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La sculpture romane PDF

423 Pages·2010·365.048 MB·French
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JEAN-RENÉ GABORIT Pour Danielle et Gabrielle Relllercielllents Je tiens à exprilller toute llla gratitude à Jean-François Barrielle, directeur des Éditions Hazan, qui a eu l'idée de cet ouvrage et qui lll'en a confié la rédaction, sur l'ailllable suggestion de Violaine Bouvet-Lanselle, chef du Service des éditions du musée du Louvre. Que Béatrice Petit, Nathalie Livingstone, Frédéric Célestin et Sarah Houssin-Dreyfuss qui ont assuré la réalisation de ce livre avec dynamisme, colllpétence et patience reçoivent ici l'expression de llla plus vive reconnaissance. Cet ouvrage est dédié à la llléllloire de ceux qui furent mes maîtres: Jean Hubert, André Grabar, Jean Porcher, ainsi qu'à René Crozet. Il doit beaucoup aux échanges que j'ai pu avoir avec des historiens d'art lllalheureuse!llent disparus: Jacques Thirion, Léon Pressouyre, Anne Prache. Au fil des ans, j'ai eu la chance d'évoquer les problèmes de la sculpture romane avec de nolllbreux collègues et alllis, parmi lesquels je voudrais tout particulièrelllent citer Françoise Baron, Xavier Barral y Allet, Caroline Berne, Jean-Claude Bessac, Victor Beyer, Annie Blanc, Michael Brandt, Geneviève Bresc-Bautier, Mariagiulia Burresi, Antonio Caleca, Quilterie Cazes, Béatrice de Chancel-Bardelot, Clario Di Fabio, Colette Di Matteo, Barbara Drake Boehm, Pierre Dubourg-Noves, Jannic Durand, Anne Elllbs, Dolllinique Faunières, Chantal Fraïsse, Angela Franco Mata, llene Forsyth, Danielle Gabarit-Chopin, François Hebert-Suffrin, Danielle Johnson, Judith K,1gan, Pierre-Yves Le Pogam, Charles T. Little, Jacques Mallet, Gér;.ildine M;illet, Brigiltl' M,rnricc-Challlbard, Robert Maxwell, Philippe Plagnieux, Olivier Poisson, Olivier Roll,rnd, l),rny S,111dron, Christian Sapin, Neil Stratford, Paul Williamson. Puissent-ils trouwr i, i 1m•, plu, ch,1leureux relllerciements. J,,, Ouvrage publié ,lVl'< <>Ill <HII' du ( ,·nlrl' n,1tional du livre. Édition Béatrice Petit et Nath.1lil' 1 iv111g,l<Hll' Iconographie Béatrice Petit et Sarah l lou,,i11 1 )ll·yl11ss Conception graphique Frédéric Célestin Couverture Jean-Marc Barrier (poelll) Fabrication 1r édéric Célestin, Claire Hostalit•r t•I Y<>.11111 M.11111u·1 ,, ) Éditions Hazan, Paris 201 0 www.editions-hazan.co1ll ISBN: 978 2 7541 0360 2 1) {,pôt légal: octobre 2010 Sommaire 7 Introduction 11 Les conditions de la création à l'époque romane 49 Les sources de la sculpture romane 89 Les premières expériences 111 L'épanouissement de la sculpture romane 181 Les chapiteaux 247 La sculpture dans l'église: liturgie et dévotion 313 Tympans et linteaux 371 Les façades sculptées et la maîtrise des volumes 409 La fin de l'art roman: transition et ruptures 414 Annexe photographique 426 Notes 430 Bibliographie 436 Index des noms de personnes 437 Index des noms de lieux Introduction Depuis qu'en 1818 un «antiquaire» nor111and, Charles 111ê111e pour le choix des formes et, clans une 111oindre de Gerville (1769-1853) ', a, le pre111ier se111blc-t-il, pro 111csure, pour le 1·éperloire ornemental. Et cependant, posé de qualifier de « ro111ans » les 111onu111cnls 111algré cette difficulté, voire cette impossibilité, à défi construits au cours de la période qui s'étendait entre la nir l'art roman de façon claire et rationnelle, nous fin des« te111ps barbares» cl l'apparition de la voûte sur n'avons guère d'hésitations à reconnaître une œuvre croisée d'ogives, bien des tentatives ont été faites pour comme « romane», et cette appellation, toute contesta donner de cet art roman une définition objective el pré ble qu'elle soit, fait l'objet d'un consensus de fait. cise, à tel point que l'on a pu en conclure assez récc111- Le caractère à la fois insaisissable et évident de l'art 111ent qu'il s'agissait d'une «invention» et qu'en fait ro111an tient à sa nature, quelque peu paradoxale: atta « l'art ro111an n'existe pas 1 ». che111ent à certaines traditions 111ais indifférence aux Il est vrai que, dans les tentatives de définition, règles, inventivité foisonnante 111ais recours constant à 111ê111e en se li111itant au seul do111aine de l'architecture, des modèles plus ou moins bien co111pris et assi111ilés, aucun critère véritable111ent discri111inant n'a pu être expériences diverses et 111ultiples, parfois sans lende retenu: ni l'e111ploi de l'arc en plein cintre, ni le 111ode main, parfois, au contraire, profondé111ent novatrices et de construction des 111urs, ni la généralisation des struc promises à un long avenir. À l'intérieur de zones géo tures voûtées, ni le vocabulaire orne111ental ne peuvent graphiques plus ou 111oins étendues, certaines constan caractériser la totalité des constructions ro111anes. Si tes donnent une impression de relative unité. L'art l'arc en plein cintre est effectivement majoritaire, l'arc roman est pourtant essentielle111ent divers et, jusqu'au brisé a été utilisé à partir du deuxiè111e quart du x11° siè sein d'un 111ê111c édifice, les campagnes successives cle dans un certain nombre d'édifices que l'on qualifie peuvent témoigner de cette diversité. C'est pourquoi, cependant de «romans»; les murs en petit appareil de par un accord presque i111plicite, l'art ro111an tend, le 111oc,llons cassés au marteau peuvent coexister avec des plus souvent, à être défini sur la base de critères à la fois pare111enls faits de gros blocs très soigneusc111enl appa chronologiques et géographiques, co111me une période reillés cl, 111ê111c dans de grands édifices, le couvrc111cnl durant laquelle un ense111ble de for111es s'est développé de bois peul l'cmporl('r lr<''- l,1rgenwnl ~ur le•<, p,1rlie~ en Europe occidentale, et non comme un «style». VOLll<'CS ... Au cadre chronologique très large qui a longtemps Si l'on aborde les autres domaines de la création prévalu et qui faisait débuter l'art roman avec la fin du artistique, il est encore plus difficile de donner un Bas-Empire, englobant par voie de conséquence la contenu précis à « l'i ntu ilion heureuse» de Cervi lie S, période des royau111cs barbares et celle de l'Empire diffusée par Arcisse de Cau111ont ·1: ni la sculpture, ni la carolingien, s'est peu à peu substitué un concept plus peinture, ni l'orfèvrerie ne se laissent enfcr111cr clans un restrictif: les nouvelles pratiques clans l'art de bfüir, fon systè111e nor111atif. Sur le plan technique, l'art ro111an cle111ents du prc111ier art ro111an, se 111anifestent au cours emprunte beaucoup à ce qui l'a précédé, et bien des de la seconde 111oitié du x·· siècle, parallèlement aux procédés dont il a fait usage perdureront. Il en est de mutations écono111iques et sociales qui caractérisent cette période. À l'inverse, c'est à partir du milieu du x11" siècle, dans un contexte politique, économique, Trône épiscopal en marbre de l'abbé Élie (détail), intellectuel et socia I profondément renouvelé, que 1•·• quart du x11•· siècle Bari (Pouilles, Italie), basilique San Nicola l'a111élioration des techniques de construction (dont 7 INTRODUCTION l'usage de la voûte sur croisée d'ogives n'est qu'un des majeure partie de l'Europe occidentale et centrale aspects) et l'évolution des pratiques artistiques donnè durant les x1° et x11° siècles. Mais cette définition pose le rent naissance à un nouveau «style» qu'il est d'usage problème des zones périphériques, en particulier pour de qualifier de «gothique», terme d'abord utilisé pour les parties de l'Europe de l'Est ou du Nord dont la chris qualifier l'ensemble de l'art médiéval et arbitrairement tianisation est, au XI" siècle, encore imparfaite. Pour l'Es rattaché à l'héritage d'un peuple barbare qui envahit pagne, la période concernée est celle des débuts de la l'Italie au v'· siècle. La seconde moitié du x11" siècle Reconquis/a qui tend à repousser vers le sud la frontière apparaît donc comme une période complexe au cours avec les territoires musulmans: une zone de contacts et de laquelle l'art roman, selon les régions et les circons d'échanges ;.ivec IJ culture islamique subsiste, qui ne fut tances, s'épanouit, s'étiole ou se transforme, parfois pas sans conséquences sur les créations romanes. de façon presque soudaine, plus souvent, très progres Les liens entre le monde roman et le domaine sivement. D'où bien des incertitudes et des hésitations: byzantin, c'est-à-dire celui de la Chrétienté orientale, se le qualificatif «roman», tout conventionnel qu'il soit, révèlent complexes: si les rapports avec l'empire peut-il vraiment être appliqué à certains monuments d'Orient étaient, sur le plan politique, plutôt mauvais ou à certaines œuvres, qui apparaissent comme autant et, sur le plan religieux, souvent conflictuels, l'Église de jalons sur les chemins qui ont mené aux formes grecque était bien présente en Italie; clans les Balkans, nouvelles? traditions byzantines et pratiques occidentales pou De la seconde moitié du x0 siècle au deuxième tiers vaient coexister. Il est cependant significatif que la Hon du XII", la période romane aurait clone duré un peu plus grie, ralliée à Rome sur le plan religieux, soit devenue de cieux cents ans, avec cependant quelques différences l'une des« provinces» de l'art roman, alors que la Bul d'interprétation selon les pays concernés. Ainsi en est-il garie, qui avait choisi, après quelques hésitations, le rat de l'art ottonien, très souvent défini comme un prolon tachement à l'Église d'Orient, en adoptait aussi les nor gement de l'art carolingien, au x'· et encore au XI" siècle, mes artistiques. La création, à la suite de la première dans le cadre du Saint Empire, bien qu'il soit contem croisade (1096), des États latins de Terre sainte, aurait porain de la naissance et du premier développement de pu favoriser la pénétration en Occident d'influences l'art roman. Souvent exclu des études sur l'art roman et venues de l'Orient (qu'il soit arabe ou byzantin) au sein plutôt rattaché au haut Moyen Âge, l'art ottonien doit de l'art roman. Elle aboutit surtout à la réalisation, en cependant être pris en considération, ne serait-ce que Palestine, cl'œuvres dont l'origine est à chercher bien pour l'influence qu'il a pu exercer. Il est, en revanche, plus en France ou en Italie que clans un «métissage» arbitraire de considérer que l'on ne peul plus qualifier entre l'art roman el les traditions locales. de« romans» des monuments postérieurs à la décennie Si le fait d'inclure clans le domaine roman la partie 1160-1170 qui coïncide, effectivement, cl;.ins IJ France sud des îles Britanniques ne pose guère de problème, du Nord, avec l'épanouissement du « premier art gothi on peut hésiter davantage à traiter de même l'Irlande que», ;.ilors que le dernier qu;.irt du x11•· siècle corres (bien que le christianisme y ait été implanté dès le pond, en Italie et clans une partie du midi de la France, v· siècle) et, plus encore, les pays scandinaves (dont la à une floraison Jrtistique dont les car;.ictéristiques relè christianisation ne débute véritablement qu'à la fin du vent bien de ce que l'on considère comme le « style X''), tant étaient grandes, dans ces régions, la force des roman». Sans doute, clans les divers essJis de périodi trJclitions autochtones et l'originalité de leur expression sation proposés, une certJine p;.irl de subjectivité n'est artistique. À partir du xw· siècle, toutefois, l'évolution pas exclue, renforcée par les traditions et le vocabulaire des formes, notamment dans la sculpture, témoigne propres à ch;.ique pays clans le domaine de l'histoire de d'une certaine connaissance de ce qui se faisait alors l'art. Il n'est guère contestable que le x1•· siècle et, sur clans des pays méridionaux; cc qui permet de rattacher tout, la première moitié du siècle suivant constituent aussi bien l'Irlande que la partie sud de la Suède et de véritablement le cœur de la période romane telle la Norvège à la périphérie de l'art roman, dont le Dane qu'elle est ici prise en considération. mark relève pleinement. Géographiquement, le domaine de l'art roman cor Le présent ouvrage traite de la sculpture à l'époque respond à celui de la Chrétienté latine, c'est-à-dire à la romane. Sujet qui, en apparence, se définit de lui- 8 INTRODUCTION même assez clairement, tant sont nombreux les édifices quer les campagnes de restauration qui, en respectant, romans qui doivent leur juste célébrité à l'abondance du moins pour l'essentiel, l'architecture du bâtiment de leurs chapiteaux sculptés ou à la richesse ornemen ont fait souvent perdre à la sculpture tout caractère tale et la complexité iconographique de leurs portails. d'authenticité. Peut-on vraiment réduire la sculpture romane à sa seule En écartant aussi bien une étude de la sculpture fonction architecturale, si essentielle et si complexe romane région par région qu'une démarche strictement soit-clic? Son rôle clans le traitement des murs et des chronologique (peut-être impossiblet au profit d'une supports et son rapport au monument seront souvent, i 1 approche faisant une large place à la typologie, ce tra est vrai, au centre des analyses ici proposées, alors que vai I a cherché, sans privilégier les monuments les pl us l'on ne saurait sous-estimer la part d'autonomie que, célèbres ou les régions les plus riches en chefs-d'œuvre, clans bien des cas, les sculpteurs de l'époque romane à mettre en valeur les apports spécifiques et parfois sont parvenus à conquérir et à conserver vis-à-vis des méconnus de la période romane à l'histoire de la sculp contraintes que l'architecture leur imposait, grâce en ture occidentale. Peut-être certains lecteurs s'étonne particulier à leur liberté d'interprétation des éléments ront-ils que des monuments romans qui leur sont parti figurés. Il a existé, par ailleurs, un nombre non négli eu I ièrement chers soient absents de ces pages ou trop geable de sculptures indépendantes de tout contexte brièvement mentionnés, alors que d'autres, moins illus architectural et qui, si l'on en juge par celles qui ont tres, y sont reproduits cl commentés. L'ambition de ce subsisté, semblent avoir été particulièrement novatrices livre n'est pas de constituer une anthologie de la sculp sur le plan formel. l~cstc enfin le problème de la« petite ture romane, encore moins de viser une impossible sculpture», souvent précieuse par la nature du matériau exhaustivité. Il tente de dégager les lignes de force qui employé (métaux précieux, ivoire) et qui, par sa mobi caractérisent la sculpture de cette période et les élé lité, a pu être un vecteur de transmission des modèles. ments, qui au-delà des inévitables différences régiona Bien des sources narratives font, pour l'époque romane, les, lui donnent son unité. Si les canons esthétiques l'éloge de certains créateurs capables de maîtriser tou adoptés et développés par les sculpteurs romans ne tes les techniques. N'est-il pas légitime d'examiner les peuvent être considérés comme le point de départ rapports possibles entre ces réalisations à petite échelle d'une sorte de « fil rouge» dont on suivrait le parcours qui furent l'objet de tant d'attention, et les sculptures de durant plusieurs siècles, un certain nombre de leurs plus grandes dimensions, taillées clans la pierre et le conquêtes (ou reconquêtes) ont profondément bois? On a souligné parfois les liens, évidents quoique influencé les sculpteurs des périodes plus récentes, d'interprétation difficile, qui unissent le décor des même si ceux-ci demeurèrent souvent inconscients de manuscrits et la sculpture monumentale. leur dette à l'égard de leurs prédécesseurs. L'un des premiers problèmes qui se posent à qui Depuis le début du xx·· siècle, nous avons appris à veut étudier la sculpture romane tient à l'abondance du regarder autrement les formes étrangères à la tradition matériel à prendre en considération: une seule égl isc classique et à en apprécier la puissance expressive et romane peut parfois proposer à l'examen plus de cieux l'inventivité. Si beaucoup de représentations sculptées cents chapiteaux sculptés; une façade de dimension de l'époque romane puisent leur inspiration dans des moyenne plusieurs dizaines de figures ... Et pourtant récits bibliques et hagiographiques, naguère encore nous savons combien nos connaissances sont lacunai familiers à la plupart d'entre nous, d'autres échappent à res. Si clans certaines régions la densité des monuments notre compréhension immédiate. Le monde roman conservés est remarquable, on ne trouve clans cl' autres nous fascine par sa complexité et ses ambivalences. Au contrées que de pauvres vestiges ou des témoins errati delà des subti I ités des interprétations iconographiques ques de l'époque romane, du fait des guerres, des trou possibles, la force des signes sculptés dans la pierre bles religieux ou politiques, du vandalisme mais aussi s'impose à notre regard, nous donnant accès à un des périodes de prospérité qui, dès le Moyen Âge et monde imaginaire et parfois angoissant, marqué par la durant toute l'époque moderne, ont poussé à la destruc « diversité d'interprétation qui est de règle à l'époque tion des édifices romans jugés trop barbares, remplacés romane ' », et dont la liberté est finalement un phéno par des constructions au goût du jour. Il faut aussi évo- mène assez rare clans l'histoire de l'art occidental. 9 INTRODUCTION

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