couv-citoyens-seigneurs-temp_Mise en page 1 14-10-06 14:03 Page1 Des citoyens aux seigneurs D ellen meiksins wooD o o w «la meilleure façon de mettre en lumière les limites des doctrines s n dominantes, c’est de connaître la tradition canonique et le contexte si k historique qui les ont vu naître.» suivant ce précepte, Des citoyens i Des citoyens e aux seigneursrelate l’histoire sociale de la pensée politique occiden- m tale, de l’antiquité au moyen âge. articulant son analyse autour de n e trois périodes (la cité grecque, l’empire romain et le moyen âge), l l ellen meiksins wood mêle adroitement le commentaire de textes au e aux seigneurs récit, redonnant vie aux grandes figures de la philosophie politique. la grande thèse qui sous-tend l’ouvrage avance que la pensée poli- tique est intrinsèquement liée à l’évolution historique de la relation entre l’état et la propriété privée. cette relation est complexe: alors s une histoire sociale De la r u que l’état émerge du besoin des possédants d’être protégés, son avè- e pensée politique De nement crée dans le même temps l’espace de sa propre contestation. n g l’antiquité au moyen âge la vie civique, traversée par cette tension, devient donc un lieu d’ex- i e pression des conflits sociaux entre l’élite et les gens de peu. pour s x Traduit de l’anglais par Véronique Dassas ellen meiksins wood, c’est de cette ambiguïté logée au cœur des u institutions politiques que jaillit l’incroyable vitalité de la pensée a et Colette St-Hilaire s politique occidentale. n e y o t Ellen Meiksins Wood a enseigné la science politique à l’Université York ci à Toronto. Elle est reconnue pour sa contribution aux études sur les ori- s e gines agraires du capitalisme. Elle est l’auteure de nombreux ouvrages, D dont e retreat from class (Verso), qui a reçu le Deutscher Prize, l’origine du capitalismeet l’empire du capital(Lux). Prix: 29,95$ - 22e HUMANITÉS ISBN978-2-89596-137-6 DDeess cciittooyyeennss aauuxx sseeiiggnneeuurrss..iinndddd 22 1122--1111--2200 1144::4455 DES CITOYENS AUX SEIGNEURS DDeess cciittooyyeennss aauuxx sseeiiggnneeuurrss..iinndddd 33 1122--1111--2200 1144::4455 DDeess cciittooyyeennss aauuxx sseeiiggnneeuurrss..iinndddd 44 1122--1111--2200 1144::4455 Ellen Meiksins Wood des citoyens aux seigneurs Une histoire sociale de la pensée politique de l’Antiquité au Moyen Âge Traduit de l’anglais par Véronique Dassas et Colette St-Hilaire DDeess cciittooyyeennss aauuxx sseeiiggnneeuurrss..iinndddd 55 1122--1111--2200 1144::4455 La collection « Humanités », dirigée par Jean-François Filion, prolonge dans le domaine des sciences l’attachement de Lux à la pensée critique et à l’histoire sociale et politique. Cette collection poursuit un projet qui a donné les meilleurs fruits des sciences humaines, celui d’aborder la pensée là où elle est vivante, dans les œuvres de la liberté et de l’esprit que sont les cultures, les civilisations et les institutions. Dans la même collection : – Pierre Beaucage, Corps, cosmos et environnement chez les Nahuas de la Sierra Norte de Puebla – Ellen Meiksins Wood, L’empire du capital – Ellen Meiksins Wood, L’origine du capitalisme. Une étude approfondie – Jean-Marc Piotte, La pensée politique de Gramsi – Raymond Williams, Culture et matérialisme © Ellen Meiksins Wood, 2008 (Verso) Titre original : Citizens to Lords © Lux Éditeur, 2013, pour la présente édition www.luxediteur.com Dépôt légal : 1er trimestre 2013 Bibliothèque et Archives Canada Bibliothèque et Archives nationales du Québec ISBN : 978-2-89596-137-6 Ouvrage publié avec le concours du Conseil des arts du Canada, du Programme de crédit d’impôt du gouvernement du Québec et de la sodec. Nous reconnaissons l’aide fi nancière du gouvernement du Canada par l’entremise du Fonds du livre du Canada (fl c) pour nos activités d’édition. DDeess cciittooyyeennss aauuxx sseeiiggnneeuurrss..iinndddd 66 1122--1111--2200 1144::4455 À la mémoire de Neal Wood DDeess cciittooyyeennss aauuxx sseeiiggnneeuurrss..iinndddd 77 1122--1111--2200 1144::4455 DDeess cciittooyyeennss aauuxx sseeiiggnneeuurrss..iinndddd 88 1122--1111--2200 1144::4455 CHAPITRE 1 L’histoire sociale de la théorie politique Qu’est-ce que la théorie politique ? Aucune civilisation complexe dotée d’un État et d’un pouvoir organisé ne peut faire l’économie d’une réfl exion sur les relations entre gouvernants et gouvernés, entre maîtres et sujets, entre commandement et obéissance. Que cette réfl exion prenne la forme d’un système philosophique, d’un poème, d’une parabole ou d’un proverbe, qu’elle relève d’une tradition orale ou écrite, il s’agit d’une pensée politique. Ce livre aborde un type de pensée politique bien particulier, dont l’origine remonte aux conditions historiques très spécifi ques de la Grèce ancienne. Cette pensée s’est développée pendant plus de deux millénaires dans ce qu’on appelle aujour- d’hui l’Europe et dans ses avant-postes coloniaux1. 1. La pensée « politique », quelle que soit sa forme, présuppose l’existence d’une organisation politique. Aux fi ns de cet ouvrage, je qua- lifi erai cette forme d’organisation d’« État », en donnant à ce terme une défi nition suffi samment large pour englober de multiples formes d’or- ganisation, depuis la polis et le royaume bureaucratique de l’Antiquité jusqu’à l’État-nation moderne – même si tout au long de ce livre on aura souvent l’occasion de prendre note des différences entre les divers types d’État. L’État est donc « un ensemble d’institutions grâce aux- quelles le pouvoir de la société est organisé sur une base supérieure à DDeess cciittooyyeennss aauuxx sseeiiggnneeuurrss..iinndddd 99 1122--1111--2200 1144::4455 10 Des citoyens aux seigneurs Pour le meilleur ou pour le pire, les Grecs ont créé une forme de théorie politique qui leur est particulière : un questionnement analytique systématique de principes politiques, rempli de défi nitions laborieusement élabo- rées et d’argumentations contradictoires. En se servant de la raison critique, ils ont remis en cause la légitimité et les fondements mêmes des règles morales tradition- nelles et les principes du droit politique. Évidemment, on connaît en Occident bien d’autres façons de réfl échir à la politique, mais ce que nous considérons comme les classiques de la pensée politique occidentale, ancienne et moderne, appartient à la tradition de la théorie politique des Grecs. D’autres civilisations anciennes plus avancées que les Grecs à bien des égards – et dans tous les domaines, des techniques agricoles au commerce et à la navigation en passant par tous les arts et métiers – ont produit une abondante littérature sur tous les aspects de la vie humaine de même qu’une réfl exion sur les origines de la vie et la formation de l’univers. Mais, en général, l’ordre politique n’y fait pas l’objet d’une réfl exion critique systématique. On peut, par exemple, comparer le type de réfl exion politique auquel se livraient les Grecs anciens à la philo- sophie de la civilisation chinoise, beaucoup plus com- la parenté » –, une organisation du pouvoir qui prétend à la « supré- matie dans l’application de la force brute aux problèmes sociaux » et qui consiste en « outils de coercition offi ciels et spécialisés » (Morton Fried, The Evolution of Political Society, New York, Random House, 1968, p. 229-230). L’État s’étend à des institutions moins générales – les ménages, les clans, les groupes de parenté – et remplit les fonctions sociales courantes que ces institutions ne peuvent prendre en charge. DDeess cciittooyyeennss aauuxx sseeiiggnneeuurrss..iinndddd 1100 1122--1111--2200 1144::4455