CORPUS DE TEXTES LATINS CLASSIQUES CONCERNANT AETHIOPS AUTEUR : AMMIEN MARCELLIN (AMMIANUS MARCELLINUS) DATE : 4e s. ap. J.-C. RÉFÉRENCE : Res gestae 14, 8, 3 LEMME : Aethiopia ÉDITION : W. Seyfarth, L. Jacob-Karau et I. Ulmann, Ammiani Marcellini Rerum gestarum libri qui supersunt, vol. 1, Leipzig, 1978 SUJET : Tarse peut-être fondée par un Éthiopien TEXTE : Ciliciam uero, quae Cydno amni exsultat, Tarsus nobilitat, urbs perspicabilis ; hanc condidisse Perseus memoratur, Iouis filius et Danaes, uel certe ex Aethiopia profectus Sandan quidam nomine uir opulentus et nobilis, et Anazarbus auctoris uocabulum referens et Mobsuestia, uatis illius domicilium Mobsi, quem a commilitio Argonautarum, cum aureo uellere direpto redirent, errore abstractum delatumque ad Africae litus mors repentina consumpsit, et ex eo caespite Punico tecti manes eius heroici dolorum uarietati medentur plerumque sospitales. TRADUCTION : Quant à la Cilicie, fière d'être arrosée par le Cydnus, elle compte parmi ses titres de gloire Tarse, ville bien digne d'attirer les regards, et dont la fondation est attribuée à Persée, fils de Jupiter et de Danaé, ou à un certain Sandan, noble et riche personnage venu d'Éthiopie ; Anazarbe, dont le nom rappelle celui de son fondateur ; et Mopsueste, séjour du devin Mopsus, compagnon des Argonautes, qui, séparé fortuitement de l'expédition comme elle revenait après s’être emparée de la Toison d’or, fut jeté sur la rive d'Afrique où il trouva une mort soudaine ; depuis lors les mânes de ce héros, sous le gazon punique qui le recouvre, manifestent envers des maladies variées une vertu curative qu'on invoque rarement sans effet. AUTEUR : AMMIEN MARCELLIN (AMMIANUS MARCELLINUS) DATE : 4e s. ap. J.-C. RÉFÉRENCE : Res gestae 19, 4, 3-4 LEMME : Aethiopiae ÉDITION : W. Seyfarth, L. Jacob-Karau et I. Ulmann, Ammiani Marcellini Rerum gestarum libri qui supersunt, vol. 1, Leipzig, 1978 SUJET : la peste d’Athènes venait d’Éthiopie TEXTE : Hinc cum decennali bello Graecia desudaret ne peregrinus poenas dissociati regalis matrimonii lucraretur, huius modi grassante pernicie telis Apollinis periere conplures, qui sol aestimatur. Atque ut Thucydides exponit, clades illa, quae in Peloponnesiaci belli principiis Athenienses acerbo genere morbi uexauit, ab usque feruenti Aethiopiae plaga paulatim proserpens Atticam occupauit. TRADUCTION : C’est ainsi que, comme la Grèce s’épuisait dans une guerre de dix ans pour interdire à un étranger de tirer bénéfice du mariage royal qu’il avait brisé, une épidémie de ce genre causa de très nombreux décès sous les flèches d’Apollon, c’est-à-dire du soleil. Et aussi, selon le récit de Thucydide, le fléau qui, au début de la guerre du Péloponnèse, frappa les Athéniens d’une maladie destructrice, se glissant peu à peu depuis la zone brûlante de l’Éthiopie jusqu’à envahir l’Attique. 3 AUTEUR : AMMIEN MARCELLIN (AMMIANUS MARCELLINUS) DATE : 4e s. ap. J.-C. RÉFÉRENCE : Res gestae 22, 15, 2 LEMME : Aethiopum ÉDITION : W. Seyfarth, L. Jacob-Karau et I. Ulmann, Ammiani Marcellini Rerum gestarum libri qui supersunt, vol. 1, Leipzig, 1978 SUJET : Méroé ville d’Éthiopie TEXTE : Aegyptum gentem omnium uetustissimam, nisi quod super antiquitate certat cum Scythis, a meridiali latere Syrtes maiores et Phycus promunturium et Borion et Garamantes nationesque uariae claudunt ; qua orientem e regione prospicit, Elephantinen et Meroen urbes Aethiopum et Catadupos Rubrumque pelagus et Scenitas praetenditur Arabas, quos Saracenos nunc appellamus ; septemtrioni supposita terrarum situ cohaeret immenso, unde exordium Asia Syriarumque prouinciae sumunt ; a uespera Issiaco disiungitur mari, quod quidam nominauere Parthenium. TRADUCTION : L'Égypte, la plus ancienne de toutes nations, si ce n’est que pour l’ancienneté elle est en rivalité avec les Scythes, est limitée du côté du midi par la grande Syrte, les promontoires de Phycus et de Borion, par les Garamantes et par d’autres peuples ; du côté où elle regarde l'orient, elle s’étend jusqu’à Éléphantiné et à Méroé, villes des Éthiopiens, jusqu’aux cataractes, à la Mer Rouge et aux Arabes Scénites, que nous appelons les Sarracènes ; au septentrion, elle touche à l’immensité des terres où commencent l’Asie et les provinces de Syrie ; du côté du couchant, elle est limitée par la mer Issiaque, que certains ont nommée mer Parthénienne. AUTEUR : AMMIEN MARCELLIN (AMMIANUS MARCELLINUS) DATE : 4e s. ap. J.-C. RÉFÉRENCE : Res gestae 22, 15, 5-6 LEMME : Aethiopicis, Aethiopas ÉDITION : W. Seyfarth, L. Jacob-Karau et I. Ulmann, Ammiani Marcellini Rerum gestarum libri qui supersunt, vol. 1, Leipzig, 1978 SUJET : les pluies d’Éthiopie ne peuvent être la cause de la crue du Nil TEXTE : Adfirmant aliqui physicorum in subiectis septentrioni spatiis, cum hiemes frigidae cuncta constringunt, magnitudines niuium congelascere, easque postea ui flagrantis sideris resolutas, fluxis umoribus nubes efficere grauidas, quae in meridianam plagam etesiis flantibus pulsae, expressaeque tepore nimio incrementa ubertim suggerere Nilo creduntur. Ex Aethiopicis imbribus, qui abundantes in tractibus illis per aestus torridos cadere memorantur, exundationes eius erigi anni temporibus adserunt alii praestitutis. Quod utrumque dissonare uidetur a ueritate. Imbres enim apud Aethiopas aut numquam aut per interualla temporum longa cadere memorantur. TRADUCTION : Parmi les physiciens, certains affirment que dans les espaces situés sous le septentrion, lorsque tout est pétrifié par la froideur de l’hiver, d’énormes masses de neige gèlent et ensuite, fondant sous l’action du ciel brûlant, donnent des nuages alourdis par leur vapeur d’eau, lesquels, poussés vers la zone du midi par les vents étésiens, éclatent sous l’effet d’une excessive tiédeur, et sont tenus pour la cause de l’abondante augmentation des eaux du Nil. D'autres disent que ce sont les pluies d’Éthiopie, qui tombent abondamment en ces régions 4 pendant les chaleurs torrides, qui causent les inondations de ce fleuve à un moment précis de l’année. L'une et l'autre explication semble s’écarter de la vérité. Car on dit que chez les Éthiopiens la pluie ne tombe jamais, ou bien à de longs intervalles. AUTEUR : AMMIEN MARCELLIN (AMMIANUS MARCELLINUS) DATE : 4e s. ap. J.-C. RÉFÉRENCE : Res gestae 22, 15, 8 LEMME : Aethiopiae ÉDITION : W. Seyfarth, L. Jacob-Karau et I. Ulmann, Ammiani Marcellini Rerum gestarum libri qui supersunt, vol. 1, Leipzig, 1978 SUJET : le Nil en Éthiopie TEXTE : Rex autem Iuba, Punicorum confisus textu librorum, a monte quodam oriri eum exponit, qui situs in Mauretania despectat Oceanum, hisque indiciis hoc proditum ait, quod pisces et herbae et beluae similes per eas paludes gignuntur. Aethiopiae autem partes praetermeans Nilus nominum diuersitate decussa, quae ei orbem peragranti nationes indidere complures, †etans inundatione ditissima, ad cataractas, id est praeruptos scopulos, uenit, e quibus praecipitans ruit potius quam fluit ; unde Atos olim accolas usu aurium fragore assiduo deminuto necessitas uertere solum ad quietiora coegit. TRADUCTION : Le roi Juba, sur la foi du texte des livres puniques, dit que le Nil sort d'une montagne qui est située en Maurétanie et fait face à l'Océan ; preuve en est, dit-il, que des plantes, des poissons et des animaux semblables à ceux de la région du Nil se retrouvent dans les marais de cette région. Le Nil, coulant à travers les régions de l’Éthiopie, et recevant différents noms que lui donnent un grand nombre de nations dont il traverse le territoire, arrive, (…) avec un volume d'eau très considérable, aux cataractes, c’est-à-dire à des rochers à pic, du haut desquels il se précipite plutôt qu’il ne coule ; c’est pourquoi les Ates, qui habitaient autrefois dans le voisinage, sentant diminuer l’acuité de leur ouïe, furent contraints d'émigrer pour des régions plus tranquilles. AUTEUR : AMMIEN MARCELLIN (AMMIANUS MARCELLINUS) DATE : 4e s. ap. J.-C. RÉFÉRENCE : Res gestae 22, 15, 31 LEMME : Aethiopiae Edition : W. Seyfarth, L. Jacob-Karau et I. Ulmann, Ammiani Marcellini Rerum gestarum libri qui supersunt, vol. 1, Leipzig, 1978 SUJET : observation des ombres à Méroé en Éthiopie TEXTE : Dein Syene, in qua solstitii tempore, quo sol aestiuum cursum extendit, recta omnia ambientes radii excedere ipsis corporibus umbras non sinunt ; inde si stipitem quisquam fixerit rectum uel hominem aut arborem uiderit stantem, circa lineamentorum ipsas extremitates contemplabitur umbras absumi, sicut apud Meroen Aethiopiae partem aequinoctiali circulo proximam dicitur euenire, ubi per nonaginta dies umbrae nostris in contrarium cadunt, unde Antiscios eius incolas uocant. TRADUCTION : Il y a ensuite Syène, où, au moment du solstice d’été, les rayons du soleil qui enveloppent toutes les choses verticales ne permettent pas que des ombres soient projetées par les corps eux-mêmes ; c’est pourquoi, si l’on plante verticalement un piquet ou si l’on 5 regarde un homme debout, ou un arbre, on observera que leur ombre n’existe pas à l’extrémité inférieure de la ligne qu’ils dessinent ; on dit aussi qu’à Méroé, région d’Éthiopie très proche du cercle équatorial, pendant quatre-vingt dix jours les ombres tombent en sens contraire de chez nous, ce qui a fait donner à ses habitants le nom d’Antisciens. AUTEUR : AMMIEN MARCELLIN (AMMIANUS MARCELLINUS) DATE : 4e s. ap. J.-C. RÉFÉRENCE : Res gestae 29, 5, 37 LEMME : Aethiopum ÉDITION : W. Seyfarth, L. Jacob-Karau et I. Ulmann, Ammiani Marcellini Rerum gestarum libri qui supersunt, vol. 2, Leipzig, 1978 SUJET : les Éthiopiens dans une guerre contre Théodose TEXTE : Theodosius nullique adeuntium parcens mundiore uictu stipendioque milite recreato Caprariensibus Abannisque eorum uicinis proelio leui sublatis ad municipium properauit †ense, sed ueris nuntiis doctus barbaros occupasse iam tumulos per anfracta undique spatia in sublime porrectos nullique peruios nisi indigenis locorum perquam gnaris repetendo dedit hostibus facultatem per indutias licet breues Aethiopum iuxta agentium adminiculis augeri uel maximis. TRADUCTION : Théodose, n’épargnant aucun de ceux qui s’approchèrent, ayant ranimé l’ardeur de ses soldats grâce à une nourriture meilleure et grâce au paiement de la solde, et ayant détruit les Caprariens et leurs voisins les Abannes en un combat facile, se hâta vers le municipe de (…). Mais ayant appris par des messagers dignes de foi que les barbares avaient déjà occupé des collines qui dominaient de toutes parts des précipices, et où ne pouvaient s’engager que des indigènes connaissant parfaitement les lieux, il donna aux ennemis, en se retirant, la possibilité de profiter d’une trêve même courte pour recevoir des renforts considérables des Éthiopiens du voisinage. AUTEUR : LUCIUS AMPELIUS DATE : 2e s. ap. J.-C. RÉFÉRENCE : Liber memorialis 6, 5 LEMME : Aethiopes ÉDITION : M.-P. Arnaud-Lindet, CUF, 1993 SUJET : Éthiopiens de Libye TEXTE : In Libya gentes clarissimae Aethiopes, Mauri, Numidae, Poeni, Gaetuli, Garamantes, Nasamones, Aegyptii. TRADUCTION : En Libye, les peuples les plus renommés sont les Éthiopiens, les Maures, les Numides, les Carthaginois, les Gétules, les Garamantes, les Nasamons et les Egyptiens. AUTEUR : LUCIUS AMPELIUS DATE : 2e s. ap. J.-C. RÉFÉRENCE : Liber memorialis 13, 2 LEMME : Aethiopiam ÉDITION : M.-P. Arnaud-Lindet, CUF, 1993 SUJET : Cambyse fondateur de Méroé en Éthiopie 6 TEXTE : Cyrus rex fortissimus qui maiore parte Asiae subacta Europam quoque inrupisset, ni a Tomyri Scytharum regina uictus oppressusque esset. Cambyses filius nequam Cyri qui cum LXX milia hostium subegisset in Aegypto et regem eius Amasin, Aethiopiam profectus magna parte militum per famem amissa inritus rediit ; urbem tamen ibi condidit Meroen. TRADUCTION : Cyrus, roi très courageux, qui, après avoir soumis la plus grande partie de l'Asie, aurait aussi envahi l’Europe, s'il n'avait été vaincu et tué par Tomyris, reine des Scythes. Cambyse, fils indigne de Cyrus, qui, après avoir vaincu en Égypte soixante-dix mille ennemis et Amasis, roi de ce pays, passa en Éthiopie où la famine lui fit perdre une grande partie de ses soldats, et dont il revint sans avoir rien obtenu ; il y fonda toutefois la ville de Méroé. AUTEUR : LUCIUS AMPELIUS DATE : 2e s. ap. J.-C. RÉFÉRENCE : Liber memorialis 30, 1 LEMME : Aethiopia ÉDITION : M.-P. Arnaud-Lindet, CUF, 1993 SUJET : Cambyse en Éthiopie TEXTE : Cyrus rex Persarum primus imperium Medis ademit. Duos filios reliquit Cambysen et Smerden. Horum Cambyses defuncto patre quod maior esset <rex factus> Smerden in solio sedentem capite caelum pulsare <somniauit> <et> occidendum eum curauit. Ipse et deinde reuertens ab Aethiopia rebus per famem fractis cum in Aegyptum Memphin uenisset incolasque eius loci laetantes aduertisset, ratus est illos aduersis suis insultare, Apin in femine uulnerauit eodemque ictu occidit. TRADUCTION : Cyrus, premier roi des Perses, enleva l'empire aux Mèdes. Il laissa deux fils, Cambyse et Smerdis. Après la mort de leur père, Cambyse, devenu roi parce qu’il était l'aîné, ayant vu en songe Smerdis assis sur le trône et touchant le ciel de la tête, le fit tuer. Revenant ensuite d'Éthiopie après un échec dû à la famine, il arriva en Égypte, à Memphis, où, remarquant la joie des habitants du lieu, et s'étant persuadé qu'ils insultaient à ses revers, il blessa Apis à la cuisse et le tua de ce coup. AUTEUR : APICIUS (MARCUS GABIUS APICIUS) DATE : 1er s. ap. J.-C. RÉFÉRENCE : De re coquinaria 1, 32, 2 LEMME : Aethiopicum ÉDITION : J. André, CUF, 1974 SUJET : cumin d’Éthiopie TEXTE : Oxyporum : cumini uncias II, gingiberis unciam I, rutae uiridis unciam I, nitri scripulos VI, dactilorum pinguium scripulos XII, piperis unciam I, mellis uncias IX. Cuminum uel Aethiopicum aut Syriacum aut Libycum aceto infundes, sicca et sic tundes. Postea melle comprehendis. Cum necesse fuerit, oxygaro uteris. TRADUCTION : Oxyporum : 2 onces de cumin, 1 once de gingembre, 1 once de rue fraîche, 6 scrupules de carbonate de soude, 12 scrupules de dattes grasses, 1 once de poivre, 9 onces de miel. Faire tremper dans du vinaigre du cumin d’Éthiopie, de Syrie ou de Libye, laisser sécher, puis broyer. Lier ensuite avec du miel. En cas de besoin, prendre de l'oxygarum. 7 AUTEUR : APICIUS (MARCUS GABIUS APICIUS) DATE : 1er s. ap. J.-C. RÉFÉRENCE : De re coquinaria 3, 18, 3 LEMME : Aethiopicum ÉDITION : J. André, CUF, 1974 SUJET : cumin d’Éthiopie TEXTE : INTVBA ET LACTVCAE. Intuba ex liquamine et oleo modico †medere† cepa concisa. Pro lactucis uero hieme intuba ex embammate uel melle et aceto acri. Lactucas cum oxyporio et aceto et modico liquamine. Ad digestionem et inflationem et ne lactucae laedant : cuminum uncias II, gingiber unciam I, rutae uiridis unciam I, dactilorum pinguium scripulos XII, piperis unciam I, mellis uncias IX, cuminum aut Aethiopicum aut Syriacum aut Libycum. Tundes cuminum et postea infundes in aceto. Cum siccauerit, postea melle omnia comprehendes. Cum necesse fuerit, dimidium cochlearum aceto et liquamine modico misces aut post cenam dimidium cochlearem accipies. TRADUCTION : CHICOREES ET LAITUES. (…) les chicorées dans du garum et un peu d'huile, avec de l'oignon émincé. Au lieu des laitues, en hiver, des chicorées avec de l'embamma, ou bien avec du miel et du vinaigre fort. Laitues : avec de l'oxyporium, du vinaigre et un peu de garum. Pour la digestion et les ballonnements, et pour que les laitues n'incommodent pas : 2 onces de cumin, 1 once de gingembre, 1 once rue de fraîche, 12 scrupules de dattes grasses, 1 once de poivre, 9 onces de miel — du cumin d'Éthiopie, de Syrie ou de Libye. Piler le cumin puis le verser dans du vinaigre. Une fois qu’il a séché, lier le tout avec du miel. En cas de besoin, mélanger une demi-cuillerée avec du vinaigre et un peu de garum, ou bien prendre une demi-cuillerée après le repas. AUTEUR : APULEE (LUCIUS APULEIUS) DATE : 2e s. ap. J.-C. RÉFÉRENCE : Metamorphoses 1, 8, 8 LEMME : Aethiopes ÉDITION : R. Helm, Teubner, 1955 TEXTE : Nam ut se ament efflictim non modo incolae uerum etiam Indi uel Aethiopes utrique uel ipsi Anticthones, folia sunt artis et nugae merae. TRADUCTION : Qu'elle se fasse aimer non seulement des gens du pays, mais des Indiens, des deux sortes d’Éthiopiens, et même des Antichtones, ce sont là jeux de son art et pures balivernes. AUTEUR : APULEE DATE : 2e s. ap. J.-C. RÉFÉRENCE : Metamorphoses 11, 5, 3 LEMME : Aethiopes ÉDITION : R. Helm, Teubner, 1955 TEXTE : Inde primigenii Phryges Pessinuntiam deum matrem, hinc autocthones Attici Cecropeiam Mineruam, illinc fluctuantes Cyprii Paphiam Venerem, Cretes sagittiferi Dictynnam Dianam, Siculi trilingues Stygiam Proserpinam, Eleusinii uetusti Actaeam Cererem, Iunonem alii, Bellonam alii, Hecatam isti, Rhamnusiam illi, et qui nascentis dei Solis 8 inchoantibus <et occidentis inclinantibus> inlustrantur radiis Aethiopes utrique priscaque doctrina pollentes Aegyptii caerimoniis me propriis percolentes appellant uero nomine reginam Isidem. TRADUCTION : Ici, pour les Phrygiens, premiers-nés des mortels, je suis la déesse de Pessinonte, la mère des dieux ; là, pour le peuple de l'Attique, né du sol, je suis Minerve Cécropienne ; pour les Chypriotes portés par les flots, je suis la Vénus de Paphos ; la Diane du Dictys pour les Crétois porteurs de flèches ; pour les Siciliens aux trois langues, la Proserpine Stygienne ; et dans les anciens rites d’Éleusis Cérès d’Acté ; Junon pour les uns, Bellone pour d’autres, Hécate pour ceux-ci, Celle de Rhamnonte pour ceux-là. Et ceux qui sont illuminés par les rayons du dieu Soleil à son lever comme par les rayons <qui s’inclinent à son coucher>, les deux sortes d’Éthiopiens, et les Égyptiens puissants de leur antique savoir, me rendent le culte qui m’est propre en m’appelant de mon nom véritable, Isis Reine. AUTEUR : AUGUSTE (C. IULIUS CAESAR AUGUSTUS OCTAVIANUS) DATE :1er s. av. J.-C. - 1er s. ap. J.-C. RÉFÉRENCE : Res gestae 26, 5 LEMME : Aethiopiam ÉDITION : J. Scheid, CUF, 2007 TEXTE : Omnium prouinciarum populi Romani quibus finitimae fuerunt gentes quae n[on parerent imperio nos]tro fines auxi. Gallias et Hispanias proui[n]cias, item Germaniam qua claudit Oceanus a Gadibus ad ostium Albis fluminis pacaui. Alpes a r]egione ea, quae proxima est Hadriano mari, ad Tuscum pacari feci nulli genti bello per iniuriam inlato. Classis mea per Oceanum ab ostio Rheni ad solis orientis regionem usque ad fin[es Cimbrorum nauigauit, [] quo neque terra neque mari quisquam Romanus ante id tempus adit, Cimbrique et Charydes et Semnones et eiusdem tractus alii Germanorum populi per legatos amicitiam meam et populi Romani petierunt. Meo iussu et auspicio ducti sunt duo exercitus eodem fere tempore in Aethiopiam et in Arabiam, quae appellatur Eudaemon, maximaeque hostium gentis utriusque copiae caesae sunt in acie et complura oppida capta. In Aethiopiam usque ad oppidum Nabata peruentum est, cui proxima est Meroe ; in Arabiam usque in fines Sabaeorum processit exercitus ad oppidum Mariba. TRADUCTION : J'ai augmenté le territoire de toutes les provinces du peuple romain dont les nations voisines n’obéissaient pas à notre pouvoir. J'ai pacifié les Gaules et les Espagnes, ainsi que la Germanie, tout ce que limite l'Océan, de Gadès à l'embouchure de l'Elbe. J'ai fait en sorte que la paix revienne dans les Alpes, depuis la région qui est proche de la mer Adriatique jusqu’à la mer Tyrrhénienne, sans faire à aucun peuple une guerre injuste. Ma flotte a navigué sur l'Océan depuis l'embouchure du Rhin en direction de la région du soleil levant jusqu'au territoire des Cimbres, où aucun Romain jusqu’à ce jour n'était allé ni par terre ni par mer. Les Cimbres, les Charydes, les Semnons et d'autres peuples Germains de la même région ont demandé par des ambassades mon amitié et celle du peuple romain. Sur mon ordre et sous mes auspices, deux armées ont été conduites à peu près à la même époque en Éthiopie et dans l’Arabie que l'on appelle Heureuse, et des forces très importantes de ces deux nations ont été taillées en pièces au combat, et de très nombreuses places fortes ont été prises. On est parvenu en Éthiopie jusqu'à la ville de Nabata, dont est proche Méroé ; en Arabie, l'armée s'est avancée jusqu'au territoire des Sabéens, à la ville de Mariba. 9 AUTEUR : CALPURNIUS FLACCUS DATE : 1er s. ap. J.-C. RÉFÉRENCE : Declamationes 2 LEMME : Aethiopem COMMENTAIRE : Au début du passage, on corrige amauit des manuscrits en amaui, parce que c’est la femme qui parle (cette correction a déjà été proposée par certains éditeurs). Dans la deuxième phrase, on corrige en deformium la leçon formarum des manuscrits (cette correction, à notre connaissance, n’a pas été proposée). TEXTE : Matrona Aethiopem peperit. Arguitur adulterii. Expers iudicii est amor ; non rationem habet, non sanitatem ; alioquin omnes idem amaremus. Nonnumquam incredibiliter peccare ratio peccandi est. « Non semper » inquit « similes parentibus liberi nascuntur ». Quid tibi cum isto patrocinio est, nisi ut appareat te peccasse securius ? Miramur hanc legem esse naturae, ut in sobolem transeant formae, quas quasi descriptas species custodiunt ? Sua cuique genti etiam facies manet : Rutili sunt Germaniae uultus et flaua proceritas ; Hispaniae non eodem omnes colore tinguntur ? Ex altera parte, qua conuexus et deficiens mundus uicinum †mittit orientem, illic effusiora corpora, illic collectiora nascuntur. Diuersa sunt mortalium genera, nemo tamen est suo generi dissimilis. « Quid ergo » ? inquit « amaui Aethiopem ? » Est interdum, iudices, malarum quoque rerum sua gratia, est quaedam †deformium uoluptas. Miraris, si aliquis non sapienter amat, cum incipere amare non sit sapientis ? Da mihi sanos mulieris oculos : nemo adulter formosus est. Periturae pudicitiae minima in eo est sollicitudo, quemadmodum pereat. Proprium est profanae libidinis nescire, quo cadat. Vbi semel pudor corruit, nulla inclinatis in uitium animis ruina deformis est. Is demum libidini placuit, in quem non posset mariti cadere suspicio. Altera pars Ita non maius est argumentum pudicitiae, quod parere uoluit, quam impudicitiae, quod infeliciter peperit ? Vides partum laesis fortasse uisceribus excussum : multum fortunae etiam intra uterum licet. Vides sanguinis uitio perustam cutem ; colorem putas. Istud fortasse infantis iniuria est. Hoc ipsum, quod alte infuscatam cutem liuor infecit, dies longus extenuat. Niuea plerumque membra sole fuscantur, et corpori pallor excedit. Quamuis naturaliter fuscos artus umbra cogit albescere. Tantum tempori licet quantum putas licere naturae. TRADUCTION : « Une femme mariée a accouché d’un enfant noir. Elle est accusée d’adultère ». L’amour est dépourvu de jugement ; il n’a ni raison ni bon sens, autrement nous aimerions tous de la même façon. Le motif d’une faute est quelquefois son caractère inimaginable. « Les enfants, à leur naissance », dit-elle, « ne ressemblent pas toujours à leurs parents ». Qu’as-tu à faire de ce genre de défense, si ce n’est pour qu’il soit manifeste que tu as fauté en toute sécurité ? Sommes-nous étonnés que ce soit une loi naturelle que les caractères de quelqu’un se transmettent à sa descendance, et que les races les conservent comme s’il s’agissait de transmettre la copie d’un document ? À chaque nation son type physique : en Germanie, on a le visage rubicond, on est blond et de grande taille ; en Espagne, tous les hommes n’ont-ils pas le même teint ? Dans la direction opposée, là où la voûte du ciel s’incurve à son extrémité et donne à l’Orient un aspect différent1, on naît en tel endroit plus mince, en tel autre plus trapu. Les races humaines sont diverses, personne cependant n’est différent de sa propre race. « Eh quoi, dit-elle, j’ai couché avec un Noir ? » Le mal aussi, juges, a parfois son propre charme, et 1 Texte difficile, certainement corrompu. La région en question est située à l’extrémité orientale de la Terre, que vient toucher la voûte céleste. Comme le soleil est plus proche de la Terre, ses rayons sont plus forts, ce qui a une influence sur la couleur de la peau. 10 il y a une sorte de plaisir dans une conduite immorale2. Tu t’étonnes de voir quelqu’un manquer de bon sens dans l’amour, alors que tomber amoureux n’est pas d’une personne de bon sens ? Suppose qu’une femme ait un regard sain : aucun adultère n’est beau pour elle. Quand la chasteté se dispose à sa perte, la manière dont elle se perd est le dernier de ses soucis. Le propre d’un désir vulgaire est de ne pas savoir où il tombe. Une fois la pudeur ruinée, aucune ruine n’a plus de laideur pour des esprits qui sont enclins au vice. Enfin le partenaire de débauche a été choisi de manière que les soupçons du mari ne puissent porter sur lui. La partie adverse Ne doit-on pas voir dans la volonté d’accoucher une preuve de vertu bien plus qu’une preuve d’impudicité dans un accouchement malheureux3 ? Tu as sous les yeux un nouveau-né qui a peut-être été arraché à des entrailles blessées : la malchance peut beaucoup même à l’intérieur de l’utérus. Tu vois une peau brûlée par la faute du sang : tu prends cela pour le teint naturel, c’est peut-être un dommage subi par le nouveau-né. Le fait même que des ecchymoses ont assombri et profondément décoloré la peau peut être atténué en un temps assez long. Des membres blancs comme la neige sont très souvent tannés par le soleil, et le corps perd son teint pâle. Aussi foncés qu’ils soient par nature, des membres peuvent être réduits à la pâleur par l’absence de soleil. Le temps peut faire autant que tu penses que peut faire la nature. AUTEUR : CATULLE (CAIUS VALERIUS CATULLUS) DATE : 1er s. av. J.-C. RÉFÉRENCE : Carmina 66, 52 LEMME : Aethiopis ÉDITION : H. Bardon, Teubner, 1973 TEXTE : Abiunctae paulo ante comae mea fata sorores lugebant, cum se Memnonis Aethiopis unigena impellens nutantibus aera pinnis obtulit Arsinoes Locridos ales equus, isque per aetherias me tollens auolat umbras et Veneris casto collocat in gremio. TRADUCTION : Les autres boucles, mes sœurs, qui venaient d’être séparées de moi, pleuraient ma destinée, quand apparut le frère de l’Éthiopien Memnon, le cheval ailé de la Locrienne Arsinoé, fendant les airs du battement de ses ailes, et il s’envole, m’enlevant à travers les ombres de l’éther, et me place dans le chaste sein de Vénus. AUTEUR : PSEUDO-CICÉRON (MARCUS TULLIUS CICERO) DATE : 1er s. av. J.-C. RÉFÉRENCE : ad Herennium 4, 50, 63 LEMME : Aethiops ÉDITION : F. Marx, Teubner, 1923 SUJET : utilisation d’un esclave Noir au début du Ier s. av. J.-C. (l’Ad Herennium semble être des années 84 d’après son éditeur CUF Guy Achard). 2 [On peut lire deformium, c’est-à-dire deformium rerum : deformium rerum est interdum quaedam uoluptas, ‘les choses laides suscitent parfois une sorte de plaisir’. L’adjectif deformis est utilisé un peu plus loin dans nulla… ruina deformis est]. 3 Argument : « si la femme n’a pas avorté, c’est qu’elle n’avait aucune raison de penser qu’elle allait accoucher d’un enfant noir » 11 TEXTE : Ei dicit in aurem aut ut domi lectuli sternantur, aut ab auunculo rogetur Aethiops qui ad balineas ueniat, aut asturconi locus ante ostium suum detur, aut aliquod fragile falsae choragium gloriae conparetur. TRADUCTION : Il lui dit à l'oreille de faire dresser à la maison les lits de la table, ou de demander à son oncle un Éthiopien pour l'accompagner aux bains, ou de faire donner devant sa porte une place à un cheval d’Asturie, ou de préparer quelque fragile simulacre de sa fausse gloire. AUTEUR : CICERON (MARCUS TULLIUS CICERO) DATE : 1er s. av. J.-C. RÉFÉRENCE : De diuinatione 2, 96 LEMME : Aethiopas ÉDITION : R. Giomini, Teubner, 1975 SUJET : théorie des climats TEXTE : Quid ? Differentia locorum nonne dissimiles hominum procreationes habet ? quas quidem percurrere oratione facile est, quid inter Indos et Persas, Aethiopas et Syros differat corporibus, animis, ut incredibilis uarietas dissimilitudoque sit. Ex quo intellegitur plus terrarum situs quam lunae status ad nascendum ualere. TRADUCTION : Quoi ? La différence des lieux n’entraîne-t-elle pas une différence dans la nature des hommes ? Il est facile d’en traiter, et de voir pourquoi il y a une différence physique et morale entre les Indiens et les Perses, entre les Éthiopiens et les Syriens, au point que leur diversité et leur dissemblance sont incroyables ; d’où l’on comprend que les climats influent davantage sur la nature humaine que les phases de la lune. AUTEUR : CLAUDIEN (CLAUDIUS CLAUDIANUS) DATE : vers 400 ap. J.-C. RÉFÉRENCE : De consulatu Stilichonis 1, 173 LEMME : Aethiopum ÉDITION : J.B. Hall, Teubner, 1985 TEXTE : Vexillum nauale dares, sub puppibus ibat Ionium, nullis succincta Ceraunia nimbis nec iuga Leucatae feriens spumantia fluctu deterrebat hiemps, tu si glaciale iuberes uestigare fretum, securo milite ducti stagna reluctantes quaterent Saturnia remi ; si deserta Noti, fontem si quaerere Nili, Aethiopum medios penetrassent uela uapores. TRADUCTION : Arbores-tu le pavillon des combats, tes vaisseaux cachent à la vue de la mer Ionienne ; ni les nuages amassés à l'entour des monts Cérauniens, ni la tempête, lançant contre les monts de Leucade les vagues qui les couvrent d’écume, ne les arrêtent. Ordonnerais-tu de pénétrer dans les mers glaciales, les rames résistantes manœuvrées par l'intrépide soldat agiteraient les eaux figées de Saturne ; ordonnerais-tu de se diriger vers les déserts du Notus et de chercher la source du Nil, leurs voiles pénétreraient au milieu des vapeurs des Éthiopiens. 12
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