans l’es- l’équateur. modifiée (« tenue du plein » au Havre, d’où leur nom de points amphidro- tuaire et plus encore dans le fleuve, la double basse mer à Portland, double miques (rotation du nord vers l’ouest montée du niveau en un point est nette- Allure et amplitude des marées pleine mer à Southampton). dans l’hémisphère Nord, en sens in- ment plus brève que la baissée ; il peut verse dans l’hémisphère Sud). La marée que l’on observe résulte Certaines résonances des bassins même arriver que la montée soit à peu essentiellement de la superposition de océaniques modifient parfois de façon près instantanée, c’est le phénomène Courants de marée la marée diurne et de la marée semi- importante l’amplitude relative des du mascaret, lame brisante barrant tout diurne. La résonance des bassins péla- ondes d’un même groupe etintroduisent Les particules liquides sont mises en le lit du fleuve et remontant rapidement mouvement par l’onde-marée et elles vers l’amont. giques vis-à-vis des composantes de la d’autres singularités dans l’allure de la décrivent des orbites fermées conte- marée étant relativement peu serrée, marée. Le rapport des deux principales la hiérarchie des diverses ondes est ondes semi-diurnes, qui vaut en théorie nues dans des plans verticaux. Le dé- Les marées généralement conservée à l’intérieur 2,17, peut ainsi s’élever jusqu’à 7 (lit- placement vertical constitue la marée, des parties solides le déplacement horizontal, beaucoup de chaque groupe. Mais elle intervient toral sud-est de l’Argentine, où il y a Marées terrestres plus important, est le courant de considérablement dans l’importance alors peu de différence entre vive-eau marée, qui intéresse toute la profon- Sous l’action de la force génératrice relative des deux groupes, et cela suffit et morte-eau), ou s’abaisser jusqu’à deur de l’eau. Au large, où la marée des marées, le globe terrestre, qui pos- à expliquer les aspects très divers que 1,5 (golfe de Gabès, marées de morte- peut être assimilée à une onde pro- sède une certaine élasticité, éprouve revêt l’allure de la marée. Sur les côtes eau très faibles), ou bien l’onde solaire gressive simple, le courant n’a qu’une une déformation statique pouvant bordant l’océan Atlantique, principale- moyenne devient très faible et l’ampli- faible vitesse et il est alternatif, dirigé atteindre au plus un mètre d’ampli- ment sur celles d’Europe et d’Afrique, tude présente un rythme mensuel dû à dans le sens de la propagation quand la tude ; il est donc allongé de quelques la marée diurne est très faible, et le l’onde elliptique lunaire (Port-Lyttel- surface liquide est au-dessus du niveau décimètres en direction de la Lune et à phénomène total présente presque uni- ton en Nouvelle-Zélande). moyen, et inversement. Près des côtes, l’opposé, ce double allongement étant formément un caractère semi-diurne L’amplitude des marées est très le caractère des courants est profondé- moindre pour le Soleil. Constamment régulier. Dans l’océan Pacifique, au variable. Presque nulle dans les mers ment perturbé et, dans certains cas, leur variable en un point donné, cette défor- contraire, la marée diurne est beaucoup fermées, sauf lorsqu’il se produit des vitesse peut s’élever jusqu’à 5 m/s. mation constitue la marée terrestre ; sa plus importante, au point d’imprimer résonances locales (2 m à Gabès, 1 m à hauteur n’est pas mesurable, faute de parfois son caractère à la marée totale Venise), elle reste faible au milieu des Énergie des marées repères fixes. (côtes du Tonkin), mais l’amplitude océans, mais elle peut être considéra- Comme la houle, l’onde-marée possède La marée terrestre se manifeste indi- n’atteint jamais celle que l’on ren- blement amplifiée en se propageant sur l’énergie potentielle nécessaire pour rectement par quelques phénomènes contre dans beaucoup de régions à un socle continental et en rencontrant déformer la surface de la mer et l’éner- dont bien peu sont immédiatement marée semi-diurne à peu près pure. des rivages découpés. Les plus grandes gie cinétique nécessaire pour imprimer accessibles, comme les variations du Quand la marée diurne n’est pas né- marées du globe sont semi-diurnes aux particules leur mouvement orbital. niveau dans certaines mines inondées ; gligeable par rapport à la marée semi- (17 m en baie de Fundy au Canada, L’énergie totale de l’onde est considé- d’autres, plus fins, variation des lati- diurne, et aussi dans le cas inverse, on 15,5 m dans la baie du Mont-Saint- rable, mais elle se dissipe rapidement tudes, marées océaniques à longue pé- observe des marées mixtes ou des ma- Michel). La plus grande marée diurne par frottement sur le fond lorsque riode, variation de la tension d’un fil rées à inégalité diurne (océan Pacifique (11,5 m) a lieu à l’extrême nord de la l’onde se propage par des profondeurs tendu entre deux repères, permettent et océan Indien). mer d’Okhotsk. relativement faibles : on attribue à ce une première approche. Les mesures 6874 La Grande Encyclopédie Larousse -Vol. 13 (Payot, 1961). / R. Gibrat, l’Énergie des marées La combinaison des deux facteurs « am- (P. U. F., 1966). plitude des marées × morphologie litto- rale » conduit à un certain nombre incalcu- lable de variantes qui s’inscrivent entre les La zone des marées extrêmes suivants : La zone des marées, ou plus exactement — amplitude négligeable × falaise verti- la zone de battement des marées — on dit cale = estran pratiquement nul ;les phéno- aussi estran ou zone intertidale —, est la mènes de marée sont largement couverts par les phénomènes de seiche et/ou de portion de côte comprise entre hautes et ressac ; basses mers. — amplitude considérable × côte Son étendue dépend essentiellement plate = estran très étendu ; c’est là que la de deux facteurs : l’amplitude des marées zone de battement des marées offre ses et la morphologie littorale. formes les plus classiques, notamment la plage. L’AMPLITUDE DES MARÉES La zone de battement des marées est Elle varie dans l’espace et le temps. probablement, compte tenu de sa surface, y Dans l’espace. Il existe des mers à faibles la zone la plus riche et la plus diversifiée. marées (exemple : côtes françaises de Mé- Géologues et sédimentologues y recon- diterranée), où cette amplitude atteint au naissent des roches en place, des blocs, plus quelques dizaines de centimètres, des des galets, des graviers, des sables, des mers à fortes marées (exemple :côtes fran- sables vaseux, des vases sableuses, des çaises de la baie de Saint-Malo), où cette vases, qui interviennent comme autant de amplitude dépasse régulièrement 10 m. milieux sélectifs pour les peuplements par l’orientation par rapport au large (modes y Dans le temps. Le coefficient et par exposés, modes abrités) et bien entendu conséquent l’amplitude des marées par l’altitude par rapport au zéro des cartes suivent les phases de la Lune avec de (ceintures, dont les manifestations les faibles dénivellations au moment des pre- plus évidentes sont les ceintures algales mier et dernier quartiers (mortes-eaux), des côtes rocheuses), de sorte que le bio- de fortes dénivellations au moment des logiste, qu’il soit faunisticien, physiolo- nouvelle et pleine lunes (grandes marées giste, écologiste, etc., trouve dans la flore ou vives-eaux). Les différences d’ampli- et la faune intertidales — leur inventaire tude entre mortes-eaux et grandes ma- les plus précises concernent d’une part de son satellite. L’action du Soleil sur qualitatif et quantitatif, leur comporte- rées sont fortement tranchées. Toujours ment, leurs adaptations, notamment aux l’intensité de la pesanteur, qui éprouve la Lune est négligeable à côté de celle à Saint-Malo, le marnage (écart de niveau variations de températures, de salinité, une marée gravimétrique étudiée à de la Terre. Ne sachant à peu près rien entre haute et basse mer) est réduit à trois de conditions d’exondation — un extra- l’aide de gravimètres spéciaux, d’autre mètres en période de mortes-eaux ; il en de l’élasticité du globe lunaire, on ne ordinaire domaine d’observations et de part la direction de la pesanteur, qui peut évaluer l’ampleur de la déforma- atteint treize en période de très grandes recherches. marées. Il en résulte, pour les points situés subit une marée clinométrique obser- tion engendrée par la Terre. Comme la Plus pratiquement, le pêcheur et à sa dans l’intervalle, des alternances d’émer- vée au moyen de pendules horizontaux suite le touriste y voient une manne conti- Lune tourne toujours la même face vers sion et d’immersion variables d’un jour à très sensibles ; les premières mesures nuellement offerte, mais par là même trop l’autre. la Terre, il est vraisemblable que cette souvent saccagée. Hautement élaborés, les montrent que l’amplitude théorique marée allonge légèrement cette face et équilibres biologiques de la zone de batte- est multipliée par 1,2, les secondes LA MORPHOLOGIE LITTORALE ment des marées sont extrêmement fra- aussi la face cachée, avec de faibles peuvent fournir des indications sur la Elle intervient à grande échelle géogra- giles. Le basculement d’un « caillou », non variations dues à l’ellipticité de l’orbite constitution de la croûte terrestre. phique par son découpage (la forme de remis en place, entraîne la mort de tout ce lunaire et au phénomène de la libration. certains bassins, celui de la Manche occi- qui est fixé : Marées de la Lune A. G. dentale par exemple, amplifie le phéno- — dessus et qui, ayant besoin pour vivre de mène de la marée), à faible échelle géogra- lumière, se trouve maintenant à l’ombre ; La Terre exerce sur la Lune une action F Ondes océaniques. phique par sa pente. Une côte à pic donne — dessous et qui, ayant besoin pour vivre génératrice de marées 35 fois plus P. J. Melchior, les Marées terrestres (Impr. lieu à un estran réduit, une côte basse à un d’obscurité, se trouve maintenant à la forte que celle qu’elle subit de la part Louis, Ixelles, 1955). / J. Rouch, les Marées estran étendu. lumière. 6875 La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 13 Quelques algues arrachées condamnent au beurre, mais de prix inférieur, apte sont spéciales pour certains régimes crèmes glacées, etc. On en consomme à la dessiccation la faune réfugiée sous à se conserver longtemps sans s’alté- diététiques. en France près de 150 000 t par an. leurs frondaisons. La moindre atteinte au rer, en gardant sa valeur nutritive ». En fait, il n’y a pas une, mais des A. U. substrat (dragages et dérochements), la Mège-Mouriès prépara les premières margarines. Il faut d’ailleurs aussi tenir A. J. C. Andersen et P. N. Williams, Marga- moindre modification du pH (implanta- tions d’usines ou poses d’égouts) appau- margarines avec des graisses animales compte, dans le choix des matières rine (Oxford, 1954 ; 2e éd., 1965). / S. Rudischer, Fachbuch der Margarineindustrie (Leipzig, vrissent, vulgarisent, parfois même éli- (suif, saindoux) émulsionnées avec de grasses et la formulation de la phase 1959). / J. H. Van Stuijvenberg, la Margarine, minent complètement les communautés. l’eau et du lait. Peu à peu, les graisses grasse, de l’emploi auquel est destiné histoire et évolution, 1869-1969 (Dunod, 1969). Par ailleurs, l’âpre lutte qui se poursuit végétales (coprah, palmiste, palme) ont le produit (margarine de table ou de actuellement sur la majorité des côtes fran- trouvé leur place dans la composition cuisine, ou pour pâtisserie), de la sai- çaises (et aussi une bonne partie des côtes de la phase grasse à côté des graisses son, des habitudes alimentaires, etc. La européennes) entre tourisme et conchy- Marguerite animales. La seconde étape fondamen- phase grasse est additionnée — lorsque liculture témoigne de façon significative tale dans l’histoire de la margarine a de l’intérêt économique des horizons cela est autorisé — de colorants natu- d’Angoulême intertidaux. été la mise au point, par le chimiste rels, d’aromatisants, de vitamines A ou allemand Wilhelm Normann, de l’hy- D, d’émulsifiants et d’antioxygènes. Patrimoine commun, facilement acces- (Angoulême 1492 - Odos, Bigorre, drogénation de corps gras à la suite des sible, remarquablement riche, extraordi- 1549), reine de Navarre. nairement diversifié, mais aussi patrimoine travaux des savants français P. Saba- La phase aqueuse de plus en plus menacé, y compris dans ses tier et Sanderens. Cette découverte, qui Fille de Charles d’Orléans, comte fondements physico-chimiques (aménage- permet de « durcir » les huiles liquides Elle comprend de l’eau et/ou du lait. Ce d’Angoulême, et de Louise de Savoie, ment des côtes, pollutions), la zone de bat- dernier est généralement additionné de et de les transformer en graisses so- Marguerite fut élevée à la cour de tement des marées, champ de recherches, ferments bactériens sélectionnés, qui lides, a rendu possible l’utilisation des Louis XII. Elle reçut une éducation très espace de loisirs, terrain de récoltes et de développent un arôme agréable voisin huiles (arachide, tournesol, soja, etc.) soignée : elle connaissait sept langues cultures, doit faire l’objet de l’attention la de celui du beurre. La phase aqueuse plus soutenue et des mesures de conserva- dans les margarines. dont l’italien, l’espagnol, le grec et est également additionnée d’adjuvants tion les plus vigilantes. même l’hébreu, que lui avait enseigné — sucre ou sel. Parfois on y ajoute un E. P. Matières premières Jean Paradis. révélateur — fécule ou amidon — qui Lorsque son frère François qui Ier, V. Romanovsky, C. Francis-Boeuf et J. Bour- Les margarines sont constituées d’une permet de détecter facilement la mar- la chérissait et dont elle était la « Mar- cart, la Mer (Larousse, 1953). / J. R. Lewis, phase grasse dans laquelle est disper- garine dans le beurre. guerite des Marguerites », monta en The Ecology of Rocky Shores (Londres, 1964). sée une phase aqueuse. Cette dernière, / C. H. Cotter, The Physical Geography of the 1515 sur le trône de France, elle profita en France et dans la plupart des autres Oceans (Londres, 1965). Préparation de son crédit pour protéger les poètes, pays, ne doit pas dépasser 16 p. 100. Elle comprend les étapes suivantes : les humanistes et les clercs qui dési- dosage et formulation des deux phases, raient la réforme de l’Église. La phase grasse margarine mélange et mise en émulsion, cristalli- Elle avait épousé en 1509 le duc Elle comprend des huiles végétales sation et malaxage. Dans les installa- Charles d’Alençon ; restée veuve en fluides, des graisses végétales, des tions discontinues, la pièce maîtresse 1525, elle s’était remariée en 1527 à Corps gras alimentaire se présentant graisses animales ou des huiles ma- est le tambour refroidisseur-rotatif, Henri d’Albret, roi de Navarre, dont sous la forme d’une émulsion plastique rines. Généralement, il y a deux, trois suivi des cylindres malaxeurs ; dans elle eut un fils, mort jeune, et une fille, « eau-dans-l’huile ». ou quatre corps gras utilisés soit tels les installations continues (les plus fré- Jeanne, qui sera la mère d’Henri IV. La La margarine a été inventée en 1869 quels, soit hydrogénés. Certaines mar- quentes maintenant), on retrouve les reine allait faire de sa cour de Nérac un par un pharmacien français, Hippolyte garines sont dites « exclusivement vé- mêmes tambours-refroidisseurs, mais véritable cénacle de lettrés. Mège-Mouriès (1817-1880), à la suite gétales » ; d’autres « riches en acides surtout les appareils appelés tubes-re- François prenait souvent conseil Ier d’un concours organisé par Napo- gras polyinsaturés », importants du froidisseurs à lames racleuses, dont le d’elle. Après la défaite de Pavie en léon III « pour un corps gras semblable point de vue nutritif ; d’autres encore type le plus connu est le votator. La 1525, elle s’était rendue à Madrid pour margarine terminée est ensuite — le visiter son frère prisonnier et négo- plus souvent en continu et automatique- cier avec Charles Quint, qui l’avait en ment — conditionnée en un boudin de grande estime. Son prestige était tel section carrée, coupée en cube et em- que le pape Adrien VI avait songé à paquetée sous forme de pains cubiques elle pour apaiser les dissensions entre de 250 et 500 g. On la conserve dans les princes chrétiens. des chambres de stockage à 5 °C avant Son plus grand titre de gloire n’en de la distribuer — toujours en camions reste pas moins l’aide qu’elle apporta frigorifiques — vers des dépôts inter- aux lettrés de son temps. Elle soutint médiaires, puis vers des détaillants. toujours les évangéliques du « cénacle Les margarineries sont toujours des de Meaux », Guillaume Briçonnet et ateliers modernes, où les règles d’une Jacques Lefèvre d’Étaples, qui espé- hygiène très stricte sont observées raient réformer l’Église catholique sans et où les contrôles sont fréquents et rompre avec elle. Un évangélique zélé, rigoureux. Michel d’Arande, se fit auprès d’elle le propagateur de leur doctrine ; nommé Emplois évêque de Saint-Paul-Trois-Châteaux, il fut remplacé par Gérard Roussel. Les margarines sont des corps gras ali- mentaires par excellence. On les utilise Plusieurs fois, Marguerite avait à table, à la cuisine, en pâtisserie, etc. étendu sa protection sur les réfor- Elles ont aussi des emplois industriels mateurs Louis de Berquin et Étienne dans plusieurs industries alimentaires : Dolet ; en 1530, elle installa Lefèvre boulangerie, pâtisserie, confiserie, d’Étaples à Nérac ; elle publia elle- 6876 La Grande Encyclopédie Larousse -Vol. 13 même un traité spirituel influencé par dédia son Tiers Livre, paru grâce à sa gnit au château d’Odos, dans le pays de et de Chypre (au XVIIIe s.) au sud-est de le « cénacle de Meaux », le Miroir de protection. Tarbes, le 21 décembre 1549. l’Iran (XXVe s.). l’âme pécheresse (1531). Dès 1524, La fin de sa vie fut assombrie par P. R. Dès l’époque du Dynastique ar- dans son Dialogue en forme de vision le supplice d’Étienne Dolet (1546) et F François / Valois. chaïque (v. 3000-2325), c’est une Ier nocturne, elle faisait sienne la théorie grande ville avec temples et ziggourat. l’exil de Marot, qu’elle ne put éviter. P. Jourda, Marguerite d’Angoulême, du- protestante de la justification par la Leurs vestiges montrent que la civilisa- François Ier en face de l’hérésie protes- chesse d’Alençon, reine de Navarre, 1492-1549 grâce seule. tion de la basse Mésopotamie, qui est tante avait définitivement opté pour une (Champion, 1931 ; 2 vol.) ; Une princesse de la Peu à peu, elle se détacha des Renaissance, Marguerite d’Angoulême (Des- avant tout celle des Sumériens, a été politique répressive, et le crédit de sa croyances orthodoxes, mais sans rallier clée De Brouwer, 1932). / R. Ritter, les Solitudes adoptée à Mari par un milieu purement soeur avait diminué. Marguerite n’avait de Marguerite de Navarre, 1527-1549 (Cham- sémitique, qui manifeste son originalité les thèses de Calvin* sur la prédestina- pu malheureusement réaliser son rêve tion. Toutefois, elle entretint des rela- pion, 1953). par l’emploi de sa langue dans les ins- et celui des évangéliques : rapprocher tions avec lui et avec Melanchthon*. criptions et par certains rites. La tradi- protestants et catholiques afin d’éviter tion recueillie au millénaire av. J.-C. Elle professa une religion toute spiri- IIe la rupture et l’affrontement. attribue à la grande cité du Dynastique tuelle, détachée des oeuvres et illumi- Mari née par la mystique. Cette attitude lui Les oeuvres mystiques de Marguerite archaïque une des dynasties qui ont valut la réprobation des docteurs de ne sont pas les seules qu’elle ait écrites. dominé toute la Mésopotamie ; et l’on Sorbonne ; en 1533, les professeurs du En bonne princesse de la Renaissance, V. ancienne de Mésopotamie, située croit la retrouver dans les bâtisseurs de collège de Navarre la jouèrent sur leur elle rédigea en 1546 un recueil de nou- sur l’Euphrate moyen. deux grands palais qui se succèdent sur l’emplacement qui sera encore celui de théâtre en la dénonçant comme une velles légères, l’Heptaméron (publié Retrouvée au tell arr, en Syrie, la dernière demeure royale à Mari. sectaire et une visionnaire ; quelques en 1558-59), dans la manière du Déca- près de la frontière de l’Iraq, elle est jours plus tard on stigmatisa son livre, méron de Boccace*, et un livre de poé- La richesse de la cité attire les fouillée depuis 1933 par une mission le Miroir de l’âme pécheresse ; mais sies, les Marguerites de la Marguerite conquérants, et ses monuments sont française, qui a découvert des niveaux François Ier fit rapporter la sentence. des princesses (1547). La reine écrivit deux fois détruits vers la fin de la pé- ou des tombes allant de la fin du Ses fiefs d’Alençon, où s’était réfugié riode. Elle passe ensuite sous la domi- également des mystères et des farces. Pierre Caroli, et de Bourges étaient IVe millénaire à l’époque sassanide. nation des rois d’Akkad (XXIVe-XXIIIe s.) Marguerite embellit le château de et sans doute aussi de la dynastie d’actifs centres de propagande des IIIe Pau et l’entoura de magnifiques jar- nouvelles doctrines. Le royaume d’Our (XXIIe-XXIe s.). dins ; elle dota les hôpitaux d’Alençon présargonique La cour de Nérac était également et de Mortagne-au-Perche et fonda en Le royaume amorrite un lieu d’accueil pour les lettrés. (jusqu’au XXIVe s.) 1534 à Paris l’hôpital des « Enfants- (XIX-XVIIIe s.) C’est grâce à Marguerite que Clément Rouges » pour les orphelins. La cité-État de Mari a toujours tiré Marot*, dont elle avait fait son valet de Même après l’effondrement de l’em- de grands profits du commerce qui, Elle survécut deux ans à son frère, chambre, emprisonné en 1526 « pour pire créé par les rois d’Our (2025), les avoir mangé du lard en carême », fut dont la mort l’affecta profondément. reliant la basse Mésopotamie au cou- souverains locaux de Mari se conten- relâché. Bonaventure Des Périers, lui Elle résidait dans ses châteaux de loir syrien et à l’Anatolie, emprunte tent longtemps du titre de « gouver- aussi son valet de chambre, et Octavien Nérac et de Pau ou au couvent de Tus- par bateaux ou par caravanes la vallée neur » ; puis celui de roi de Mari est de Saint-Gelais furent ses obligés. Il son en Augoumois et y écrivait ses plus de l’Euphrate, et ses relations se sont repris par Iaggid-Lim (v. 1825), qui en alla de même de Rabelais*, qui lui belles poésies mystiques. Elle s’étei- étendues à travers l’Ouest, de la Crète est aussi roi de Hana, c’est-à-dire à la 6877 La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 13 fois de la région de Terqa (en amont de et sa région, mais l’archéologie n’y a et les quelque 20 000 tablettes retrouvées, doivent être pubères : le législateur Mari, sur l’Euphrate) et de l’ensemble trouvé pour la période qui suit la fin de pour la plupart économiques ou adminis- édicté une présomption de puberté en tratives, démontrent la richesse du palais des pasteurs qui nomadisent dans ce la cité-État que les tombes des garni- décidant de fixer l’âge matrimonial à et donc du royaume. secteur de la haute Mésopotamie. La sons assyriennes, parthes et sassanides 18 ans pour les jeunes gens et à 15 ans Après la destruction complète du palais partie sédentaire de la population, où se qui campent en ces lieux, et le sable pour les jeunes filles (des dispenses par Hammourabi, Mari décline jusqu’à mêlent Sémites de langue akkadienne finit par recouvrir ce qui restait du fa- d’âge peuvent être obtenues du pro- n’être plus qu’un tell désolé. L’intérêt artis- et Sémites occidentaux et qui cultive les meux palais et de la « ville de royauté » cureur de la République dans des cas tique des oeuvres dégagées réside dans la vallées encaissées auxquelles se limite qui avait dominé l’« Ouest ». graves : par exemple l’état de grossesse rencontre, source d’une originalité réelle, l’irrigation, est bien moins nombreuse de deux influences majeures, l’une méso- de la jeune fille). La loi ne cherche que ces tribus indociles d’Amorrites, potamienne, l’autre syrienne. pas à transformer cette présomption L’archéologie de Mari et l’État de Mari, plus riche que puis- J. C. M. d’aptitude en certitude : elle n’exige Depuis 1933, la ville est l’objet d’un sant, participe sous la dynastie des Lim pas que les candidats au mariage soient dégagement systématique de la part de F Mésopotamie / Syrie. à l’instabilité politique qui caractérise effectivement aptes à la procréation ; l’archéologue français André Parrot (né en la plupart des cités-États mésopota- G. L. l’impuissance ou la stérilité certaines 1901) ; en vingt campagnes, ce dernier a miennes de l’« époque d’Isin-Larsa » remis au jour une documentation d’une A. Parrot et G. Dossin (sous la dir. de), Ar- ne sont pas des obstacles au mariage. (entre la chute de la IIIe dynastie d’Our rare ampleur, qui a renouvelé à maints chives royales de Mari (Geuthner, 1949-1965 ; (Il n’y a pas non plus d’âge limite 15 vol.). / A. Parrot, Mission archéologique de et la création de l’empire de Hammou- égards notre connaissance de l’histoire et supérieur.) Mari (Geuthner, 1956-1969 ; 4 vol.) ;Mari, capi- de l’art de l’Antiquité orientale aux IIIe et rabi). Les maîtres de la grande cité tale fabuleuse (Pavot, 1974). / J. R. Küpper, les Un examen médical est exigé avant IIe millénaires. de l’Euphrate se heurtent continuel- Nomades en Mésopotamie au temps des rois de le mariage. Les époux en justifient par Si la fouille n’a pas encore permis de Mari (Les Belles Lettres, 1957) ; la Civilisation lement à une autre dynastie amorrite, la présentation d’un certificat médical préciser le moment de la fondation du site, de Mari (Les Belles Lettres, 1968). qui réside sans doute à Shoubat-Enlil qui se borne d’ailleurs à énoncer que peut-être à la fin du IVe millénaire, elle a du (dans le bassin supérieur du Khbr) moins montré qu’au milieu du IIIe la cité telle personne a été examinée en vue et dont le personnage le plus célèbre rayonnait d’un éclat particulièrement vif. du mariage. est Shamshi-Adad Ier. Ce conquérant De cette période date un palais, en cours mariage Les conditions psychologiques pro- d’étude, d’une exceptionnelle conserva- profite de l’assassinat de Iahdoun-Lim cèdent de l’idée, essentielle, de liberté tion ;d’importantes installations cultuelles de Mari (v. 1798), dont il évince le au coeur de l’édifice attestent la symbiose Union officiellement établie d’un du mariage : ainsi, on explique que les fils, Zimri-Lim, pour réunir la grande alors réalisée en la personne du souverain homme et d’une femme en vue de fon- époux (et, en principe, les époux seu- ville à son domaine. Mais à la mort de entre le temporel et le spirituel. En outre, der un foyer. Il est le cadre institution- lement) doivent consentir, et consentir Shamshi-Adad Ier(v. 1783), Zimri-Lim des temples ont été dégagés en bordure nel de l’union sexuelle. valablement, au mariage. Il n’y a pas est ramené à Mari par son beau-père, le de la ville (temple dédié à Ishtar), en son de mariage s’il n’y a pas de consen- temenos (Ishtarat, Ninizaza, Ninhoursag, roi d’Alep. tement. La volonté de se marier est Shamash...), ou reconnus sous l’emplace- L’INSTITUTION C’est ce Zimri-Lim, dont le règne ment de la ziggourat plus tardive, peut- indispensable. semble avoir dépassé trente-trois ans, être voués à Dagan, divinité particuliè- Cette volonté doit émaner d’un être Souvent précédé d’une période de qui met la dernière main à ce palais rement vénérée en Syrie du Nord. Si les conscient : un aliéné ne peut se marier et à ces archives qui sont, jusque-là, textes découverts sont rares pour cette fiançailles à laquelle le droit n’attache que dans un intervalle de lucidité. La uniques dans l’archéologie de l’Asie époque, certains temples ont donné à pro- guère d’effets (sauf rupture abusive), fusion des statues de gypse ou d’albâtre volonté de se marier doit également le mariage, par son caractère officiel, occidentale. La demeure des rois de qui sont parmi les pièces maîtresses de la être sérieuse : le mariage ne serait se distingue de la simple union de fait Mari est conservée sur 2,5 ha, où on a statuaire mésopotamienne archaïque, telle pas valable s’il intervenait afin seu- (union libre, concubinage). À l’heure trouvé près de trois cents pièces, cor- la statuette vouée par Lamgi-Mari (musée lement d’obtenir certains avantages actuelle, malgré l’évolution sensible ridors et cours. Plus encore que par la d’Alep), l’un des princes de la cité, ou celle secondaires de l’institution (mariage de l’intendant Ebih-II (musée du Louvre). des moeurs et la plus grande tolérance qualité de son architecture et de son contracté en vue simplement d’obtenir confort intérieur, elle est remarquable L’époque des royaumes amorrites, de la société, le mariage reste le cadre la nationalité du mari). par ses peintures murales. au début du IIe millénaire, marque une généralement choisi pour la fondation seconde période de splendeur. Elle est d’une famille. (Il existe une constance Il n’y a pas de mariage si le consen- D’autre part, les archéologues ont illustrée par un palais d’une remarquable assez remarquable du rapport mariages/ tement souffre de certains vices : ainsi trouvé dans les archives du palais ampleur et pourvu d’un très riche matériel. concubinages.) La même constatation pourrait être annulé le mariage à pro- plus de 20 000 tablettes, qui nous L’édifice, achevé par Zimri-Lim, possédait peut être faite dans les pays de civili- pos duquel le consentement n’aurait été renseignent sur le royaume des XIXe- des murs qui sont encore hauts de 5 m par sation comparable à celle de la France, que la conséquence d’une erreur sur endroits ; deux grandes cours bordées de XVIIIe s. et sur l’histoire événementielle salles officielles, de nombreux blocs d’ha- où le mariage demeure une institution l’identité du conjoint (ou, même, d’une et la civilisation de la Mésopotamie, bitation, des magasins, des ateliers, des solidement ancrée dans les moeurs. erreur sur les qualités essentielles du qui, de ce fait, ne sont jamais aussi bien chapelles et des zones de résidence pour- conjoint) ; de même, le mariage auquel connues que pour cette période. vues d’installations sanitaires, de chauf- La formation du mariage l’un des époux n’aurait consenti que fage et de cuisines, tout montre la com- contraint et forcé (violence physique plexité et le luxe de cet ensemble à une La ruine de Mari Les conditions de formation du ou morale) pourrait être annulé à la époque où il représente le pôle essentiel mariage Zimri-Lim, longtemps allié de Ham- de la cité ;les murs étaient parfois revêtus demande de l’époux auquel il a été fait d’un décor peint formant de grandes com- violence. mourabi de Babylone, est finalement LES CONDITIONS DE FOND. positions religieuses ; la plupart ne sont attaqué et vaincu par ce dernier (1760). Les conditions physiologiques dé- En principe, le consentement des connus que par des débris, mais, heureuse Deux ans plus tard, les Babyloniens qui coulent de l’idée que le mariage est une seuls époux est suffisant. Cependant, exception, la peinture de l’Investiture des occupaient la ville démantèlent sa mu- institution orientée vers la procréation. les familles sont appelées à jouer un rois de Mari témoigne encore du goût des raille, et c’est la dernière mention du artistes pour la couleur et d’une certaine Aussi, et bien que la loi ne le dise pas certain rôle dans la formation du lien royaume de Mari dans l’histoire. Nous fantaisie dans le traitement d’un sujet offi- expressément (mais la tradition nous matrimonial. Tout d’abord, ce rôle est ciel (Louvre). Chapelles et salles d’apparat ne savons rien sur la fin de Zimri-Lim, l’enseigne), la différence de sexe des évident lorsque l’un des fiancés est mi- contenaient aussi des statues comme celle qui a peut-être continué à régner dans époux est essentielle (difficultés dans neur de 18 ans. Car alors son consente- de la déesse au Vase jaillissant ou celle du une autre résidence. Dans les textes les cas où le sexe d’un candidat au ment personnel — indispensable — est gouverneur Ishtoup-iloum, toutes deux assyriens du IIe et du Ier millénaire, le mariage serait douteux ou difficilement insuffisant et doit être complété par le au musée d’Alep ; céramiques diverses, nom de Mari continue à désigner le site sceaux et empreintes, moules à gâteaux reconnaissable). En outre, les époux consentement de certaines personnes 6878 La Grande Encyclopédie Larousse -Vol. 13 pour rôle de permettre éventuellement faire la preuve du mariage de leurs parents, de mettre en évidence des « opposi- à défaut de représentation de l’acte de tions à mariage ». célébration, en invoquant la possession d’état. Pendant la célébration elle-même, (généralement les parents, à défaut les Les conditions sociologiques procè- M. C. certaines exigences doivent être res- ascendants, à défaut le conseil de fa- dent d’une certaine conception de la pectées. Le mariage est célébré selon mille). Le défaut de consentement des société, inspirée de la tradition chré- certains rites bien connus de tous en personnes chargées de consentir rend le tienne, qui a conduit à la prohibition La sanction du non-respect des présence d’un officier de l’état civil (le mariage impossible ; mais en cas de dé- de la polygamie et de l’inceste (cette conditions de fond et de forme du maire ou l’un des conseillers munici- saccord entre ces personnes, le dissen- dernière se doublant de préoccupations mariage paux délégués). Cette célébration doit timent vaut consentement. De la même eugéniques), l’inceste n’est un obstacle être publique et a lieu ordinairement à Outre des sanctions pénales, appliquées façon, la famille intervient directement absolu au mariage qu’en ligne directe la mairie. La clandestinité de la célé- en cas de non-respect de certaines en cas de mariage d’un aliéné : si la (ascendant-descendant) ; en ligne col- bration entraîne la nullité du mariage. conditions de formation du mariage, la volonté « lucide » de celui-ci est indis- latérale, la prohibition n’existe d’une Un acte de mariage doit être dressé sur- sanction civile la plus importante qui pensable, elle est insuffisante lorsque manière absolue qu’au deuxième degré le-champ et signé par l’officier d’état ait été prévue paraît être la nullité* du l’aliéné est placé sous le régime de la de parenté (frère-soeur). Au-delà, la civil, les époux, les témoins (deux au mariage. tutelle ou de la curatelle ; dans ce cas, dispense est possible. moins, quatre au plus) et les ascendants certaines personnes doivent également Cette sanction est particulièrement dont le consentement est nécessaire consentir aux côtés de l’incapable. LES CONDITIONS DE FORME DU grave parce que, par hypothèse, elle s’ils assistent au mariage. L’officier MARIAGE. Dans tous les autres cas, la famille d’état civil qui a célébré le mariage fait disparaître une union qui aura Ces conditions de forme doivent être ne joue plus qu’un rôle effacé. Cepen- remet au mari le livret de famille ; men- néanmoins créé un certain état de fait. respectées, dans le temps, à deux mo- dant, son autorité peut encore se faire tion du mariage sera portée en marge Cela n’est pas sans inconvénients, no- ments différents. sentir, d’une façon ultime, par le biais de l’acte de naissance de chacun des tamment s’il est né des enfants du ma- Avant le mariage, la formalité es- des oppositions à mariage ; l’oppo- époux. riage. Aussi a-t-on imaginé la théorie sentielle est la publication du projet sition est l’acte formaliste par lequel du mariage putatif, en vertu de laquelle certains membres de la famille (le plus de mariage (le domicile matrimonial Preuve du mariage les effets passés du mariage annulé souvent) font connaître à l’officier de peut être le domicile* ou la résidence sont maintenus au profit de l’époux l’état civil chargé de célébrer le ma- de l’un ou des deux époux). Une dis- Le mariage se prouve : de bonne foi (ignorant l’existence riage qu’il existe des empêchements à pense de publicité totale (mariage in 1o par l’acte de mariage lui-même, qui de- vrait être le seul moyen de preuve ; d’un premier mariage, par exemple) l’union projetée. Cet acte fait obstacle extremis, par exemple) ou partielle à la célébration de l’union pendant un (exemple : mariage de concubins pas- 2o par la déclaration judiciaire de perte ou et, depuis 1972, au profit des enfants de destruction des registres ; délai d’un an, à moins que mainle- sant pour gens déjà mariés) est pos- nés pendant le pseudo-mariage, même 3o si, les parents étant décédés, la légiti- vée volontaire ou judiciaire n’en soit sible ; elle est accordée par le procu- mité des enfants issus du mariage est l’ob- lorsque aucun des époux prétendus obtenue. reur de la République. Cette publicité a jet d’une contestation, les enfants peuvent n’aura été de bonne foi. 6879
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